I. Les postulats de départ
Keynes commence par examiner les deux postulats de l'économie classique qui déterminent les conditions de l'équilibre sur le marché de l'emploi :
- Le salaire est égal à la productivité marginale du travail, laquelle indique l'accroissement de la production lorsqu'on augmente d'une unité la quantité de ce facteur. Cette proposition permet de construire la fonction de demande de travail des entreprises. Celles-ci embauchent jusqu'à ce que le travail soit rémunéré à sa productivité marginale ou encore jusqu'à ce que les gains qu'elles retirent (produit marginal) égalisent les pertes subies (le salaire versé).
- L'utilité du salaire est égale à la désutilité marginale du volume d'emploi. Cela veut dire que l'utilité (le gain) que les salariés obtiennent en recevant une rémunération doit être équivalente à la désutilité (la perte) liée au fait de travailler, c'est-à-dire aux raisons qui pourraient les pousser à refuser un emploi. L'arbitrage se fait ainsi entre travail et loisir. Ce raisonnement permet d'établir la fonction d'offre de travail.
[...] Keynes accepte le premier postulat mais refuse le second. La demande de travail dépend bien du salaire réel, mais les offreurs, victimes de l'illusion monétaire, déterminent leur comportement suivant le salaire nominal. Contrairement à ce qu'indique une critique fréquente de la théorie keynésienne, cette analyse ne suppose pas de la part des salariés une illusion monétaire qui les rendrait indifférents au pouvoir d'achat des salaires. Elle s'appuie simplement sur le constat que, dans le court terme, la seule information dont disposent les travailleurs porte sur le salaire nominal. [...]
[...] L'équilibre de plein-emploi peut très bien se situer au point Epe, par exemple. On peut donc avoir un équilibre sur le marché des biens et services, et du chômage sur le marché du travail : il s'agit d'un équilibre de sous-emploi; la demande est suffisante pour écouler la production, mais insuffisante pour employer tous les travailleurs à la recherche d'un emploi. Comme nous le verrons dans la section 3 ci-dessous, l'approche keynésienne conteste l'existence d'un mécanisme de rééquilibrage automatique du marché du travail par les fluctuations du salaire réel. [...]
[...] L'équilibre de sous-emploi sur la demande de biens et services La droite à qui part de l'origine décrit l'ensemble des points pour lesquels l'offre globale est égale à la demande globale (DG). Quand la demande globale est égale à DG., le point d'équilibre entre l'offre et la demande globale est donc le point E1 et, en ce point, le revenu réel est égal à y1. Cette façon de présenter les choses est keynésienne en ce sens que c'est le niveau de la demande qui détermine le revenu d'équilibre et non l'inverse (comme dans l'approche classique). [...]
[...] L'équilibre de sous-emploi La demande de travail Ld est une fonction décroissante du salaire réel. Pour un salaire nominal donné, l'offre Lo est rigide; elle ne devient croissante qu'à partir d'un niveau très élevé de l'emploi. Admettons que l'économie soit au plein-emploi : le point d'équilibre est tel que l'emploi qui en résulte correspond au plein-emploi du travail Lpe. Partant de cette situation, une réduction de la demande de biens et services intervient; elle entraîne un recul de la demande de travail de Ld, en Ld2. [...]
[...] Il convient donc qu'une baisse des salaires réels est nécessaire pour augmenter l'emploi et réduire le chômage. Il suggère simplement que la baisse des salaires nominaux n'est pas la bonne façon de réduire le coût réel du travail. Selon lui, il convient de réduire les salaires réels en élevant les prix. Or c'est précisément ce qui devrait se produire si la demande globale augmente alors qu'il existe un chômage involontaire. En effet, en raison de la loi des rendements décroissants, l'augmentation de la production ne peut se faire qu'à coûts croissants, et donc à prix croissants. [...]
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