La théorie évolutionniste abandonne la psychologie élémentaire et abstraite de l'homo œconomicus (et la maximisation des profits) pour une approche qui intègre des éléments institutionnels, (et parfois historiques) sans accepter une démarche historique et sociologique, sans placer donc l'histoire des institutions et des sociétés au centre de l'analyse... ce qui conduirait à une rupture bien plus radicale que celle qu'elle effectue par rapport à la théorie néo-classique. Le détour par le paradigme biologique est alors un moyen d'éviter cette rupture.
L'utilisation du paradigme biologique de la sélection naturelle par Nelson et Winter est le signe d'une volonté de dépasser les limites des constructions théoriques walrassiennes et de prendre en compte dans une théorie économique renouvelée, "évolutionniste", les comportements réels des firmes, le progrès technique, et l'irréversibilité du changement... C'est donc une tentative de rendre dynamique une représentation de l'économie qui, à l'origine, est purement statique.
[...] Schumpeter développe une explication des routines qui reprend, bien avant Simon, quelques thèmes de la rationalité limitée : l'incertitude et les capacités cognitives limitées des individus . Le couple routine - innovation, présent chez Schumpeter, sera repris et réinterprété dans une analogie bio-évolutionniste par Nelson et Winter. Le noyau dur de la théorie Le livre de 1982 est fortement marqué par les controverses antérieures et la polémique avec l'orthodoxie la théorie proposée n'est pas complètement développée dans toutes ses potentialités, mais reste largement à l'état embryonnaire. Le mot évolution renvoyant ici à la théorie (darwinienne) de l'évolution des espèces par sélection naturelle. [...]
[...] La reproduction (en tout ou en partie) du génotype est plus complexe. Une firme peut créer une filiale et lui transmettre alors tout un lot de connaissances, compétences, routines, par duplication. Cependant, et contrairement à ce que postule la théorie orthodoxe, la duplication n'est ni automatique, ni parfaite, ni rapide, ni gratuite, et cela évidemment à cause des connaissances tacites 20 Une image bio-cybernétique de l'entreprise L'image théorique générale de l'entreprise est donc une image bio- cybernétique : biologique en ce sens que l'entreprise est définie tout d'abord par son génotype, le répertoire des compétences et des routines, qui se maintient et se reproduit dans le long terme, dans cette hypothèse du circuit. [...]
[...] Winter (1982), An evolutionary Theory of economic Change, Harvard U.P. R. R. Nelson (1987), Understanding Technical Change as an Evolutionary Process, North Holland. B.Coriat et Olivier Weinstein(1995), Les Nouvelles Théories de l'entreprise, Le Livre de Poche. S. G. Winter (1987b), "Competition and selection", New Palgrave Mac Millan. [...]
[...] La possession d'un tel livre - la partie articulable de la connaissance concernée - peut être un indice de la soif d'apprendre, mais ne peut certainement pas certifier la possession de la compétence"(Nelson et Winter, 1982). Les compétences des individus, les routines de la firme reposent donc sur des connaissances en grande partie tacites et qui restent irréductiblement tacites. L'impossibilité de mettre à jour d'une manière articulée la connaissance tacite a pour origine les limites cognitives des individus. Ils ignorent l'ensemble des phénomènes physiques, chimiques, etc, qui sont à la base de la performance. [...]
[...] Le cheminement de la connaissance productive et des applications qui en découlent l'emporte alors sur les conditions proprement économiques; ce concept tranche sur les formulations néo-classiques (et traditionnelles) de l'économie de l'innovation ("demand pull", etc). Les "régimes technologiques" tracent les frontières à l'intérieur desquelles se développent les "trajectoires naturelles", car celles-ci ne se développent pas totalement au hasard. Elles s'inscrivent plutôt dans un vaste domaine qui correspond à la manière dont les techniciens, les ingénieurs, les praticiens de la R & D imaginent l'avenir du progrès technique. IV) Les modélisations de Nelson et Winter La théorie évolutionniste selon, Nelson et Winter répond donc à deux préoccupations : 1. [...]
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