Doutes proposés aux philosophes économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, abbé Gabriel Bonnot de Mably, propriété foncière, principes égalitaires, dogme des physiocrates
L'abbé Gabriel Bonnot de Mably (1709-1785) est un moraliste, économiste et historien du XVIIIe siècle, il a une vision très réaliste de la société et s'oppose en cela au dogmatisme des philosophes de son temps qu'il critique dans ses livres. Il propose ainsi une société idéale qui repose sur des principes égalitaires. Dans son œuvre Du Commerce des grains, rédigé en 1775 et publié en 1789 il dénonce les idées libérales qui considèrent le commerce des grains comme un bien d'intérêt commun et une arme. Il prend le parti aussi de remettre en cause le dogme des physiocrates par un retour à une réglementation spécifique du commerce du blé. Son ouvrage intitulé Doutes proposés aux philosophes économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, et paru en 1768, est une réponse à L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, publié par Mercier de La Rivière un an plus tôt. Le livre est organisé en 10 lettres qui sont des réflexions philosophiques. Pierre Paul Lemercier de La Rivière (1719-1801) est un administrateur colonial du XVIIIe siècle qui défend la thèse physiocratique. Dans son ouvrage le plus célèbre L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques paru en 1767 il se pose en faveur d'un despotisme légal au service de l'économie et du pouvoir monarchique.
[...] Ce modèle avantage les grands propriétaires et les marchands de grains, au détriment de l'immense majorité de la population. La question de la propriété foncière et de l'inégalité des conditions LETTRE I : Mably aborde le sujet des propriétés foncières et de l'inégalité des conditions qui sont pour les physiocrates dans l'état de nature. Il dénonce la théorie des physiocrates qui estiment que la production de ressources est illimitée dans leur ordre social; Cette abondance doit conduire au bonheur du corps social selon les physiocrates. [...]
[...] Il prend l'exemple d'une société où la propriété foncière n'existe pas & parce que les Iroquois et les Hurons ne connaissent pas entre eux le partage des terres & les propriétés foncières, leur refuseriez vous inhumainement la propriété de leur personne ? Dans la République de Sparte, le partage des terres se faisait de façon égale entre les citoyens, qui n'étaient pas propriétaires mais usufruitiers de ces terres qui étaient considérées comme un bien à transmettre. Pour Mably, l'absence de propriété foncière et le partage égal des terres entre les citoyens conduit à un état de prospérité de la société, alors que c'est la propriété foncière qui apporte des troubles dans la société. [...]
[...] la Patrie ou le bien public est le premier lien qui unit les citoyens d'une république Cependant, Mably écarte le danger d'une révolution qui serait la conséquence de la liberté donnée à une assemblée nationale, sauf dans le cas où la liberté du peuple est gravement atteinte par le despotisme et qu'il n'existe plus que cette solution pour sauvegarder cette liberté. Pour Mably, la politique doit tout faire pour que la loi ne soit pas qu'oppressive. Dans l'ouvrage de Mably, le partage égal des terres est à l'origine du droit naturel. [...]
[...] L'inégalité des conditions sociales mène selon Mably toutes les conditions à se nuire réciproquement, dans l'espérance de faire leur bien particulier aux dépens du public A l'argument de Mercier qui pense que toutes les conditions de la société sont interdépendantes, Mably répond l'argument de l'inégalité des conditions et de l'impossible intérêt général dans cette société parler aux passions de bien public et de bien général, c'est leur parler une langue étrangère Dans la lettre III, Mably critique le despotisme légal que veut imposer Lermercier de la Rivière. Mably critique le fait qu'un despote serait légal, et pourquoi il obéirait à des lois qui lui ont été imposées. Ainsi, les lois injustes se multiplieront toujours dans un État, à raison de la plus grande ou de la moins grande inégalité qu'il y aura entre les fortunes des citoyens Mably s'en prend directement aux propriétés foncières et à la pensée de Lermercier qui souhaite diviser la population en deux classes afin de garantir un ordre. [...]
[...] Mably vante par la suite d'autres modèles de sociétés qui ne suivent pas l'ordre naturel et essentiel des sociétés que propose Lermercier. Dans ces sociétés, la propriété foncière n'existe pas et les biens qui appartiennent tous à l'État communauté des biens sont redistribués en fonction des besoins des populations l'État, propriétaire de tout, distribue aux particuliers les choses dont ils ont besoins Ce sont précisément ces besoins vitaux des populations que les physiocrates ne prennent pas en compte. Mably voit la propriété foncière comme source de fortunes inégales d'intérêts différents et opposés, tous les vices de la richesse, tous les vices de la pauvreté, l'abrutissement des esprits, la corruption des mœurs civiles Selon lui, cet situation inégalitaire, dans laquelle les biens ne sont pas redistribués de façon égale, ne peut pas encourager les hommes à travailler ni à évoluer socialement dans la société. [...]
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