Les économistes du XIXe siècle pensaient que la croissance devait nécessairement déboucher à terme sur un « état stationnaire » (rendement décroissant des terres pour David Ricardo…). Au XXe siècle le modèle post keynésien d'Harrod-Domar (1939-1946) a surtout mis l'accent sur l'instabilité de la croissance, et le modèle de Solow (1956, synthèse classico-keynésienne) a décrit le rôle du progrès technique pour empêcher l'avènement de l'« état stationnaire ».
[...] Il faut donc trouver d'autres déterminants de la croissance à long terme. Le rôle du progrès technique exogène et des évolutions démographiques à long terme Dans le modèle de Solow il n'y a alors que deux moyens d'échapper à l'état stationnaire : - L'augmentation de la population active, car elle implique une hausse des investissements pour occuper la population supplémentaire. - Le progrès technique, car il augmente la productivité du facteur travail. Cela permet d'investir non seulement pour acquérir le progrès technique, mais aussi pour continuer à employer la même quantité de facteur travail. [...]
[...] De plus, dans les années 1980, la théorie de la croissance endogène a permis de mettre en évidence les faiblesses des hypothèses de base de Solow. Les tenants de cette théorie ont remis en cause l'hypothèse des rendements décroissants, ainsi que l'idée selon laquelle le progrès technique est entièrement exogène (une manne céleste). Selon la théorie de la croissance endogène, la productivité marginale du capital ne diminue pas lorsque le stock de capital augmente. Cela s'explique notamment par le fait que certains investissements cherchent délibérément à provoquer le progrès technique (recherche) (Romer). [...]
[...] Par ailleurs, comme tous les modèles économiques, le modèle d'Harrod Domar repose sur une simplification de la réalité qui peut en limiter la pertinence (c.-à-d. raisonnement en économie fermée, sans Etat, et à un seul secteur où il n'existe qu'un seul bien homogène. C'est comme si on produisait uniquement du blé avec du blé et du facteur travail) (Flouzat, p34). Mais l'hypothèse du modèle de Harrod-Domar qui nous intéresse le plus est le fait que le coefficient de capital est fixe. C'est en remettant en cause cette hypothèse que le modèle de Solow a pu montrer que la croissance peut être stable. [...]
[...] Le modèle d'Harrod-Domar va au-delà de l'analyse de Keynes, et il analyse le rôle de l'investissement sur le long terme. En déterminant le stock de capital, l'investissement entraine ainsi une variation de l'offre (capacité de production) sur longue période. Cette variation dépend du coefficient de capital considéré comme une constante, et égal au rapport du capital sur le produit D'où : Δ offre = I / v Par conséquent, pour maintenir l'équilibre du marché des biens, le taux de croissance de l'investissement doit être égal à : Δ I / I = s / v (rapport du taux d'épargne sur le coefficient du capital), et le taux de croissance de la production doit être égal à celui de l'investissement. [...]
[...] C'est pourquoi l'intervention de l'Etat (dépense publique, politique de redistribution, etc.) peut s'avérer nécessaire pour : - relancer la propension à épargner lorsque gw gn, afin que l'investissement ne soit pas trop élevé par rapport à l'augmentation moins rapide de la population active. Dans ce cas il pourrait également être judicieux d'augmenter la productivité du travail pour augmenter gn. Les néocambridgiens (cf. le modèle de Kaldor en 1956) sont allés encore plus loin dans l'analyse de l'épargne comme variable d'ajustement. Ils ont ainsi souligné l'existence de mécanismes de correction automatique des déséquilibres. - Si gw gn, les salaires vont augmenter à cause du manque de main- d'œuvre. [...]
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