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« Posez au capitalisme avec insistance une seule question spirituelle importante et il meurt s'il ne réussit pas à l'anéantir ou à la refouler » écrit Anne Hébert, poétesse québécoise décédée en 2000.
En effet, là est le défaut premier du système capitaliste : son absence de philosophie, de morale, d'éthique interne. Depuis son apparition il y a plusieurs siècles, le capitalisme s'est justifié et légitimé en se basant sur des pensées extérieures, relevant de la religion ou de la philosophie. Mais aujourd'hui, à une époque troublée par la crise financière, le capitalisme semble bien nu : il est remis en cause de toute part, on l'accuse d'être illégitime même si l'on n'a pas de véritable système alternatif à proposer depuis la chute du communisme.
Le capitalisme, « système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échange, sur la liberté du marché et sur le salariat », selon la définition de Marx, n'a semble-t-il plus besoin de légitimation pour vivre et se développer. Pourtant, le discours éthique actuel : éthique des affaires, éthique d'entreprise... semble attester d'un retour de la morale en économie.
Ainsi, le capitalisme chercherait-il à reproduire actuellement l'héritage culturel et historique sur lequel il s'est développé, tout en l'usant pourtant toujours plus ? Le récent réveil du souci éthique serait-il un signe de réappropriation de valeurs perdues, ou la poursuite du mouvement de désintégration des valeurs ?
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Dans le but de répondre à aux multiples interrogations posées par écrit ci-dessus, il nous faut dans un premier temps nous pencher sur cet héritage culturel et historique du capitalisme, et pour cela remonter au 15e siècle, siècle de l'apparition concomitante du capitalisme et du protestantisme. Puis, par un bref parcours chronologique, nous suivrons le temps jusqu'à notre époque pour saisir l'évolution globale du capitalisme, observer les liens entre capitalisme et éthique, et comprendre pourquoi, peut-être, un « retour aux sources » est envisagé.
[...] Mais l'éthique économique ne peut lutter, ce qui débouche sur cette tendance à l' « économisation » de la sphère éthique, même si les apparences montrent le contraire. On peut alors se demander avec Jürgen Habermas : L'éthique économique pourra-t-elle s'imposer face à la fragilisation des éthiques transcendantes, et redonner du sens à l'activité économique ? Bibliographie : Livres : ANNE SALMON, Moraliser le capitalisme ? 2009 MAX WEBER, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme Gallimard ANDRE COMTE-SPONVILLE, Le capitalisme est-il moral ? [...]
[...] L'éthique est alors, comme on l'a vu plus haute, centrée sur le collectif de travail. Le progrès correspond à la « marche en avant de l'Humanité », selon la définition généralement donné. Il apparait comme une puissance qui agit sur l'humanité et qui la domine : elle correspond en quelque sorte à une « laïcisation de l'idée de Providence » selon les termes d'A. Salmon. Elle prend la valeur d'un culte : Pierre Leroux, dans A la source perdue du socialisme français, fournit un exemple frappant de quasi-déification de l'idée de Progrès par une analogie entre d'une part un ensemble « Réalité – Idéal – Progrès » et d'autre part le triptyque « Père – Fils – Esprit » : selon la pensée chrétienne ce sont trois substances qui n'en forment qu'une. [...]
[...] Cependant cela montre tout de même que l'éthique est devenue un sujet de préoccupation et un enjeu pour les entreprises, ce qui, à mon avis, est une bonne nouvelle à une époque où le capitalisme est tellement rationalisé qu'il en devient complètement absurde. Conclusion : Le capitalisme est il moral ? Morale n'est pas éthique, J. Habermas nous l'expliquait au début de cette étude, d'où le caractère un peu hors-sujet de cette question. Cependant, l'analyse du philosophe André Comte-Sponville sur ce sujet est pertinente et c'est pourquoi je souhaiterais l'évoquer en conclusion. [...]
[...] C'est dans cet « esprit » que, selon Weber, le capitalisme trouve sa forme d'expansion. Si la référence à la religion s'est atténuée au fil du temps, cette racine protestante reste la base de l'éthique occidentale bourgeoise du 18e siècle, dont le contenu moral et le caractère individualiste sont enracinés ds la tradition chrétienne. Cependant, il faut garder à l'esprit de ceci n'est que la thèse de Max Weber. Elle est critiquable et a d'ailleurs été critiquée à maintes reprises, notamment par l'historien F. [...]
[...] En effet, à partir des années 1950, les échanges et la communication prennent le pas sur la fabrication : le capitalisme industriel se transforme en capitalisme de services. Cette transformation est accélérée par la mondialisation, la primauté de l'action sur la fabrication provoque un affaiblissement brutal de l'homo faber. Ainsi, le déclin du progrès et l'érosion de l'éthique progressiste sont deux phénomènes corrélatifs. Dès lors, si la croyance dans le Progrès s'effrite, le capitalisme perd du même coup sa légitimation. Il apparait de moins en moins évident pour le système économique de trouver un système de justification et légitimation. [...]
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