Dissertation visant à porter un jugement sur la politique macroéconomique de la France depuis 1983. Dans un article du Monde d'avril 1986, Jean-Baptiste de Foucault a, le premier, employé l'expression « désinflation compétitive » en l'opposant à « dévaluation compétitive ». Ce faisant, il ne faisait que conceptualiser le tournant accompli en 1983, date de la dernière grande dévaluation franc-mark, par la politique économique française, tournant consistant à substituer à un pays à forte inflation et à la monnaie faible, un pays à faible inflation et à la monnaie stable.
[...] La désinflation compétitive permet progressivement d'abaisser le niveau des taux d'intérêt du marché. En effet, dans un espace économique intégré, l'économie qui a l'inflation la plus faible, la compétitivité monétaire la mieux assurée et la monnaie la plus solide joue le rôle de valeur refuge, ce qui a un effet à la baisse sur les taux d'intérêt. La désinflation compétitive s'appuie sur des éléments de politique économique qui vont dans le sens d'une augmentation de l'épargne et de l'investissement productif, donc dans le sens d'une plus grande croissance économique. [...]
[...] * B - Les acquis de cette politique sont incontestables. En ce qui concerne la désinflation, la France a certes bénéficié du mouvement général qui s'est produit à l'échelle mondiale et européenne. Elle a cependant obtenu des résultats encore meilleurs que ses partenaires : proche de 14% au début des années 1980, l'inflation est passée de en 1983 à en 1996. Dans le même temps, l'inflation moyenne des pays de l'UE est passée de à et celle de l'Allemagne de à 1,5%. [...]
[...] Cette politique ne doit pas être accusée de tous les maux : les problèmes de l'économie française ne sont pas plus accentués que ceux de nos partenaires, que ce soit en termes de croissance ou de chômage. En ce qui concerne la croissance, la désinflation compétitive ne s'est pas accompagnée d'une disparition de la croissance ou même d'une croissance moindre en France que dans les autres pays de l'OCDE, exception faite des Etats-Unis, du Canada, et surtout du Royaume-Uni : sur les dix premières années de mise en œuvre de cette politique (1983-1993), la croissance cumulée atteint ce qui n'est pas négligeable compte tenu des récessions mondiales qui ont marqué le début et la fin de la période. [...]
[...] * * * La politique macro-économique conjoncturelle menée par la France depuis 1983 a été inefficace dans la mesure où elle n'a pas atteint ses objectifs finaux, mais seulement ses objectifs intermédiaires. Cependant, grâce à la désinflation compétitive, l'appareil productif français a pu se moderniser et s'assainir, ce qui était de toute façon nécessaire pour espérer un retour de la croissance. C'est pourquoi il ne faut pas remettre en cause les acquis de cette politique ; il n'est pas nécessaire de poursuivre la politique de désinflation compétitive telle qu'elle a été menée depuis 1983, il faut simplement lui donner une nouvelle orientation qui permettra en France de surmonter ses difficultés actuelles. [...]
[...] Parti de de la population active en début de période, le taux de chômage est monté en 1987 à un premier maximum local de 10,5%. Il est redescendu en 1990, sans jamais passer en dessous du plancher de 8,9%. Ce plancher est significatif en ce sens qu'il montre que la réduction du chômage a été très limitée pendant les trois années précédentes, pourtant années de forte croissance et de forte création d'emplois ( emplois créés en trois ans). La politique de désinflation compétitive n'a donc pas permis d'endiguer la progression du chômage non conjoncturel. [...]
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