Le capital humain peut se définir comme « l'ensemble des compétences et de l'expérience accumulées qui ont pour effet de rendre les salariés plus productifs » (Stiglitz) et c'est aussi le « stock de connaissances techniques et de qualifications caractérisant la force de travail d'une nation et résultant d'un investissement en éducation et en formation permanente » (Samuelson/Nordhaus).
Dans sa théorie pour expliquer les différences relatives de salaires, Adam Smith se posait déjà la question de l'existence d'un investissement en « capital humain ». Dans le Livre II de La Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), il pose déjà le problème de « la valeur des habitudes acquises et utiles de tous les membres de la société ». Il en est de même pour Marx qui explique la rémunération plus élevée des travailleurs qualifiés par le coût (monétaire et horaire) de leur formation. Deux siècles plus tard, en 1964, Theodor Schlutz et surtout Gary Becker, deux économistes de l'école de Chicago, développent et théorisent précisément la théorie du capital humain. Gary Becker (prix Nobel d'économie en 1992) a été l'un des premiers économistes à élargir le champs de l'analyse économique (et surtout microéconomique) à des comportements sociaux (l'économie du mariage et la criminalité en sont deux exemples, encore aujourd'hui sujets à controverse).
Les économistes estiment qu'aujourd'hui le capital total d'un pays est constitué au deux tiers (voire trois quarts) par le capital humain. Il s'agit donc d'un sujet qui ne peut rester hors du champs de l'analyse économique contemporaine. On peut alors légitimement se demander si l'analyse du capital humain de Becker et ses implications économiques sont pertinentes et suffisantes pour rendre compte de la complexité de la réalité des faits économiques.
[...] En général, l'investissement en capital humain est rentable car il permet d'obtenir un salaire plus élevé qui permet de rembourser les frais d'investissement de départ. Une explication des différences relatives de salaire : une préférence plus ou moins grande pour le présent Becker explique les inégalités de salaire par des déterminants qualitatifs de l'offre sur le marché du travail (le salarié). Le salaire est déterminé par des aptitudes personnelles, des expériences et des connaissances accumulées. Le choix de l'investissement en capital humain est un choix intemporel : il porte à la fois sur des actions présentes et futures, couvrant plusieurs périodes de la vie. [...]
[...] Enfin, l'investissement en capital humain nécessite d'avoir un minimum de moyens financiers de départ. Bien sûr, un étudiant ou un adulte en formation peut choisir de s'endetter pour rembourser plus tard, quand son investissement portera ses fruits. Mais si l'investisseur est décidé à parier sur sa compétence à venir, les banques ne prendront pas forcément ce risque. Là encore, il ne suffit pas de vouloir investir, il faut aussi pouvoir renoncer à un salaire et supporter le coût de l'apprentissage. [...]
[...] II- Quelles implications économiques sous-tend-elle ? Le marché de l'éducation : un marché comme les autres Par sa théorie du capital humain, Gary Becker n'a pas voulu, comme on pourrait le croire au premier abord, revaloriser la dimension humaine de l'économie, en donnant plus de place à l'humain et à la connaissance. Au contraire, et en conformité avec l'optique totalement néoclassique de sa théorie, Becker réduit l'humain aux mécanismes rationnels et optimisateurs de l'homo œconomicus : plus ou moins de connaissance entraîne plus ou moins de satisfaction. [...]
[...] Tout cela implique une valorisation du capital humain qui procure un avantage compétitif à la nation. III- Quelles sont les limites de cette théorie ? La théorie du signal Michael Spence énonce en 1973 une contre-théorie qui s'oppose radicalement à la théorie du capital humain. Pour lui, les études ne sont pas un investissement pour augmenter son capital humain mais un simple moyen de sélection. Il ne s'agit pas d'augmenter la productivité de l'agent par un apprentissage mais de sélectionner les agents qui sont déjà et seront les plus productifs. [...]
[...] Elle s'est trouvée confronté au choix d'investir ou non en capital humain et a préféré ne pas parier sur l'avenir. Néanmoins, ce raisonnement est un peu trop simple pour coller à la réalité. En effet, pour faire un choix rationnel, encore faut-il pouvoir juger et interpréter les informations dont on dispose. On retombe ici immanquablement dans la critique de la rationalité standard, avec toutes les alternatives proposées : rationalité limitée, rationalité procédurale . Le sociologue Raymond Boudon a d'ailleurs mis en évidence le phénomène d'auto-exclusion du système scolaire de certains agents à cause d'un calcul coût-avantage surestimant les coûts et les risques et sous-estimant les gains et la rémunération future, à cause d'une information biaisée ou mal interprétée. [...]
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