Obsolescence, Club de Rome, consommation durable, marché capitaliste, décroissance
A la fin des années 1960 apparaît le Club de Rome. Le but de ce collectif d'économistes était à l'origine de faire apparaître les tensions sur les ressources naturelles disponibles. Dès 1972, le rapport Halte à la croissance annonçait l'épuisement des ressources naturelles. En parallèle et en conséquence, une pensée du développement durable se constitue : d'abord parce que la nouvelle donne écologique pousse fatalement les acteurs économiques à prévoir et à penser une nouvelle forme d'économie, et ensuite parce que le modèle économique capitaliste et libéral a montré ses limites dans les domaines environnementaux et sociaux. C'est ainsi qu'en 1987 le rapport délivré par la commission Brundtland définit le développement durable (« répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs »), considérant pour la première fois que la sphère économique était à faire correspondre avec les sphères écologique et sociale, et que l'objectif de durabilité était commun à ces trois sphères. Ce rapport servira de base à la conférence de Rio pour l'environnement et le développement (1992), où l'étrange expression de « consommation durable » apparaît. À première vue, cette expression est un oxymore, car consommer signifie détruire un bien, le faire disparaître par l'usage : ajouter «durable » à « consommation » apparaît donc comme antinomique. Cependant, « la juxtaposition de ces termes indique les contradictions dans lesquelles nous plonge le système économique de production/consommation »[1]. Mais face à la durabilité victorieuse, diverses attitudes ont été adoptées : la négation (on estime qu'on n'a pas le choix, il faut donc continuer dans le mode de consommation que nous connaissons aujourd'hui), la décroissance qui consiste à produire moins, pour moins polluer, c'est-à-dire réduire la création de richesse, réduire nos besoins donc consommer moins…
[...] D'un point de vue macroéconomique, cette innovation dynamise la production, donc l'emploi et participe à la sortie d'une période de sous-emploi. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce modèle s'établit vigoureusement dans les années 1930 (suite à la crise de 1929) et est encore cohérent aujourd'hui. Ainsi, la prime à la casse apparaît comme une aide de l'Etat pour dynamiser l'économie via une campagne visant à rendre obsolète les véhicules anciens. La production de biens, en étant soumise à l'obsolescence programmée, garantie une économie efficace, basée sur la consommation directe. [...]
[...] La consommation est la clé, plus largement, du système économique et productif que le monde a adopté depuis les années 1980. Il convient à ce titre de distinguer consommation intermédiaire (les biens absorbés au cours du processus de production) et consommation finale (les biens et services consommés par les ménages) : dans les deux cas, le bien n'est pas durable et ne doit pas l'être. Dans les années 1920, l'amélioration des systèmes productifs et industriels avaient mis au point des produits capables de durer étonnamment longtemps : par exemple, une ampoule installée en 1901 dans une caserne de pompiers californienne brille encore aujourd'hui. [...]
[...] Même si certaines mesures sont adoptées par les organes de gouvernance, le système semble imperméable à une réforme structurelle du fait d'intérêt stratégique et privées puissants. Il faut ajouter qu'en plus, un mode de consommation durable, du point de vue des adeptes de la décroissance, apparaît comme une fausse solution, étant donné qu'une société de consommation, même si elle est durable, évolue forcément dans un système économique traditionnel. Il semble alors que les apparentes actions favorisant la consommation durable ne soient qu'un camouflet d'écologisme et de socialisme. [...]
[...] Un tel exemple est un modèle de durabilité faible : par un acte volontariste, l'homme peut annuler les effets néfastes de son activité sur l'environnement. Ces actions, certes sporadiques sont néanmoins bénéfiques, et sont les preuves d'une confiance dans le progrès technique. Il semble aujourd'hui que le type de développement promu par les organes de gouvernance (les Etats, les entreprises et les organisations internationales – ONG ou structures tels le FMI), se solde forcément par le développement durable et la fin de la pollution. [...]
[...] Ce dernier mot n'a pas été choisi au hasard, car toujours, les grandes utopies ont fait évoluer le système vers un meilleur. Ainsi, aujourd'hui, le modèle de consommation durable ressemble à une façade donnée au capitalisme pour le rendre acceptable, mais la manière dont la consommation durable a évolué ces dernières années, en faisant du citoyen un organe de gouvernance à part, laisse entrevoir une nouvelle forme de consommation, qui peut être précurseuse d'un nouvel ordre économique et social. Cette tendance au retour à la terre et à la frugalité consacre la consommation duralbe comme le parangon d'un modèle de décroissance inconscient et d'un système de solidarité nouveau. [...]
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