Mythe de Sisyphe, fordisme, économie moderne, odyssée, travaux et les Jours d'Hériode, Éole, Enarété, taylorisme, immigrants, Europe centrale, Italie, Céline, Voyage au bout de la nuit, Chaplin
Les mythes, récits cosmogoniques des peuples à l'origine de notre histoire (l'Odyssée, Les travaux et les Jours d'Hériode) sont traditionnellement conçus comme une façon illusoire d'appréhender la réalité et de la vivre. Ils deviennent, malgré l'exposition doctrinale prenant la forme de récits allégoriques, irrationnels, et pour la connaissance, une moindre valeur. Fort de ce constat, l'homme est ainsi parvenu à opposer à la pensée mythique la pensée scientifique : la première, fourvoiement et impuissance, doit être combattue par la seconde autorisant à l'humain par la technique une domination du monde et de la nature.
Toutefois, cette approche n'est pas sans soulever un problème fondamental : comment serait-il possible qu'au cours des siècles, le développement scientifique n'ait pas finalement réussi à abolir la pensée mythique ? Alors même que ces mythes restent ancrés dans l'inconscient collectif (Jung), à quoi fait référence la notion moderne de démythification ?
[...] L'appréhension dévalorisante du mythe n'est possible que dans la perspective des Lumières et d'un progrès de la raison humaine. Les concepts idéologiques qui naissent au XVIIIe siècle sont autant de façons de repenser la société autour de ces deux nouvelles valeurs que sont l'utilité et le bonheur individuel, perceptible essentiellement dans un futur plus ou moins lointain. C'est ainsi que l'origine vient à être toujours nécessairement pensée comme irrationnelle, le mythe en étant son expression la plus singulière. Plus de place au respect du passé de la Renaissance ; l'enfance de l'humanité n'est plus que source d'illusions, de connaissances imparfaites, de rêves. [...]
[...] de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Hans Jonas. [...]
[...] Parallélisme entre Sisyphe et la théorie du Taylorisme/Fordisme C'est à la fin du XIXe siècle que Taylor, dirigeant d'une fonderie américaine, décida de mettre en place l'organisation scientifique du travail. Son but était alors de faire travailler plus efficacement ses ouvriers, immigrants d'Europe centrale et d'Italie souvent enclins à la flânerie sur le lieu de production, en découpant les tâches productives de l'entreprise en opérations simples et répétitives. Peu de temps après, l'industriel Henry Ford prolongea cette organisation scientifique du travail en cherchant cette fois-ci à éliminer encore plus les temps morts : au lieu de déplacer la main-d'œuvre vers les matières premières, il les amena directement aux postes de travail grâce au convoyeur automatique, base même du travail à la chaîne. [...]
[...] Ainsi l'ouvrier, en tant qu'homme est doublement nié. Il lui faut en effet associer l'instinct de la bête et le caractère répétitif de la machine. Ce problème économique encore actuel dans notre société aurait pu toutefois être anticipé. Une interprétation du mythe de Sisyphe allant dans le sens de cette problématique est, dans ce cas, révélateur de la portée essentielle des mythes dans l'analyse des comportements sociaux. L'ouvrier fordiste des années 40, le travailleur du XXIe siècle et le personnage mythologique de Sisyphe, à la réflexion, ne sont guère différents. [...]
[...] Plus de crainte de Dieu, mais stress des affaires, faillite ou réussite. En douter serait, comme au Moyen-Âge remettre en question l'existence de Dieu, une pensée hérétique. Là est donc notre : avoir substitué à Dieu le Progrès en pensant que l'homme seul se suffisait à lui-même sans l'existence d'une autorité supérieure et divine. Le châtiment est alors sans appel : l'homme ne fondant plus sa vie dans l'espérance d'un autre monde, trouvera ainsi son existence totalement absurde, répétitive et sans intérêt. [...]
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