Irving Fisher s'est demandé pourquoi les crises financières ne seraient que des épiphénomènes dans le déroulement du cycle des affaires. Pour lui, la finance amplifie le cycle des affaires en ajoutant deux éléments supplémentaires : le surendettement et la déflation. Fisher défend la thèse selon laquelle il existerait un phénomène auto cumulatif d'enfoncement dans la crise. Une analyse des crises financières telles que le krach de 1987 et la grande dépression de 1929, montre qu'elles ont toutes pour origine un surendettement des agents non financiers (surtout entreprises) générant une instabilité financière.
De nombreux épisodes ont confirmé le rôle majeur joué par les facteurs financiers dans la configuration et l'amplification des cycles d'activité. La monnaie exerce des effets majeurs sur la dynamique des principales variables macroéconomiques, c'est-à-dire le volume de la production, l'emploi et le taux de profit. Une gestion monétaire inadéquate, parce que purement passive serait la principale responsable de la durée et de la gravité de la dépression qui s'est déchaînée entre 1929 et 1932.
[...] Ces innovations exogènes vont se manifester par une euphorie boursière. Face à cette euphorie et aux possibilités de profit, les acteurs de la vie économique et principalement les ménages investissent. Ces derniers sont fortement incités à recourir à l'endettement tant les rendements effectifs ou espérés sont supérieurs aux taux d'intérêt bancaires. Les taux d'endettement des ménages américain augmentent significativement dans le but de spéculer. Cet excès d'optimisme aboutit à une situation de surendettement. Il s'agit donc ici d'un glissement régulier de l'économie vers une situation de surendettement suite à un processus d'innovation. [...]
[...] Cela va mener à une augmentation de la demande de fonds de la part des investisseurs qui, à son tour, fait naître une hausse des taux d'intérêt et donc, un besoin croissant de refinancement. À ce moment, les profits anticipés sont nettement supérieurs au taux d'intérêt, les entrepreneurs ont donc tendance à financer leurs investissements par le crédit. Cette situation aboutit très rapidement à un phénomène de surendettement et de dégradation des structures financières. Les profits espérés sont supérieurs aux profits effectifs, il y a trop de charges d'intérêt et l'on va assister à une dégradation importante de l'équilibre. Arrive cependant un moment où les créanciers s'inquiètent du niveau d'endettement atteint. [...]
[...] La stabilité de la masse monétaire permet en effet de limiter la hausse des taux d'intérêt. Si la Banque centrale injecte de la liquidité dans un système d'étalon or, elle accroît son risque de liquidité. Soit, cela fonctionne et elle parvient à assurer la convertibilité, comme au 19e siècle, soit non et elle doit suspendre temporairement, ou définitivement, la convertibilité. Quand la situation se stabilise, la Banque Centrale n'injecte plus et ne revient plus à la convertibilité. Quand la convertibilité est suspendue, on a une prime sur l'or. [...]
[...] L'économie entame alors une phase descendante. La vente massive et la crise d'illiquidité se sont manifestées avec un indice de prix qui a chuté de 30% de 1929 à 1934. Toujours en adéquation avec la théorie, le niveau du ratio dette à la richesse nationale croit de 55% à 106%. en réelle (baisse de 20% en nominal), avec l'appréciation du dollar de 75% la charge de la dette augmente de 40%. La baisse des prix conduit à des faillites en masse. [...]
[...] Lors du retour à la convertibilité, la déflation est faible et non brutale. Il semble que certains des mécanismes évoqués ici font de Fisher le précurseur de plusieurs analyses récentes : l'interaction liquidité/prix n'est pas évoquée comme un mécanisme rééquilibrant, mais comme un mécanisme déstabilisant (insuffisance de la quantité de moyens de paiement) ; la valeur de marché des firmes (‘valeurs nettes est intégrée à l'analyse de leur situation financière ; l'état de la confiance est évoqué comme un mécanisme déséquilibrant. [...]
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