Le premier chapitre du livre de Soros constitue une sorte de présentation des thèmes abordés dans les chapitres suivants. Il part d'un constat assez pessimiste de la société capitaliste actuelle (ou plus précisément de 1998, année de parution de son livre). C'est la crise des pays de l'Asie du Sud-Est à l'été 1997, mais surtout la crise en Russie en août 1998, qui lui a fait prendre conscience plus largement de la crise du système capitaliste mondial. Selon lui, le système capitaliste mondial se caractérise par le libre échange, et par la libre circulation du capital. Il favorise le capital financier qui est libre de se placer où il veut. Par conséquent, il a engendré une rapide croissance des marchés financiers mondiaux. Soros le compare à un gigantesque appareil cardio-vasculaire qui aspire le capital en son centre – les marchés financiers et les institutions – pour le redistribuer à la périphérie, c'est-à-dire les pays, soit directement, sous forme de crédits et d'investissements en actions, soit indirectement par le biais de sociétés multinationales. Jusqu'à la crise thaïlandaise de juillet 1997, le système fonctionnait de la manière suivante : le centre aspirait l'argent énergiquement, et le redistribuait tout aussi énergiquement, les marchés croissaient en taille et en importance, tandis que les pays à la périphérie se ravitaillaient largement en capitaux en ouvrant leurs marchés financiers. Ce système profitait particulièrement aux pays émergents. Mais en 1997, la crise asiatique a inversé le flux et les capitaux ont commencé à fuir la périphérie. Au début, la détresse de la périphérie a profité aux marchés financiers du centre (très forte hausse de la Bourse par exemple), mais ceci a cessé au moment de la crise russe, en 1998. En effet, l'écroulement du système bancaire russe a bouleversé le système bancaire international, puisque les banques russes n'ont plus pu respecter leurs engagements vis-à-vis des banques occidentales, qui elles-mêmes se sont trouvées en mauvaise posture face à leurs propres clients. Beaucoup de comptes spéculatifs ont subi de lourdes pertes.
[...] Selon lui, nous avons besoin d'un système mondial de prise de décision. En outre, la deuxième grande critique de Soros envers le système capitaliste mondial concerne ce qu'il appelle les déficiences du secteur hors marché, c'est-à-dire la faillite de la politique et l'érosion des valeurs morales au niveau national et international. Ainsi, il critique la substitution malsaine des valeurs monétaires aux valeurs humaines. En effet, le capitalisme a permis aux mécanismes de marché et au goût du profit de pénétrer dans des domaines qui ne les concernaient pas. [...]
[...] En effet, la crise financière obligea la Thaïlande, puis la Corée et l'Indonésie à rechercher l'aide du FMI. Celui-ci s'est trouvé face à des problèmes insoupçonnés, puisque la crise asiatique était complexe, avec un aspect monétaire et un aspect crédit. Surtout, ce qui différenciait la crise asiatique des autres crises auxquelles le FMI avait dû faire face, c'est qu'elle avait pris naissance dans le secteur privé, alors que le secteur public, lui, tenait bien la route. Le FMI a imposé son remède traditionnel : hausse des taux d'intérêt et réduction des dépenses publiques pour stabiliser la monnaie et restaurer la confiance des investisseurs internationaux. [...]
[...] L'argent qu'il a prêté et les conditions qu'il a fixées ont permis aux pays débiteurs de mieux honorer leurs engagements. Donc, par ce biais, le FMI a aidé les banques et les autres créanciers internationaux. Cette asymétrie, connue sous le nom d'aléa moral, ne peut être corrigée selon Soros sans introduire un système de garantie des emprunts ou toute autre méthode susceptible de stimuler les prêts et les investissements internationaux. En outre, selon Soros, la libre fluctuation des monnaies est source d'instabilité en raison du comportement des spéculateurs suiveurs de tendance. [...]
[...] Celle-ci implique un ensemble de valeurs différent, puisque, pour Soros, l'élévation du profit au rang de principe moral est une aberration. Un changement est possible, mais l'initiative doit venir du haut. Seuls les plus compétitifs peuvent modifier les termes de la concurrence. Dans les démocraties bien huilées les citoyens peuvent améliorer la qualité de leur propre vie politique. Si les gens prennent conscience que la compétition mondiale est trop âpre et qu'une plus large place doit être faite à la coopération, s'ils font une distinction entre la prise de décision individuelle et la prise de décision collective, les élus préconiseront des politiques différentes et seront jugés selon d'autres critères de comportement. [...]
[...] Outre la crise proprement dite, Soros critique le système capitaliste mondial en deux points principaux. Tout d'abord, sa critique concerne les défauts des mécanismes de marché, c'est-à-dire les instabilités inhérentes aux marchés financiers. Pour lui, les marchés financiers mondiaux échappent totalement à un contrôle suffisant des autorités nationales ou internationales. Pour lui, le maintien de la stabilité des marchés financiers devrait être l'objectif des politiques publiques. Si ce principe a été déjà accepté et appliqué sur une échelle nationale, comme le montre l'exemple de la Réserve fédérale aux Etats Unis, c'est maintenant sur l'échelle internationale qu'il faut agir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture