Nos sociétés démocratiques et libérales bien que plaçant la liberté au cœur de leurs fondements consacrent également le terme d'égalité. Si les processus révolutionnaires du XVIIIe siècle ont apporté au citoyen européen l'égalité politique, l'égalité économique elle n'est pas encore de mise. Il faut d'ailleurs noter que l'inégalité n'est pas nécessairement péjorative puisqu'elle peut correspondre à une différence justifiable. Néanmoins, certaines inégalités paraissent insupportables à nos yeux et semblent devoir être corrigées.
Dans ce livre, Thomas Piketty, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales se propose d'inventorier les différentes réponses apportées face aux inégalités et d'étudier leurs pertinences face aux enjeux actuels. L'auteur part ici d'un constat en identifiant deux modèles antagonistes quant au traitement des inégalités. Le modèle dit de droite pense que les inégalités sont nécessaires et que la croissance et l'augmentation de la productivité permettent de les réduire. L'État a donc à intervenir de la manière la plus discrète qui soit afin de ne pas perturber les mécanismes du marché qui concourent à leurs réductions. Le modèle dit de gauche pense lui que face aux imperfections structurelles du capitalisme, qui n'est pas apte à lutter efficacement contre les inégalités, l'État doit s'immiscer dans le processus de production et répartir de manière juste les profits.
Si l'objectif des deux modèles reste le même (réduire les inégalités de la manière la plus efficace), les moyens et les constats eux divergent. Un consensus se forme autour de certaines inégalités qui sont présentées comme inhérentes au système et sur lesquelles l'individu victime n'a pas une réelle influence à savoir principalement l'inégalité de patrimoine (on peut ici élargir la notion de patrimoine à la définition de Bourdieu et ses capitaux culturels et sociaux et non pas seulement économiques).
Il semble alors juste dans une perspective de justice sociale défendue entre autres par Rawls de pallier les inégalités produites par des facteurs non contrôlables. Les divergences se retrouvent alors dans les moyens de réduire voire de supprimer de la manière la plus efficace ces inégalités.
C'est une analyse minutieuse qui va permettre selon l'auteur de savoir quels sont les mécanismes les plus efficaces. L'auteur distingue deux modèles fondamentaux mis en avant en début d'introduction à savoir le modèle de répartition pure, adapté à une économie saine où le mécanisme de redistribution va venir réduire les inégalités dans une perspective gagnants-gagnants et le second où le marché sans être malsain ne demeure pas assez efficace pour assurer la juste répartition ce qui va aboutir à des interventions directes dans le processus de production dans le but de le rendre plus efficace, mais avant tout plus équitable.
Ces deux modèles se sont cependant complexifiés au fil du temps et sont venus s'enrichir de notions diverses telles que la portée de la redistribution ce qui a donné lieux à de nouvelles propositions (« le revenu minimum de citoyenneté »). L'auteur va donc s'attacher à rappeler tout d'abord la portée et l'évolution historique du phénomène inégalitaire pour ensuite s'attarder sur les principaux mécanismes producteurs d'inégalité. Il développera enfin la question des solutions de redistributions apportées pour corriger ces mécanismes.
[...] Ceci est confirmé au niveau micro-économique ou les travaux de Hammermesh ont conclu à une élasticité de la substitution comprise entre 0,7 et 1,1. S'il semble y avoir une permanence du partage de la valeur ajoutée à long terme, l'auteur met en revanche en évidence de très fortes variations à moyen et court terme, variations qui sont la transposition de l'évolution des conflits sociaux entre capital et travail. Ainsi, les accords de Grenelle de 1968 se traduisent en France par une période où le partage de la valeur ajoutée est plutôt en faveur du travail. [...]
[...] Pour l'auteur, la progressivité de l'impôt sur le revenu a déjà en soi limité considérablement les mécanismes inégalitaires quant à la répartition du capital. La création d'autres outils de distribution nécessiterait la mise en place de statistiques claires concernant l'ampleur du manque à gagner au niveau des investissements, or ces investissements rentables non financés sont extrêmement difficiles à mesurer. Chapitre 3 : L'inégalité des revenus du travail Si l'opposition entre inégalités des revenus du capital et du travail reste importante, il faut selon l'auteur mettre également en avant les inégalités des revenus du travail qui sont un facteur majeur des inégalités de revenus actuels. [...]
[...] Cette idée de prophétie auto-réalisatrice montre à quel point l'idée d'une efficacité de l'inégalité en capital humain est fausse selon l'auteur. L'absence de formation repose sur un manque de confiance en l'individu fondé sur son origine sociale modeste et non pas sur une rationalité supposée du système des prix. Etant donné l'inefficacité économique de cette inégalité, de nouveaux outils de redistribution peuvent alors être envisagés. Les politiques d'affirmative action trouvent alors toute leur légitimité avec des systèmes de quotas ou des justifications renforcées quant à l'application du code du travail. [...]
[...] En France, les salariés sont en millions. Il précise ensuite les instruments statistiques qu'il va utiliser à savoir le salaire médian et le salaire moyen. Le salaire médian est de 1400 euros tandis que le salaire moyen est à 1700. Cela s'explique par le fait que les salaires compris entre P10 et P50 sont relativement rapprochés tandis que les salaires se situant dans les limites de P50 et P100 sont beaucoup plus disparates. Le plafonnement par le bas explique la relative homogénéité des salaires les plus faibles, ce qui n'est pas le cas pour les salaires les plus élevés. [...]
[...] Il commence pour cela à distinguer les différents types de revenus, considérés comme sources d'égalité puisque du revenu perçu résulte entre autres la capacité à consommer. L'auteur cherche ici à répertorier les différents types de revenus que perçoivent les ménages. Il va en distinguer 5. Les salaires sont issus du travail salarié, c'est la rétribution d'un travail de manière fixe et préalablement définie par un contrat entre l'employeur et le salarié. Le revenu des travailleurs indépendants correspond au revenu des professions libérales, des commerçants, des agriculteurs, des entrepreneurs individuels de manière générale. [...]
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