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Amartya Sen, est un économiste indien ayant obtenu le prix Nobel d'économie en 1998, consacrant son travail « à restaurer la dimension éthique du débat économique et social en combinant des outils philosophiques et économiques ». Amartya Sen pourrait donc se définir comme un économiste du développement, un spécialiste des problèmes de pauvreté et de développement et un théoricien du bien-être, s'intéressant, comme le déclare le journaliste et écrivain français Marc Saint-Upéry « essentiellement au sort de ceux qui n'ont pas d'argent à placer », dans la préface de l'ouvrage. En centrant son approche sur des thèmes tels que l'inégalité ou la famine, Sen cherche à démontrer, dans son ouvrage L'économie est une science morale, la nécessité de considérer les libertés individuelles comme des responsabilités sociales, dont le manque ou l'absence peut engendrer des misères, comme il le montre à travers l'exemple des grandes famines indiennes.
Né à Santinikitan, au Bengale, en 1933, il a été influencé par la lecture de grands auteurs, tels Aristote, Adam Smith, John Stuart Mill ou encore Karl Marx, marqués par une certaine « inspiration morale ». S'inspirant de ces sociologues, économistes et philosophes, Sen entend donc renouer le dialogue entre la philosophie morale et politique et l'économie dont on ne doit pas omettre la dimension éthique, aujourd'hui trop négligée. La prise en compte de cette dimension morale permet de ne pas considérer les individus uniquement comme des agents rationnels et égoïstes, mais au contraire capables de s'exécuter à des sacrifices personnels en vue de privilégier l'intérêt général de la « grande communauté ».
Ainsi, Amartya Sen développe dans son ouvrage une conception normative de l'économie, conçue selon lui, comme une science humaine devant être guidée avant tout par la morale. Il s'occupe donc de centrer ses recherches sur l'analyse des facteurs de pauvreté et ne dissocie pas les questions éthiques et économiques. Son ouvrage montre également le souci de dénoncer et de critiquer l'existence d'arrangements politiques et sociaux négligeant les exigences morales qui devraient s'inscrire comme élément de régulation de nos sociétés.
Afin d'inciter ses lecteurs à considérer la liberté individuelle comme une responsabilité sociale, supposant une collaboration entre l'économie, la liberté et l'éthique, mais aussi afin de dénoncer les limites de la conception utilitariste, Amartya Sen nous invite à repenser les problèmes soulevés par l'efficacité sociale et le principe d'équité en se plaçant, non pas d'un point de vue utilitariste, mais en mettant cette fois-ci au premier plan les libertés individuelles.
[...] C'est là certainement l'idée fondamentale de ces deux essais puisque comme le montrera l'auteur, cette prise en compte des capabilités influencera la gestion publique des ressources. Sen résume d'ailleurs une grande partie de ce qu'il tend à démontrer lorsqu'il affirme: Il faut repenser les problèmes que soulèvent le souci conjoint de l'efficacité sociale et de l'équité en mettant au premier plan les libertés individuelles. Ainsi, Amartya Sen s'intéresse aux grandes questions qui concernent notre temps, à savoir celle du chômage déguisé, de la pauvreté, de la famine, des choix sociaux et des conflits entre la liberté et l'équité. [...]
[...] Il tente d'y apporter des réponses abordables, fondées scientifiquement et qui soient foncièrement empruntes d'éthique. [...]
[...] Cette capabilité de l'individu, capacité à transformer les ressources en liberté, est prise en compte par Sen dans l'analyse qu'il fait sur les inégalités sociales, à travers l'exemple de la pauvreté et des famines, problèmes devant être gérés par les institutions sociales. Ainsi, Sen remarque q'un homme vivant à Harlem aux États-Unis aura moins de chances d'atteindre 40 ans qu'un homme vivant dans un Bangladesh affamé bien que l'habitant d'Harlem soit plus riche. En effet, en prenant comme critère la liberté, mesurée en fonction de la capacité à convertir des biens premiers en capabilités, on remarque que le taux de mortalité ne dépend pas uniquement du revenu. [...]
[...] Il faut donc parvenir à des décisions se faisant sur une base participative, en donnant aux citoyens l'opportunité de faire connaître et de défendre leurs préoccupations, y compris celles concernant le chômage et les différentes épreuves qu'ils endurent. Sen incite les politiques gouvernementales à trouver un équilibre entre les demandes individuelles, et privilégier des réformes par des consensus plutôt que d'opter pour un bien contre un mal en défaveur des populations les plus démunies qui demeurent des victimes d'un système injuste et déloyal. [...]
[...] Par exemple, la liberté de la presse permet aux journaux de dénoncer la passivité des États vis-à-vis des populations victimes des famines afin de lutter contre cette révoltante situation. Cette liberté de la presse, comme la liberté d'expression, de voter, de critiquer n'est possible qu'au sein d'un État démocratique, où toute idée de censure de la presse est impensable. Les libertés individuelles et le concept de capabilité analysés par Sen sont donc bien dans ce premier essai, les deux éléments fondamentaux de l'évaluation sociale et comme le rappelle Sen, l'enjeu principal pour les sociétés est bien de repenser les problèmes que soulèvent le souci conjoint de l'efficacité sociale et de l'équité en mettant au premier plan, non pas un critère d'utilité, mais les libertés individuelles. [...]
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