Pour les néo-classiques, le taux d'intérêt est un phénomène réel : il est supposé égaliser l'épargne et l'investissement. L'offre de capitaux (offre de fonds prêtables) dépend de l'épargne S tandis que la demande de capitaux (demande de fonds prêtables) dépend de l'investissement I. Le taux d'intérêt est « prix de l'épargne », un « taux d'intérêt d'équilibre » est supposé être le prix de la renonciation à consommer. Lorsque l'épargne S est abondante, le taux d'intérêt doit baisser et la demande de capital s'accroître, ce qui permettrait le développement d'un investissement toujours productif. Ainsi, les variations du taux d'intérêt égaliseraient l'offre et la demande de capitaux – l'investissement et l'épargne – si bien que ce taux serait ramené vers un point d'équilibre.
Keynes refuse ce postulat classique et affirme que le taux d'intérêt est un phénomène uniquement monétaire qui se détermine sur le marché de la monnaie et non sur le marché réel. Pour lui, l'épargne ne va pas forcément correspondre à un investissement productif car l'épargne et l'investissement sont deux actes différents, venant d'agents économiques différents dont les intentions peuvent être contradictoires.
[...] La notion de liquidité Quelle est l'influence de l'incertitude sur la préférence pour la liquidité ? Keynes pose plusieurs problèmes. En premier lieu, l'épargne ne finance pas forcément un investissement productif ; en second lieu, elle peut-être conservée sous forme monétaire, de la monnaie non rémunérée, forme moderne de la thésaurisation. La monnaie est la forme de richesse la plus liquide et donc la plus commode : elle confère un droit immédiat et illimité sur tous les autres biens et sa valeur nominale est constante. [...]
[...] Keynes renverse fondamentalement la démarche néo-classique. Celle-ci mettait au centre de sa conception de l'équilibre l'antériorité et la primauté de l'épargne. C'est l'investissement qui est censé s'ajuster forcément à l'épargne par l'intermédiaire des variations du taux d'intérêt qui doit ramener celui-ci vers un taux d'intérêt d'équilibre Ceci explique que pour les néo-classiques, l'épargne soit dans tous les cas une vertu Pour Keynes, au contraire, c'est l'investissement qui joue un rôle crucial. Le taux d'intérêt est déterminé sur le marché de la monnaie et non pas sur le marché réel, il égalise l'offre et la demande de monnaie. [...]
[...] Keynes se déclare en accord sur ce point avec les néo- classiques. Mais, puisque selon lui la demande effective détermine la production, il en conclut qu'elle détermine aussi le salaire réel, nécessairement égal à la productivité marginale du travail qu'implique ce niveau de production. Comme les salaires réels dépendent des salaires nominaux et des prix et que les premiers sont déterminés par les conventions entre employeurs et salariés, ce sont donc les prix qui servent de variables d'ajustement. Nous sommes donc bien dans la théorie keynésienne dans un contexte d'ajustement quantités-prix, alors que la théorie néo-classique suppose à l'inverse que l'on ajuste les quantités produites aux prix d'équilibre censés s'établir de manière endogène. [...]
[...] Quel est le rôle de la confiance dans l'investissement ? L'investissement décidé par les entrepreneurs dans un univers d'incertitude peut générer le chômage et la crise qui sont inhérents à l'économie capitaliste. Celle-ci, pour Keynes, n'est pas à proprement parler une économie d'échange, mais une économie entrepreneuriale puisque la production et l'emploi dépendent des décisions des entrepreneurs qui sont établies avant que les marchandises ne soient mises sur le marché Or la demande jugée rentable par les entrepreneurs (la demande effective), et sur laquelle ils alignent leur production, ne correspond pas forcément au plein- emploi, d'où, on le sait, la possibilité d'un chômage durable. [...]
[...] La monnaie joue, selon Keynes, un rôle psychologique majeur dans un monde dominé par l'incertitude face à l'avenir. Les individus qui ont à prendre des décisions engageant fortement l'avenir, l'investissement notamment, sont contraints de recourir à diverses techniques de traitement de l'incertain. Leurs prévisions sont par nature fragiles et soumises à une méfiance obligatoire, d'où découle selon Keynes un comportement de préférence pour la liquidité : entre deux actifs (financiers ou réels), un individu préfèrera toujours celui qui, toutes choses égales par ailleurs, est le plus liquide, c'est-à-dire le plus facilement transformable en monnaie. [...]
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