L'expression « Das A. Smith Problem » illustre les interrogations sur la relation entre l'économie et la morale chez Adam Smith. Notamment, on peut s'interroger sur son agent économique, unité de base de son analyse. Est-il aussi un sujet moral ou s'apparente-t-il seulement à l'homo oeconomicus de la micro économie ? Il s'agit de comprendre l'articulation entre l'attitude du sujet moral de La théorie des sentiments moraux et le comportement de l'individu intéressé de La Richesse des nations.
L'enjeu est de savoir comment le comportement de l'agent peut résulter à la fois de mobiles moraux et de mobiles égoïstes.
Dans une première partie nous étudierons le caractère moral de l'agent de Smith, puis nous montrerons que l'homo oeconomicus est subordonné au sujet moral. Enfin, nous verrons dans quelle mesure l'intérêt et la vertu peuvent coexister au sein de l'individualité humaine.
[...] Au vu du principe de sympathie, l'agent économique de Smith est donc un sujet moral dans le sens où ses intentions le sont. Dupe de l'illusion du luxe, il voit son intérêt dans l'enrichissement. II- L'homo oeconomicus est subordonné au sujet moral L'agent de Smith, intentionnellement moral, s'engage dans la poursuite de l'enrichissement, du fait des limites de la sympathie à former un jugement impartial. La détermination des fins de l'individu, à savoir la recherche de la richesse, émane donc du sujet moral, animé de passions et doué de sentiments moraux. [...]
[...] Connaissant ainsi la valeur des marchandises, l'homme calcule ensuite le rapport entre la peine de son travail et le profit qu'il en attend. La première partie de la dissertation nous a amené à conclure que l'agent de Smith est un sujet moral, qui se veut vertueux. Dans ce sens, il n'est pas égoïste. Puis nous avons décrit un homo oeconomicus qui n'agit que par intérêt. Toutefois, ces deux aspects, moral et économique sont compatibles. Ils ne sont pas en contradiction car ils sont de deux genres différents. [...]
[...] L'agent économique serait donc un individu moral, mais égoïste dans l'échange. Par ailleurs, le principe de sympathie apparaît également dans la théorie de la mesure de la valeur de Smith, fondée sur la peine au travail. Ce que toute chose vaut vraiment pour l'homme qui l'a acquise, et qui désire s'en défaire ou l'échanger contre quelque chose d'autre, c'est la peine et le mal qu'elle peut lui épargner, et qu'elle peut imposer à autrui. livre chapitre IV, La Richesse des nations. [...]
[...] L'homme peut être moral et se comporter comme l'homo oeconomicus puisque, bien que la bienveillance et l'amour des autres s'opposent à l'amour propre et à l'égoïsme, ils ne s'opposent pas à l'amour de soi et à la poursuite de son intérêt. En effet, l'amour propre et l'égoïsme relèvent d'un sentiment exclusif envers soi alors que l'amour de soi et la poursuite de son intérêt se réfèrent à l'amélioration de sa condition, qui n'exclut aucunement la prise en compte des autres. La bienveillance et l'amour des autres sont des vertus, de l'ordre du devoir moral tandis que la poursuite de son intérêt s'apparente à un principe économique. La vertu morale et l'intérêt sont de genres différents. [...]
[...] Ces deux sphères sont contenues dans la sphère large de la Nature. Ainsi, le désir d'améliorer son sort, comme pulsion naturelle, engage, d'une part, l'agent économique dans la recherche de la prospérité, et d'autre part, exhorte l'agent moral à maîtriser ses passions. Le désir d'améliorer son sort incite l'individu à épargner, «désir qui est en général, à la vérité, calme et sans passion, mais qui naît avec nous et ne nous quitte qu'au tombeau livre II, chapitre III, La Richesse des nations. [...]
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