Depuis la fin des années 1970, un tournant néolibéral a été pris dans les systèmes politiques et économiques des pays de l'OCDE, ce qui n'a pas été sans conséquence pour les sociétés des pays développés et des pays en développement. Ainsi, le retrait croissant de l'État (dans ses aspects d'autorité réglementaire et de filet de sécurité sociale) et l'omniprésence du marché ont fait place à de nouvelles problématiques en terme de mobilisation de la société civile.
Ce double mouvement s'est accompagné d'une redéfinition à la fois de la coopération internationale et de la solidarité à l'intérieur des nations, donnant lieu à une multiplication des initiatives et des organisations qui rentrent difficilement dans les schémas de la traditionnelle dichotomie secteur public/secteur privé. De nombreuses études se sont penchées sur la façon dont chacun de ces secteurs était à même de créer, d'entretenir ou d'appauvrir le capital social.
Mais peu se sont interrogées sur les conséquences de l'émergence du tiers secteur sur ce capital, et ce d'autant plus que la notion de « capital social » peine à voir un consensus émerger autour de sa définition précise. D'où l'importance d'effectuer un travail de définition des principaux concepts découlant de cette problématique : le capital social et le tiers secteur.
[...] Parmi les théoriciens des pratiques des ONG, une grande distinction entre les conceptions du rôle des ONG s'est historiquement opérée depuis leur apparition. Ainsi, on distingue une conception dunantiste des ONG (du nom du fondateur suisse de la Croix Rouge, Dunant) d'une conception wilsonienne (du nom de président américain Wilson) : la première fait référence à une configuration dans laquelle les ONG affirment l'indépendance de leur intervention par rapport aux pouvoirs publics du pays duquel elles proviennent. Par opposition, la conception wilsonienne fait référence à une configuration dans laquelle les ONG sont utilisées comme une prolongation de la politique étrangère du pays, comme une arme supplémentaire de géopolitique. [...]
[...] TRANSITION : Nous avons vu que le tiers secteur pouvait contribuer à l'émergence d'une nouvelle forme de capital social ou contribuer à l'entretenir ; et qu'il pouvait apparaître comme une nouvelle forme d'action politique pour la société civile, notamment lorsque les politiques publiques s'avèrent insuffisantes ou défaillantes. Cela revient à reconnaître en quelque sorte les vertus du tiers secteur en termes de cohésion sociale. Mais le tiers secteur ne comporte-t-il que des aspects positifs ? N'y a-t-il pas un côté sombre pour ce nouvel acteur du capital social ? II. [...]
[...] La présence de pétrole n'est sans doute pas innocente dans les stratégies de choix du terrain d'intervention : par exemple, la situation des enfants au Congo est également dramatique mais largement ignorée des grandes ONG, tant le potentiel géostratégique de cette région est faible comparativement à celui du Soudan. Ainsi, on peut voir que le manque de transparence dans les intentions des décideurs au sein des ONG n'est pas neutre pour le capital social du terrain sur lequel elles interviennent. [...]
[...] Les impacts négatifs du tiers secteur sur le capital social A. Les risques d'instrumentalisation : une version paternaliste ou stratégique du tiers secteur. La démarche humanitaire qu'incarnent les grandes ONG ne doit pas faire oublier les enjeux de pouvoir qui se jouent en leur sein. Comme dans toute organisation humaine, il faut distinguer leur action sur les publics cibles des rapports de pouvoir qui s'exercent en leur sein. Ici, l'origine des fonds adressés aux ONG et les intentions de leurs donateurs entrent en ligne de compte pour comprendre l'orientation de leurs politiques. [...]
[...] On pourrait donc penser que le capital social serait déterritorialisé dans la mesure où il ne s'attache plus uniquement, du moins à l'échelle internationale à un territoire bien délimité ou tangible. On peut également chercher à établir une distinction opérée par Coordination Sud, la plateforme des ONGs françaises - entre les ONG de développement (qui ont pour but d'établir des relations de partenariat de long terme avec les populations locales pour qu'elles puissent assurer de façon autonome leur propre développement économique et social) et les ONG d'intervention dans l'urgence. [...]
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