L'observation empirique de l'économie mondiale amène rapidement à déceler une corrélation entre les zones à forte croissance économique et les taux d'investissement rapportés à la richesse nationale. De même l'étude de l'histoire économique contemporaine permet de constater que de 1980 à 1998, le Japon a vu son PIB augmenter de plus de 70 % alors que son niveau d'investissement a augmenté de plus de 80 %.
Existe-t-il un lien entre investissement et croissance ou ces deux phénomènes ne sont-ils que corrélés ? Quels liens l'investissement, c'est-à-dire l'acquisition de biens durables en vue de l'incorporation dans le processus de production, et la croissance, définie par F. Perroux comme "l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, le produit global net en terme réel", entretiennent-ils ?
[...] Pour produire davantage, une hausse de l'investissement est nécessaire, mais elle a deux effets indépendants : - un effet revenu sur la demande, selon le principe du multiplicateur keynésien qui dépend du taux d'épargne ; - un effet de capacité, c'est-à-dire une augmentation de l'offre dans une proportion fixée par le coefficient de capital. Rien ne garantit à l'avance que l'augmentation de la demande et l'augmentation de l'offre se compensent, car le taux d'épargne et le coefficient de capital sont deux variables indépendantes. L'approche keynésienne justifie donc l'intervention de l'Etat pour garantir une croissance s'approchant du plein emploi. En cas de baisse de l'investissement privé, les investissements publics (grands travaux, dépenses de formation et d'éducation) jouent un rôle primordial pour relancer la croissance économique via l'effet du multiplicateur. [...]
[...] L'investissement explique donc en partie la croissance économique. Si la théorie de la croissance endogène néglige l'apport de l'investissement dans le processus de croissance, les autres théories économiques s'accordent globalement sur l'influence qu'exerce l'investissement sur la croissance. Pour les néo-classiques, le rôle de l'investissement est essentiel dans la croissance puisqu'il permet l'accroissement d'un facteur de production et que toute augmentation des facteurs de production accroît le PIB potentiel, c'est-à-dire le niveau de production maximale qu'un pays est capable de réaliser. [...]
[...] On peut de ce point de vue distinguer les investissements aux effets économiques majeurs (construction d'un pont, investissement dans l'éducation et la scolarisation à l'échelle d'un pays), d'investissements de portée plus relative (construction d'une usine, modernisation d'une chaîne de production). L'école keynésienne a mis en lumière l'effet de l'investissement sur la demande et indirectement la croissance. D'un point de vue conjoncturel une reprise durable passe par une reprise de l'investissement, car l'investissement est une des deux composantes de la demande intérieure (l'autre étant la consommation finale) et un poste essentiel pour certains secteurs (ceux produisant des biens d'équipement, ainsi que pour le bâtiment). [...]
[...] Néanmoins si l'on considère l'investissement net, l'investissement apparaît favorisé par le climat économique en période de croissance. Les entreprises investissent en fonction de ventes attendues, donc de la demande de biens. Pour répondre à une variation de la demande, elles sont donc conduites à augmenter leurs capacités de production, c'est-à-dire le stock de capital fixe présent dans les entreprises. S'il existe des capacités de production inutilisées, les entreprises peuvent répondre à l'augmentation de la demande sans investir. Dans le cas où le taux d'utilisation des capacités de production atteint son maximum, les entreprises doivent effectuer des investissements de capacité[1] ou des investissements de productivité[2] pour répondre à l'augmentation de la demande. [...]
[...] En effet, lorsque les entreprises investissent, le flux de dépenses qu'elles réalisent donne lieu à une distribution de revenus. Les entreprises fabriquant les biens d'équipement par exemple voient leurs recettes augmenter, mais aussi leurs salariés. Or, ces agents économiques vont à leur tour utiliser leurs revenus. Ils vont soit consommer soit épargner. Dans ce contexte, l'épargne représente une fuite, puisque la part du revenu qui est épargnée n'est pas consommée et ne conduit pas à de nouveaux investissements et à de nouvelles distributions de revenus. [...]
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