Le 25 janvier 2006 l'un des financiers les plus célèbres de la planète, Warren Buffet, réalisait un don record de 37,1 milliards de dollars à la Fondation Bill-et-Melinda-Gates. Cet homme, comme des milliers d'anonymes chaque jour, a donc choisi de se livrer à un comportement qui, comme beaucoup d'autres, pourrait être qualifié au premier abord d'irrationnel : le don. Or, Warren Buffet, en tant que financier, est particulièrement familier aux principaux concepts économiques, si bien qu'il paraît étrange qu'il se livre à des comportements irrationnels.
On peut donc se demander si certains comportements a priori irrationnels ne peuvent pas être en réalité analysés dans le cadre du modèle de rationalité économique.
Nous montrerons que l'ensemble de ces comportements est analysable dans le cadre de la rationalité économique, mais qu'il est parfois possible ou nécessaire de recourir à une entité de base autre que l'individu pour l'analyse économique.
[...] Par exemple, pour recevoir une récompense comme un baiser de leur idole de cinéma, les gens préfèrent attendre quelques jours. De la même manière, pour recevoir un choc électrique (non- mortel), les individus préfèrent l'avancer dans le temps. L'explication de cette anomalie réside en deux concepts : savourer et redouter. En effet, les sujets veulent savourer l'anticipation du baiser de star, ils accordent de la valeur à l'attente, alors que pour le choc électrique, ils sont mal à l'aise à l'idée de le recevoir dans un futur proche et préfèrent donc s'en débarrasser le plus tôt possible. [...]
[...] Ce théorème peut avoir de nombreuses applications, par exemple dans le cadre de la division des tâches au sein d'un ménage : dans les années 50, elles avaient un accès moindre à l'éducation qui rendait le mari plus productif sur le marché du travail, le ménage s'organisait en conséquence et la femme restait donc à la maison : l'amélioration de leur accès à l'éducation dans les années 60 et l'apparition des appareils ménagés qui facilitèrent les tâches ménagères pourrait ainsi expliquer leur apparition sur le marché du travail. Mais un altruiste peut avoir plusieurs bénéficiaires (enfants, femme, parents, etc.). Toutes les conclusions de la première partie restent valables. [...]
[...] On définit ainsi les catégories égoïste faible Leontief faible et substituabilité parfaite faible Par exemple, un individu qui donne seulement quelques jetons au cours des différentes phases du test aura une fonction d'utilité que l'on classera dans la catégorie égoïste faible On pourrait donc établir une échelle qui irait de l'égoïsme au substituable parfait, en passant par Leontief et les catégories faibles, rendant ainsi compte des disparités entre les individus. On pourra ainsi tenter de prévoir le comportement d'un groupe d'individus en pondérant chaque catégorie du nombre d'individus qu'elle regroupe, mais les résultats ne permettent pas l'analyse du comportement d'un individu pris séparément. Par ailleurs, la deuxième partie de l'étude d'Andreoni et Miller va nous permettre de renforcer notre mise en exergue de l'hétérogénéité des individus. [...]
[...] Le prestige provoquant éventuellement la compétition est donc bien un motif de dons, tout comme le bénéfice intrinsèque. Le fait de donner pour retirer du prestige rentre bien dans le cadre de la rationalité économique en ce sens qu'il résulte d'un choix intéressé, ayant pour but la propre satisfaction de l'individu. Nous avons donc réussi à rationaliser un grand nombre de comportements qui, au premier abord, semblaient irrationnels. Mais nous allons voir maintenant qu'il est parfois possible ou nécessaire de recourir à une entité de base autre que l'individu pour analyser ces comportements. [...]
[...] Prenons tout d'abord, par souci de simplicité, le cas d'un couple. Supposons le mari altruiste : l'ensemble de ses revenus Im sera égal à la somme de ses revenus destinés à sa propre consommation Zm et de sa contribution à sa femme y. Sa femme est égoïste et ne contribue donc pas au revenu de son mari : ses revenus Zf destinés à sa consommation sont donc égales à la somme de ses revenus propres If et de la contribution de son mari y. [...]
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