Quelles relations existe-t-il entre efficacité économique, marché et État ?

Résumé du document

Depuis le 19e siècle, siècle de la modernité avec l'avènement de la croissance intensive, les économistes libéraux et keynésiens se sont opposés sur les stratégies de « tout marché » ou de « tout État » pour atteindre l'efficacité économique. Cette efficacité est désignée par Sismondi comme « la satisfaction des besoins humains et le bonheur de tous ». Le terme de « marché » fait ici référence à un système de régulation interne, celui-ci étant souvent qualifié « d'autorégulateur » et l'intervention étatique est alors à proscrire pour atteindre l'efficacité.

Pour les économistes classiques et néoclassiques, l'efficacité économique passe par la concurrence. Conscients néanmoins de l'imperfection de cette dernière, ils attribuent à l'État un certain nombre de fonctions, au demeurant plus variées que ne l'exprime le vocable d' « État minimal ».
L'efficacité est Parétienne. Elle correspond à l'optimum simultané du consommateur et du producteur. Il s'agit d'un état de concurrence où l'on ne peut améliorer la situation d'aucun agent sans détériorer le bien-être pour au moins un autre individu.

Extraits

[...] Quelles relations existe-t-il entre efficacité économique, marché et État ? Depuis le 19e siècle, siècle de la modernité avec l'avènement de la croissance intensive, les économistes libéraux et keynésiens se sont opposés sur les stratégies de tout marché ou de tout État pour atteindre l'efficacité économique. Cette efficacité est désignée par Sismondi comme la satisfaction des besoins humains et le bonheur de tous Le terme de marché fait ici référence à un système de régulation interne, celui-ci étant souvent qualifié d'autorégulateur et l'intervention étatique est alors à proscrire pour atteindre l'efficacité. [...]

[...] À l'approche traditionnelle du bien-être économique, il faut substituer une vision multidimensionnelle de celui-ci. C'est l'enseignement que l'on tire des réflexions qui trouvent leur origine dans les critiques des années 70 des approches traditionnelles de la croissance. En 1972, le roi du Bhoutan Jigme Singye Wangchuck déclarait que le Bonheur National Brut est plus important que le PNB et le Club de Rome militait pour la croissance Zéro. En 1973, W. Nordhaus et J. Tobin proposaient sous le terme de mesure du bien-être économique actuel de retrancher du PIB les dépenses regrettables c'est-à-dire les coûts des trajets et certains investissements immatériels tels que la publicité. [...]

[...] C'est l'argument de T. Malthus lorsqu'il préconise le protectionnisme des industries stratégiques. Quant à J.S. Mill, la régulation monétaire doit être assurée par l'État. C'est en effet l'instrument privilégié pour atténuer les variations cycliques de l'activité. Néanmoins, chez les libéraux, l'intervention doit respecter deux conditions : d'une part, elle ne peut se substituer au marché. D'autre part, elle doit perturber le moins possible les activités marchandes. Le plus grand reproche que l'on peut avancer, c'est le matérialisme des conceptions classiques et néoclassiques. [...]

[...] Lucas, l'accumulation du capital humain permet même des rendements croissants. Dans tous les cas, la diversité des formes de concurrence et des facteurs de production en jeu justifie une action stabilisatrice de l'État. L' État minimal n'est donc pas l'absence de l'intervention. Pour L. Walras, l'État en nationalisant les terres pourra éviter que les différences de rendements entre terres riches et pauvres n'aboutissent à la constitution de rentes foncières il pourrait même taxer les propriétaires des terres fertiles et ainsi réduire les impôts sur les profits et revenus salariaux. [...]

[...] Dans la théorie économique, les rôles respectifs dévolus au marché et à l'État pour atteindre l'efficacité sont complexes. D'une part, car on aurait tort d'opposer les libéraux aux keynésiens tant les nuances à l'intérieur des courants sont nombreuses. D'autre part, les idées des courants de pensée évoluent avec les progrès des connaissances et des technologies. Reste que d'importantes divergences demeurent quant à la priorité entre l'économique et le social. Et ces mêmes divergences renvoient en réalité à un débat plus philosophique qu'économique. [...]