Les théories du cycle visent à expliquer les fluctuations économiques qu'ont connues et que connaissent encore, les économies capitalistes, ou de marché. Ces fluctuations ont des caractéristiques propres, qui sont dues au fonctionnement du système lui-même, alors que dans les économies pré- capitalistes elles étaient essentiellement provoquées par des phénomènes extérieurs, à commencer par les variations climatiques qui affectaient la production agricole, dont la place dans la production totale était prédominante à l'époque. Lorsque ces fluctuations présentent certaines régularités, des périodes d'expansion suivies de périodes de récession, on parle à leur propos de «cycles» qui se succèdent les uns aux autres.
C'est ainsi que Clément Juglar (1819-1905) a cru déceler au 19éme siècle des cycles d'une durée d'environ dix ans dans les pays d'Europe en voie d'industrialisation. Plus tard, dans les années vingt, Nicolas Kondratieff a proposé de découper la période 1780-1920 en cycles bien plus longs, d'une cinquantaine d'années.
L'évolution a. en revanche, été plus irrégulière au 20éme siècle, qui a connu deux grandes guerres, une crise particulièrement profonde et prolongée (celle des années trente) et une longue période de croissance, unique dans l'histoire du capitalisme, les 30 glorieuses. En outre, l'action CONTRACYCLIQUE de l'Étal s'est alors largement développée, surtout dans la seconde moitié du siècle. Même si l'on peut encore déceler des phases d'expansion et de récession, les économies capitalistes de cette période sont plus caractérisées par des fluctuations limitées du taux de croissance que par une franche alternance de périodes de boom et de crise, telles qu'on se les imagine dès qu'on pense à des cycles.
[...] La tâche du modélisateur va donc être de trouver les spécifications qui lui permettent de mieux coller» aux données. Il n'essaie pas d'obtenir ces spécifications à partir d'observations sur les comportements, puisque le Robinson intertemporel de son modèle n'existe évidemment pas, et procède plutôt à l'envers; pour cela, il part de spécifications a priori, les soumet à des compare les trajectoires qui en résultent avec les évolutions observées, modifie si nécessaire la forme des spécifications et des chocs, etc., jusqu'à ce qu'il parvienne à une maquette qui reproduise de façon acceptable» (pour lui) l'évolution de la variable qui l'intéresse (par exemple le PIB du pays étudié). [...]
[...] En fait, les modèles de cycle réel ne composent pas de monnaie: ou alors on peut considérer que celle-ci y est complètement ENDOGÈNE, alors que chez les nouveaux classiques de la première vague elle est totalement EXOGÈNE. Comme par hypothèse, dans la théorie du cycle réel il y a plein emploi permanent des ressources, on dit parfois de cette théorie qu'elle représente des« cycles d'équilibre». En cela elle se distingue de la conception habituelle des cycles, présente aussi bien chez les KEYNÉSIENS que chez les MONÉTARISTES, selon laquelle ils sont la conséquence d'un dysfonctionnement (dû, par exemple, à une mauvaise coordination des choix individuels ou à l'action «perturbatrice» de l'État). [...]
[...] Toutefois, le modèle des chocs monétaires des nouveaux classiques peut difficilement être utilisé pour expliquer les cycles à cause d'une de ses hypothèses centrales, celle sur les ANTICIPATIONS RATIONNELLES, qui exclut tout écart quelque peu durable de l'économie par rapport à son évolution «naturelle» D'où la proposition faite par le courant dit du CYCLE RÉEL de considérer des «chocs réels», c'est-à-dire des modifications des paramètres de base de l'économie (goûts des ménages, dotations initiales, techniques disponibles). Le modèle utilisé alors est celui du choix INTERTEMPOREL d'un personnage unique, tel Robinson. Si l'on donne des valeurs appropriées aux paramètres du modèle, il est alors possible de faire apparaître une évolution cyclique de la production, le exerçant son effet sur toute la durée de vie de l'économie (comme une pierre lancée dans l'eau y provoque un train d'ondes).La monnaie n'a alors plus aucun rôle: on passe d'un extrême à l'autre. [...]
[...] La théorie des cycles réels pousse donc à l'extrême l'hypothèse de l'équilibre (concurrentiel) permanent. Après avoir connu un certain succès dans les années quatre-vingt, la théorie du cycle réel est, depuis, un peu passée de mode,elle a notamment été critiquée sur les techniques qu'elle utilise pour ajuster ses modèles aux données statistiques et sur le fait qu'elle n'accorde aucune place à la monnaie. Toutefois, la critique la plus importante qu'on peut lui adresser porte sur le type d'économie décrit par ces modèles, qui se réduit au choix intertemporel d'un agent unique. [...]
[...] Il est toutefois très difficile de prendre au sérieux la théorie des cycles réels, avec son agent unique dont les choix sont censés traduire les évolutions d'économies effectivement observées. Une remarque similaire peut être faite à propos des modèles à GENERATIONS IMBRIQUÉES où il est possible de faire apparaître des cycles de façon endogène», à condition de choisir des spécifications et des circonstances initiales particulières. On est là en présence de fables, ou de paraboles, même si l'on essaie de «caler» ces modèles sur les données statistiques disponibles. [...]
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