Le modèle de Domar et les doutes sur la capacité du capitalisme à assurer le plein emploi

Résumé du document

Modèle de CROISSANCE proposé par Everett Domar dans un article publié en 1947 dans l'American Economic Review et intitulé « Expansion and employment ».

Ce modèle se situe dans le prolongement des idées de KEYNES et veut attirer l'attention sur le pro¬blème du plein emploi lorsqu'on envisage l'évolution de l'économie dans le temps, période après période.

Domar suppose que l'économie se trouve en situation de plein emploi et s'interroge sur les conditions que le système doit vérifier pour que cette situation puisse se prolonger, donc sans apparition de chômage, dans le cas où le revenu national s'identifie à la capacité productive du pays.

Extraits

[...] Et c'est probablement une telle intervention que Domar appelait de ses voeux lorsqu'il a mis au point son modèle ; celui-ci est certes très rudimentaire, mais il suffit pour attirer l'attention sur le problème posé par la croissance dans les pays où les décisions d'épargner et d'investir sont prises par des agents différents. [...]

[...] Le modèle de Domar Modèle de CROISSANCE proposé par Everett Domar dans un article publié en 1947 dans l'American Economic Review et intitulé Expansion and employment Ce modèle se situe dans le prolongement des idées de KEYNES et veut attirer l'attention sur le problème du plein emploi lorsqu'on envisage l'évolution de l'économie dans le temps, période après période. Le point de départ du modèle de Domar est l'égalité qui caractérise le MULTIPLICATEUR KEYNÉSIEN : avec c compris entre 0 et égalité qui montre que les variations du revenu national dépendent à la fois de celles de l'investissement , et de la valeur de la propension marginale à consommer, c. [...]

[...] Elle peut aussi se mettre sous la forme : Domar conclut, au vu de cette équation, que pour maintenir le plein emploi, le taux de croissance de l'investissement doit être constant et égal à . Ainsi, pour un niveau d'investissement I donné et d'équilibre (c'est-à- dire de plein emploi), il ne continuera à y avoir plein emploi que si l'investissement augmente d'une quantité précise, égale à Or, comme il n'y a aucune raison pour que cette condition soit vérifiée dans une économie où les décisions sont prises de façon indépendante, décentralisée par de nombreux agents, la croissance équilibrée sans chômage ne peut avoir lieu que de façon exceptionnelle. [...]

[...] Et même si elles le faisaient, le problème ne serait que repoussé, les nouveaux investissements venant s'ajouter à ceux qui existent et augmenter d'autant (c'est-à-dire de ) la capacité de production ; d'où la nécessité pour maintenir le plein emploi d'une augmentation encore plus forte de l'investissement, et ainsi de suite. L'État peut jouer ici un rôle essentiel, en stimulant la demande sans augmenter l'investissement,car la formule est valable, dans l'optique de Keynes, pour toute variation de la dépense autonome ce qui évite la hausse de la capacité de production potentielle ; l'État peut aussi chercher à augmenter la propension à consommer en modifiant la répartition des revenus, par exemple, en taxant les revenus les plus élevés et en subventionnant les plus faibles, de façon à freiner la hausse de l'investissement nécessaire au maintien du plein emploi. [...]

[...] Il craignait donc, et avec lui la plupart des économistes de son époque, qu'après le boom des dépenses entraînées par la guerre, dépenses en bonne partie non productives, puisqu'elles ont surtout servi à l'armement, les contradictions du système, et notamment sa tendance à accumuler des capacités de production excédentaires, reprennent le dessus. On sait qu'il n'en est rien, puisqu'au contraire la période de l'après-guerre a été l'une des plus prospères dans l'histoire du capitalisme (les TRENTE GLORIEUSES Faut-il en déduire que l'analyse de Domar est erronée ? Pas forcément, car cette période s'est caractérisée par une augmentation très importante de l'intervention de l'État dans l'économie, que ce soit de façon directe ou indirecte, avec une logique qui n'est pas la même que celle du système laissé à lui-même. [...]