Sciences humaines, économie, théories des économistes, libéralisme économique, validation par l'expérience
Il a été souvent reproché aux sciences humaines, en particulier à l'économie de ne pas être de « véritables » sciences, comme le seraient les sciences de la nature : ce reproche porte en particulier sur deux points. D'une part, son incapacité à prévoir les crises, qu'on pourrait opposer à celle que possède par exemple la géologie à prévoir des séismes. D'autre part, il est souvent fait une confusion entre les théories des économistes et les doctrines qu'ils prêchent (comme Bernard Maris dans son Antimanuel d'économie, 2006), voyant dans les modèles bâtis par les économistes actuels une justification du libéralisme économique.
[...] Il semblerait donc que l'économie ne se distingue pas des autres sciences par un savoir d'une exactitude plus contestable. S'il est vrai que si l'on prend comme critère de scientificité la réfutabilité des hypothèses au sens de Popper, l'économie semblerait un peu en retrait par rapport aux sciences dures, du fait de la difficulté d'infirmer, voire même de tester les hypothèses. Cependant, cette définition idéale a été rapprochée de la réalité, tout d'abord par Kuhn : celui-ci exprime l'idée que la science ne progresse pas continuellement par réfutation successive des hypothèses, mais par bonds, lors de changements de paradigmes (des vérités et des méthodes acceptées par la majorité de la communauté scientifique) : ainsi, on est passé de la théorie de la gravitation de Newton à celle de la relativité d'Einstein, comme on est passé de la théorie néoclassique à la keynésienne . [...]
[...] Il dispose pour cela de plusieurs outils : la modélisation mathématique en est une, puisqu'elle substitue des données globales, macro-économiques à des actions individuelles qui pourraient être interprétées, et même jugées par le chercheur. De même, la création de types idéaux s'ils ne reflètent pas une réalité exacte, permet quand même une fonction heuristique, en faisant comme si le modèle était efficace ; on pense notamment au modèle de l'homo oeconomicus, maximisateur et totalement rationnel, qui ne correspond à aucun être humain réel, mais qui peut être considéré comme existant sur le marché. Enfin, le dernier critère de validité d'un savoir scientifique est la validation par l'expérience. [...]
[...] Peut-on affirmer que l'économie n'est pas une véritable science ? Pour permettre de répondre à cette question, il importe de définir clairement le terme de science Selon H. Spencer, la science est du savoir organisé Cette définition, très large, pourrait être affinée, en considérant la science comme un ensemble de connaissances caractérisées par un objet et une méthode déterminés, fondé sur un ensemble de relations objectives véritables Nous allons démontrer que l'économie est admise dans cette définition de la science, tout d'abord en démontrant son objectivité et son but théorétique, puis en nous intéressant aux conditions de production du savoir économique. [...]
[...] Ainsi, il est absurde de considérer les économistes comme des charlatans, mais il ne faut cependant pas verser dans le scientisme et croire les sciences, et l'économie en particulier, capable de tout découvrir : on pourrait à ce propos reprendre la métaphore d'une pierre dévalant une pente de Spinoza : s'il est possible qu'on parvienne dans les grandes lignes à repérer les points influençant la trajectoire de cette pierre, on ne peut pas prévoir avec une totale exactitude où elle tombera, du fait d'un trop grand nombre de facteurs (vent, malléabilité du sol . De même, l'économie ne permet que de déterminer de grandes tendances, mais pas de prévoir avec précision le comportement de chacun. [...]
[...] L'économie est-elle une véritable science ? Il a été souvent reproché aux sciences humaines, en particulier à l'économie de ne pas être de véritables sciences, comme le seraient les sciences de la nature : ce reproche porte en particulier sur deux points. D'une part, son incapacité à prévoir les crises, qu'on pourrait opposer à celle que possède par exemple la géologie à prévoir des séismes. D'autre part, il est souvent fait une confusion entre les théories des économistes et les doctrines qu'ils prêchent (comme Bernard Maris dans son Antimanuel d'économie, 2006), voyant dans les modèles bâtis par les économistes actuels une justification du libéralisme économique. [...]
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