Présenté parfois comme le « Marx de la bourgeoisie », Max Weber s'est attaché dans ses travaux à décrypter la dimension sociale de l'activité humaine. Il pose ainsi que parvenir à l'intelligibilité de la vie sociale ne peut se faire si l'on se base seulement sur les facteurs extérieurs. Cependant, il refuse toute détermination économique à l'instar de Marx mais perçoit les relations sociales comme pétries par les luttes. Elles sont donc à analyser en termes de domination.
Par ailleurs, Max Weber se caractérise par sa volonté d'ancrer son analyse dans une démarche de constante validation empirique. Dans cette optique, évaluer les types idéaux de domination wébériens à la lumière des systèmes politiques contemporains est d'un réel intérêt puisque cette analyse est au cœur de la démarche wébérienne.
Il s'agit en effet de se demander dans quelle mesure l'évolution des systèmes politiques s'inscrit ou non dans l'idéal politique de domination légale rationnelle de Max Weber.
[...] A ce propos, nous pouvons noter que le régime présidentiel apparaît comme le système politique le plus à même de réunir les trois modes de domination. Les Etats-Unis, par exemple, ont un système pluridominationnel, puisqu'il réunit à la fois une domination fortement charismatique basée sur une hyperprésidence, une domination traditionnelle fondée sur la légalité historique des pères fondateurs et sur la descendance spirituelle que s'octroieraient les dirigeants actuels, et une domination légale rationnelle, conçue sur une administration puissante et légitimée par sa valeur. Même si les idéaux types wébériens nous permettent de comprendre de nombreux systèmes politiques, il convient de relativiser leur portée. [...]
[...] Les idéaux types wébériens et leur application dans les systèmes politiques actuels Les idéaux types sont des formes pures de domination. A ce titre, il n'est pas possible de les retrouver dans la réalité en tant que tels. En revanche, nous pouvons les évaluer en tentant de retrouver leur forme hybride parmi les systèmes politiques. A. Les formes premières de dominations, les dominations charismatiques et traditionnelles Nombre d'anthropologues nous montrent dans leurs études sur les sociétés primitives qu'il existe des sociétés tribales fondées sur la croyance en la supériorité d'un chef. [...]
[...] Dans le cas de la domination légale, l'obéissance s'adresse aux règles et non à la personne tandis que pour les deux autres formes de domination elle repose sur l'autorité personnelle Il y'a donc une impersonnalité dans les rapports de domination moderne, qui fait partie du processus d'objectivation des relations sociales. Cette objectivation est pensée par Weber comme l'un des aspects caractéristiques de la modernité. Par ailleurs, il faut souligner que cette analyse des formes de domination politique correspond davantage à des types de soumission. Weber ne marque pas d'intérêt pour les techniques, ni pour l'organisation, ni pour les motivations du pouvoir mais, bien plutôt pour les principes de légitimité qui les fondent. L'idéal type légal- rationnel est exemplaire à cet égard. [...]
[...] On va donc vers une société organisée de manière toujours plus rationnelle et bureaucratique et qui est, en un sens, selon l'expression de Raymond Aron, dépouillée de ses charmes et aveugle Il y'a donc une aporie réelle entre les idéaux rationnels qui préludent à la création de l'Etat moderne et la logique purement fonctionnelle que ces institutions finissent par développer. Conclusion La domination se définit selon Weber par toute chance, pour des ordres spécifiques, de trouver obéissance de la part d'un groupe déterminé d'individus. [...]
[...] Cependant, une critique que l'on peut faire à Weber est celle de son intérêt exclusif pour la civilisation occidentale. En effet, il est remarquable que lorsqu'il traite de civilisations étrangères dans leurs aspects religieux, économique, juridique ou politique, il n'en retient que le contraste avec la civilisation occidentale. Ainsi, dans son avant-propos à l'Ethique économique des grandes religions du monde, il ne fait pas du tout mystère de son parti pris européocentriste : c'est de propos délibéré que ces études mettent l'accent, dans chaque domaine de la culture, sur ce qui était et ce qui est en opposition avec le développement de la civilisation occidentale. [...]
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