« Un élixir qui stimule l'activité du système », selon J.M. Keynes, « un mécanisme pour faire vite et commodément » selon J.S. Mill, la monnaie est à l'Etat, pour reprendre les termes de J. Law « ce que le sang est au corps humain »: un bien tout à fait particulier servant d'étalon pour mesurer la valeur de tous les autres biens de l'économie, permettant ainsi les échanges, mais pouvant également être conservé en vue d'une utilisation future. Créée par les banques, sous forme d'encaisses nominales, la monnaie apparaît ensuite sur l'ensemble des marchés de l'économie. Elle répond elle-même à des demandes d'encaisses, réelles cette fois-ci, selon des mécanismes qui lui sont propres et que de nombreux théoriciens ont tenté d'expliquer. En effet, il paraît tout à fait intéressant de s'interroger sur les composantes et déterminants de l'offre, par le système bancaire, et de la demande, par les agents économiques, de ce bien si spécifique qu'est la monnaie. La prestigieuse université britannique de Cambridge sera le berceau des premiers travaux effectués dans ce domaine; c'est ensuite en son sein que fut formé celui qui révolutionnera la macroéconomie moderne, et les théories de la monnaie par la même occasion: J.M. Keynes. Ses conception des fonctions de la monnaie et celles de ses successeurs s'opposeront frontalement dans les années soixante à celles des monétaristes, emmenés principalement par Milton Friedman.
[...] Enfin, une modification de la masse monétaire en circulation finirait de perturber cet équilibre instable, et ne pourrait être rectifiée par une simple augmentation des prix. L'ajustement passe davantage par le taux d'intérêt, qui peut aussi être défini comme le ‘prix de la monnaie' sur le marché correspondant à la rencontre de l'offre et de la demande de monnaie. C'est sur lui que vont avoir un impact les modifications des autres variables de l'équilibre monétaire que nous venons d'énumérer. Le mécanisme permettant de substituer monnaie et titres est ainsi central dans l'analyse keynésienne. [...]
[...] La banque centrale ne doit avoir qu'un rôle réduit, puisque l'offre de monnaie doit s'adapter à la demande, et n'est donc pas fixée de façon stable. Néanmoins, Keynes trouve lui-même des limites à cette politique monétaire, puisque, tout d'abord, il n'est pas possible de faire descendre le taux d'intérêt en-dessous du seuil critique (étudié par Tobin), et ensuite parce qu'il faut admettre que le taux d'intérêt n'est pas l'unique déterminant de l'investissement, qui dépend de nombreux autres facteurs. Ainsi, Keynes privilégie une politique de relance budgétaire, par un renforcement du déficit entraînant une reprise de la consommation, dont la conséquence est l'augmentation de l'offre et la hausse de l'emploi. [...]
[...] La politique monétaire, de contrôle de la masse de monnaie en circulation, est donc préconisée, par rapport à une politique budgétaire. On peut ici reconnaître les principes de base des politiques économiques qui ont été conduites dans de nombreux pays occidentaux dans les années 80 : politiques de l'offre, banque centrale indépendante permettant la stabilité. A travers cette étude des différents courants théoriques qui ont marqué la macroéconomie monétaire, à travers leurs conceptions de la demande et de l'offre de monnaie, nous avons ainsi pu opposer classiques, dont l'école de Cambridge, puis monétaristes, aux keynésiens ; si les premiers envisagent une stabilité de l'équilibre monétaire, la rencontre entre offre et demande de monnaie finissant par se fixer grâce à un ajustement par les prix, Keynes bouleverse ces divers postulats en mettant en évidence les problèmes de l'incertitude, des comportements d'anticipation, de spéculation des agents, et enfin, en considérant que les facteurs de production de l'économie pouvaient être sous-employés. [...]
[...] Alors, une modification de l'offre de monnaie se répercute d'abord sur les différentes variables, avant d'affecter finalement les prix, ce qui est la conséquence à long terme. Par conséquent, si la demande d'encaisses réelles peut temporairement différer du revenu courant réel, elle est en réalité stable car c'est au revenu permanent réel qu'il faut la comparer. A long terme, l'élasticité- revenu de la demande de monnaie est supérieure à l'unité. Toutefois, la constatation empirique de l'instabilité monétaire et de l'absence de neutralité de la monnaie ont conduit les économistes à revoir le modèle proposé par les classiques et néoclassiques, notamment par l'école de Cambridge puis par les monétaristes ; en effet, selon ces derniers, l'équilibre monétaire était stable dans une économie où les encaisses réelles ne pouvaient varier puisque la production et l'emploi étaient à leur niveau optimal. [...]
[...] Les variations de l'offre de monnaie ne correspondent donc qu'à des changements de politique économique, et sont inexistantes pour une politique économique et une période données. L'équilibre monétaire Il est donc possible de parvenir à un équilibre monétaire évident puisque l'offre de monnaie stable Mo, multipliée par la vitesse de circulation de la monnaie égale le volume des transactions multiplié par leur prix : Mo.V = P.Q = Md.V On a donc bien Mo = Md, l'offre et la demande de monnaie s'égalisent. [...]
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