Déjà Aristote s'était penché sur la question de la valeur. En effet, il se demande dans l'Ethique à Nicomaque comment il est possible d'échanger une maison contre un nombre donné de paires de chaussures, qu'est ce qui donne à la demeure la valeur de plusieurs paires de chaussures ? Déjà à l'époque la valeur d'un bien s'énonce par rapport à celle d'autres biens. Au XVIIIème siècle la question est de nouveau soulevée par Adam Smith, précurseur du courant classique, à travers notamment l'énonciation du paradoxe de l'eau et du diamant. Dans la mesure où il est difficile de résoudre ce paradoxe, d'autres courants vont s'y essayer, prouvant que la question suscite toujours autant d'interrogations. Si l'on considère le processus d'échange, la question de la valeur est centrale. En effet, sur quoi s'opère et se fonde l'échange si les choses échangées n'ont pas de valeur ? Il semble que la question de la valeur soit antérieure à l'échange. C'est parce que les choses ont de la valeur qu'elles s'échangent. Il apparaît alors fondamental de développer une théorie de la valeur (savoir ce qu'est la valeur des choses) avant d'envisager l'échange en lui-même. Pourtant, ne serait-ce pas l'échange qui confère de la valeur aux choses ? Ne serait-ce pas à travers l'échange que la valeur des choses se révèle ? La notion de valeur économique reste tout au long du XIXème siècle un concept difficile à définir et engendre le développement de divers courants. Pourtant il apparaît nécessaire de résoudre le mystère puisque c'est à travers la valeur que se définit une conception économique et suite à laquelle diverses mesures sont mises en œuvre. Ce paradoxe, beaucoup d'économistes s'y sont confrontés. De Smith à Walras, en quoi les théories de la valeur proposent-elles une approche de la valeur seulement relative et non absolue ?
Tout d'abord on tentera de fonder le concept de valeur sur des critères objectifs, tels le travail, mais cet angle d'approche ne concernant que le producteur, on considérera également la valeur du côté du consommateur. Enfin, il sera question de savoir si la valeur ne serait pas déterminée par le marché avant d'être inhérente aux biens.
[...] En effet, définir la valeur de la sorte, c'est considérer uniquement la production. Or, s'il nous faut définir, parvenir à concevoir la valeur, c'est essentiellement pour aborder l'échange, échange qui s'opère entre producteur et consommateur, entre offreur et demandeur. Ainsi se produit la révolution marginaliste dans les années 1870 ; simultanément, mais sans avoir connaissance de leurs travaux respectifs, Menger, Jevons et Walras développent une autre approche de la valeur, fondée sur le concept d'utilité marginal. Ce concept réconcilie valeur d'usage et valeur d'échange. [...]
[...] L'échange entre deux individus permet alors de fixer une valeur des biens. Jevons, dans L'économie politique, écrit : ‘'Le rapport d'échange de deux produits quelconques sera inversement proportionnel au rapport des degrés finals d'utilité des quantités de produit disponibles pour la consommation, après que l'échange est achevé.'' L'échange s'arrête quand les rapports finaux d'utilité sont égaux à l'inverse des quantités échangées : ‘'Le point d'équilibre s'établira lorsqu'une quantité infiniment petite de produit échangée en plus, dans le même rapport [10 livres de blé contre une livre de bœuf] n'apportera ni gain ni perte d'utilité.'' Dans l'échange l'équilibre est atteint quand les rapports des ‘'degrés finals d'utilité'' entre les deux agents sont égaux. [...]
[...] De Smith à Walras, en quoi les théories de la valeur proposent-elles une approche de la valeur seulement relative et non absolue ? Tout d'abord on tentera de fonder le concept de valeur sur des critères objectifs, tels le travail, mais cet angle d'approche ne concernant que le producteur, on considérera également la valeur du côté du consommateur. Enfin, il sera question de savoir si la valeur ne serait pas déterminée par le marché avant d'être inhérente aux biens. la théorie de la valeur -travail développée chez les classiques La détermination de la valeur : l'approche fondatrice de Smith C'est Turgot au XVIIIème siècle qui décrit le mieux l'approche qui sera celle des classiques tout au long de leurs études en définissant la base argumentative suivante : si on échange deux bien alors c'est qu'ils sont différents, néanmoins ils se doivent d'avoir une base commune pour que l'on puisse procéder à l'échange et celle-ci ne renvoie pas à des critères physiques. [...]
[...] Il en vient à la conclusion que les agents privilégient la consommation du bien dont l'intensité du besoin est la plus forte. Puis, il aura le choix entre une deuxième unité de ce bien et une première unité d'un autre bien et ainsi de suite. Grâce à la table d'intensité Menger met au jour l'importance du choix individuel : ‘'Nous avons vu que les hommes, agissant économiquement, tendent à satisfaire intégralement leurs besoins, ou tout au moins ( ) aussi complètement que possible. [...]
[...] Ceci n'empêche en rien d'analyser le processus d'échange et les marchés, puisque, du fait de la relativité de la valeur des choses, les individus s'en remettent au marché (même s'ils contribuent à la formation de celui-ci). D'ailleurs, si la valeur était immuable (c'est-à-dire fixe, déterminée et fixée, indépendamment de toute autre donnée), y aurait-il encore économie ? En effet, dans ce cas, on n'aurait plus besoin de s'intéresser au phénomène des marchés et de l'allocation des ressources : tout serait déjà établi. Dès lors, la redéfinition permanente de la valeur apparaît être au cœur même de l'économie. [...]
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