L'analyse macroéconomique moderne est une analyse monétaire. Même lorsque les grandeurs sur lesquelles on raisonne sont des grandeurs réelles, c'est-à-dire évaluées à prix constants, les décisions prises par les agents économiques exigent un calcul en termes monétaires. En effet, non seulement l'unité monétaire est la seule unité de mesure utilisable au plan global, mais la monnaie en tant que telle joue un rôle central dans les enchaînements qui conduisent à la réalisation de l'équilibre macroéconomique.
Prenons l'exemple de la théorie keynésienne. Celle-ci repose sur l'hypothèse que les ménages et les entrepreneurs doivent prendre deux catégories de décisions bien distinctes : la première concerne la proportion du revenu courant qui sera dépensée en achats de biens de consommation ou de biens d'investissement. Pour les ménages, la réponse est fondée sur la valeur de leur propension à consommer ; pour les entrepreneurs, elle dépend d'une comparaison entre l'efficacité marginale du capital et le taux d'intérêt courant.
La seconde décision concerne l'usage qui sera fait de la fraction du revenu non dépensée, c'est-à-dire de l'épargne courante : sera-t-elle conservée sous forme de monnaie liquide ou sera-t-elle convertie en titres, en actifs financiers susceptibles de procurer un revenu futur, en un mot fera-t-elle l'objet d'un placement ? La détention de monnaie entre ainsi dans l'éventail des choix offerts aux agents économiques.
Si l'on adopte la définition traditionnelle de la monnaie selon laquelle la masse monétaire consiste dans la somme des billets en circulation et des dépôts bancaires à vue, c'est-à-dire dans le total des actifs liquides ne portant pas intérêt et détenus par les agents économiques non bancaires, la réponse à la dernière question en appelle une autre : pourquoi les agents économiques désirent-ils détenir une partie de leur épargne sous forme de monnaie liquide et renoncent-ils par là même au revenu procuré par les placements, notamment sous forme d'intérêts ? Autrement dit, pourquoi existe-t-il une demande de monnaie ?
Résoudre ces problèmes, c'est expliquer à la fois l'existence et le niveau du taux de l'intérêt, de ce taux qui exerce une certaine influence sur les décisions d'investissement.
En effet, il existe une relation déterminée entre le taux d'intérêt et la valeur des titres sur le marché financier.
La conséquence de cette relation, c'est que la détermination du taux de l'intérêt se ramène à la détermination de l'offre et de la demande des différents actifs financiers. Mais on peut aussi poser le problème d'une autre manière-, car l'offre et la demande d'actifs financiers ne peuvent être en équilibre que si l'offre et la demande de monnaie liquide (ne portant pas intérêt) le sont également. Si, par exemple, les agents économiques détenteurs de billets ou titulaires de dépôts bancaires estiment que les liquidités dont ils disposent sont trop importantes par rapport à leurs besoins immédiats, ils chercheront à se procurer des titres rapportant un intérêt. Ils offriront donc de la monnaie en échange de ces titres, ce qui fera monter le cours des titres demandés ; et comme il y a une relation inverse entre le prix des titres et le taux de l'intérêt,
l'excès d'offre de monnaie impliquera une baisse de ce taux. Inversement, un excès de demande de monnaie fait monter le taux d'intérêt. La détermination du taux d'intérêt se ramène ainsi à un problème de confrontation entre l'offre et la demande de monnaie liquide.
Au plan macroéconomique, l'offre globale de monnaie n'est autre que la quantité de monnaie disponible (billets + dépôts) ; celle-ci dépend des décisions des autorités monétaires et est généralement considérée comme une variable exogène. C'est la raison pour laquelle la demande de monnaie exprimée par les agents économiques non bancaires joue un rôle décisif dans la théorie moderne de l'intérêt et de l'équilibre monétaire.
Analyser la fonction de liquidité, c'est donc rechercher les motifs qui poussent les agents à préférer la détention de monnaie liquide à toute autre forme de placement.
Selon l'importance accordée à chacun de ces motifs, on aboutit à différentes expressions alternatives de l'équilibre monétaire.
Nous envisagerons successivement la demande de monnaie, l'équilibre monétaire.
[...] Les expressions classiques de l'équilibre monétaire Les conceptions monétaires des Écoles classique et néo-classique peuvent s'analyser à partir de l'équation quantitative bien connue MV = pY. Cette équation est un truisme : la quantité de monnaie multipliée par la vitesse de circulation de cette monnaie est égale à la valeur du revenu nominal p étant un indice du niveau général des prix et Y représentant le niveau du revenu réel (mesuré en prix constant de la période de base). Il est fréquemment supposé que la vitesse de circulation est constante. [...]
[...] La détention de monnaie entre ainsi dans l'éventail des choix offerts aux agents économiques. Si l'on adopte la définition traditionnelle de la monnaie selon laquelle la masse monétaire consiste dans la somme des billets en circulation et des dépôts bancaires à vue, c'est-à-dire dans le total des actifs liquides ne portant pas intérêt et détenus par les agents économiques non bancaires, la réponse à la dernière question en appelle une autre : pourquoi les agents économiques désirent-ils détenir une partie de leur épargne sous forme de monnaie liquide et renoncent-ils par là même au revenu procuré par les placements, notamment sous forme d'intérêts ? [...]
[...] Dans son essence, le motif de spéculation met donc l'accent sur le fait qu'un individu cherchant à gérer sa fortune d'une manière rationnelle est soumis à deux risques contradictoires : celui de perdre son revenu et celui de perdre son capital. S'il conserve de la monnaie liquide, il perd son revenu, mais il garde son capital intact (en admettant que le niveau général des prix ne varie pas sensiblement). S'il se procure des titres, il perçoit un revenu, mais risque une perte de capital. Dans un monde où règne l'incertitude, chaque individu répartira sa fortune entre les titres et la monnaie liquide, compte tenu de ses dispositions à supporter l'un et l'autre risque. [...]
[...] Le fait de conserver des liquidités pour couvrir ces dépenses dont chacune est imprévisible, mais qui sont inévitables dans leur ensemble est appelé demande de monnaie pour le motif de précaution. Comme l'encaisse de transactions, l'encaisse de 'précaution est directement liée au niveau du revenu monétaire puisque le montant des dépenses éventuelles tend à s'accroître lorsque l'activité économique se développe et que le niveau des prix monte. Il se peut aussi que le niveau du taux d'intérêt exerce une influence, un taux plus élevé incitant les agents économiques à prendre le risque de réduire leur encaisse pour effectuer des placements lucratifs. [...]
[...] La demande de monnaie pour assurer les transactions est donc On sait que dans sa conception la plus extrême, la théorie quantitative soutient que V et T ne sont pas influencés lorsque M varie, si bien que toute modification de M provoque une variation proportionnelle du niveau général des prix, p. Si l'on suppose toujours que la vitesse de circulation est constante et si l'on admet en outre que le nombre de transactions effectuées dans l'économie au cours d'une période est un constant multiple du Produit réel Y obtenu pendant cette même période T = la demande de monnaie peut s'écrire Posons : . L'équation de l'équilibre monétaire devient M = L = k. [...]
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