Herbert Alexander Simon fut sans doute l'économiste le plus polyvalent de sa génération. Il a influencé profondément les sciences économiques et sociales, ainsi que les sciences de la gestion. Sa bibliographie comporte près de 1000 publications qui ont jusqu'à un certain point affaibli son influence, du moins provisoirement, en le rendant inclassable. Il est né à Milwaukee, Wisconsin, le 15 juin 1916. Son enfance et son adolescence se déroulèrent dans un milieu d'intellectuels, avec sa mère passionnée de musique et son père de lecture. Initialement porté vers les sciences exactes, il va être très rapidement influencé par son oncle Harold Merkel , qui va l'initier aux sciences sociales et en particulier à l'économie. Herbert Simon est avant tout le pionnier de la multidisciplinarité, mais il est le fondateur de trois nouvelles sciences : l'intelligence artificielle en 1956, les sciences de la décision en 1960 et les sciences de la cognition en 1976.
Pour les économistes néoclassiques, les individus dits "Homo oeconomicus" sont parfaitement rationnels ce qui signifie qu'ils ont des objectifs explicites et stables dans le temps. Par conséquent, ils maximisent leurs utilités sous contraintes. En effet, lorsqu'ils sont confrontés à une prise de décision ils choisissent toujours la solution optimale, car ils connaissant toutes les solutions possibles ce qui est lié au fait qu'ils ont une information parfaite de l'ensemble des prix des biens ainsi que ceux des biens substituables. Dans ce cas, la prise de décision est très simplifiée puisque les individus rationnels n'ont qu'un choix possible. Cependant, Simon va montrer dans son livre publié en 1947 que la prise de décision optimale est impossible, car les individus ont une rationalité est limitée.
[...] De même, les individus sont confrontés à une représentation subjective de leur environnement. Cette limitation des possibilités pour les individus de saisir leur environnement dépend de leur représentation du monde. En effet, celle-ci est influencée par le milieu économique et social dans lesquels les individus vivent. Cette représentation détermine en partie le contenu d'une décision et la manière dont elle sera prise : si nous acceptons qu'à la fois la connaissance et la puissance computationnelle du preneur de décision sont sérieusement limitées, alors nous devons distinguer entre le monde réel et la perception qu'en ont les acteurs et raisonner sur cela. [...]
[...] Ceux-ci portent, en effet, sur les problèmes de choix publics dans le cadre des administrations locales. Sa démarche débouche, en 1947, d'Administrative Behavior[2]. Après un court séjour (1939-1942) à l'Université de Berkeley, Simon travaille à l'Illinois Institue of Technology de 1942 à 1949. Cet épisode marque un tournant parce que Simon développe son intérêt pour les caractéristiques technologiques de la production, mais surtout pour une nouvelle discipline les computers science. Il y trouve, par ailleurs, l'occasion de fréquenter la commission Cowles, célèbre pépinière d'une génération d'économistes particulièrement brillants (Gérard Débreu, Tjalling Koopmans) où ils participent aussi des chercheurs comme Arrow[3], Patinkin[4] ou Friedman[5]. [...]
[...] En récompense de ses recherches, basées selon trois axes, Simon reçoit les plus hautes distinctions dont le prix Nobel d'économie, en 1978, pour sa théorie de la rationalité et économie de la décision dans les organisations, la médaille Turing, en 1975, avec Allen Newell pour l'intelligence artificielle et la théorie de l'information ainsi que la médaille de l'American Psychological Association, en 1993, pour la psychologie cognitive et processus d'apprentissage. Herbert Simon est avant tout le pionnier de la multidisciplinarité mais il est le fondateur de trois nouvelles sciences : l'intelligence artificielle en 1956, les sciences de la décision en 1960 et les sciences de la cognition en 1976. [...]
[...] En fait, il ne s'inscrit pas dans un courant de pensée existant en économie des organisations, mais marque, au contraire, l'ouverture d'une nouvelle forme de réflexion sur la rationalité des agents. Il est ainsi l'un des auteurs les plus cités dès que la rationalité limitée est posée comme hypothèse. En théorie des organisations, les travaux de Le Moigne[8] sur la modélisation des décisions (1977) et le constructivisme (2002) sont directement inspirés par la réflexion de Simon. De la même manière, les travaux de Mongin[9] sur la rationalité (1984, 2002) peuvent être lus comme un prolongement et un approfondissement du concept de rationalité limitée de Simon. [...]
[...] Dans ce cas, les individus ne cherchent pas la solution optimale mais la solution la plus satisfaisante. Pour cela, ils se fixent un niveau d'aspiration, et comme les néo- classiques commencent leurs calculs. Cependant, à la différence des néo- classiques dès qu'une solution permet d'atteindre le niveau d'aspiration fixé ils arrêtent leurs recherches. En effet, lorsque les individus doivent faire un choix ils suivent une procédure en fonction des buts qu'ils se sont fixés et de leur environnement. Cette procédure consiste à générer les différentes alternatives possibles et leurs conséquences. [...]
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