Keynes condamne assez fermement une répartition des revenus trop favorable à l'épargne, notamment tant que la situation de plein emploi n'est pas rétablie. En effet, une forte propension à épargner et donc une faible propension à consommer ralentit en réalité l'investissement productif. Comme l'investissement, composante essentielle de la demande effective, joue un rôle moteur dans l'économie au même titre que la consommation, il en découle qu'une répartition des revenus en faveur de l'épargne n'est pas souhaitable car elle favorise les conditions d'une aggravation de la situation de sous-emploi.
Concernant l'existence des droits de succession, Keynes prend l'exemple de la Grande-Bretagne pour montrer que la taxation des successions a permis de sérieux progrès dans la réduction des inégalités de fortune et de revenus. Les recettes perçues à cette occasion par l'Etat lui permettent de récupérer des fonds pour alimenter son fonctionnement et une politique économique efficace. Cette manne financière peut ensuite, selon Keynes, lui éviter de taxer alors trop fortement le revenu ou la consommation, principalement dans la tranche des bas revenus dont on sait qu'elle a la plus forte propension marginale à consommer.
[...] En revanche, un taux d'intérêt trop bas peut détourner les prêteurs de tout placement, la préférence pour la liquidité étant alors très grande, on tombe alors dans la trappe à liquidité. Aussi la politique monétaire doit-elle assurer un taux d'intérêt qui soit à la fois acceptable pour les détenteurs de fonds et pour les entrepreneurs. Keynes trace ainsi les limites de la politique monétaire. Au-dessous d'un certain taux (qu'il estime à les prêteurs ne veulent plus se dessaisir de leurs encaisses, aussi l'investissement est-il bloqué. [...]
[...] ( Les mesures nécessaires de socialisation peuvent d'ailleurs être introduites par étapes et sans interrompre les traditions générales de la société Les moyens pour infléchir la redistribution des revenus en direction de la consommation ? Keynes recommande l'action de l'Etat par des politiques fiscale et budgétaire redistributrices pour réduire l'inégalité des fortunes, injustifiée et incompatible avec une consommation élevée. C'est l'un des modes d'intervention qui sera privilégiée après-guerre, durant les Trente glorieuses, à travers les politiques de relance, essentiellement conjoncturelles. [...]
[...] Une remise en question de l'économie de marché ? l'euthanasie du rentier et du capitaliste oisif Keynes préconise des interventions relativement radicales qui remettent en cause la vision libérale du fonctionnement de l'économie : c'est le cas lorsqu'il propose la réglementation des activités boursières et l'« euthanasie du rentier et du capitaliste oisif Ce qu'il remet ici en cause, c'est le bon vouloir que peut exercer le rentier et le capitaliste oisif sur leurs biens, alors que ces derniers sont des sources essentielles permettant l'investissement et la production qui permettraient de relancer l'économie vers le plein emploi. [...]
[...] II] La nécessité d'une politique budgétaire active dans un contexte de relance économique Quel rôle assigne-t-il à la politique budgétaire ? Keynes se prononce nettement en faveur d'un rôle important de la politique budgétaire, notamment lors des périodes de dépression de l'économie. Il part du principe que la politique budgétaire est souhaitable dans le sens où la stimulation de l'investissement public peut permettre la reprise de l'investissement privé, ce qui constitue ainsi le meilleur moyen pour retrouver une situation de plein emploi : l'investissement public est destiné à jouer un rôle complémentaire à l'investissement privé. [...]
[...] La politique budgétaire comprend ainsi deux volets complémentaires : l'action sur l'investissement public et l'action sur les dépenses budgétaires. La socialisation de l'investissement à laquelle Keynes fait allusion met en avant cette idée : l'État, par les politiques économiques mises en œuvre, a un rôle fondamental à jouer, particulièrement dans les phases de dépression de l'économie. Une politique de relance par le biais de l'investissement public est une condition pour parvenir à un retour du plein emploi. En prenant en charge de façon assez systématique une partie de l'investissement social, l'État doit pallier l'incapacité de l'économie de marché à assurer la croissance et le plein emploi. [...]
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