Les travaux économétriques inaugurés à la London School of Economics par l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips avaient pour objet d'identifier les facteurs susceptibles d'expliquer les variations du salaire nominal. Les données longitudinales utilisées par Phillips en 1958 concernent le Royaume-Uni sur la période 1861-1957. La seule relation solidement établie est plus particulièrement une relation inverse entre le taux d'augmentation des salaires nominaux et le taux de chômage. La formulation originelle de la courbe de Phillips est : w*= a- b.U ( où w* est le taux d'augmentation des salaires nominaux et U le taux de chômage).
L'influence de l'indexation des salaires sur le coût de la vie était également testée, mais elle n'est intervenue que durant les années de fortes fluctuations du prix des importations ou du prix des denrées agricoles pendant les grandes guerres. Ces résultats seront confirmés deux ans plus tard par les travaux de Lipsey (1960).
La démarche des travaux de Phillips et Lipsey était purement inductive. La courbe inflation salariale-chômage est un relevé statistique de la pression qu'exerce le chômage sur la formation des salaires. Phillips et Lipsey s'interrogent toutefois sur les différents types d'inflation qu'il est possible de mettre en évidence.
[...] Pendant les années 1950-75, c'est une norme de progression salariale indexée sur les gains de productivité et sur l'inflation constatée qui fut recherchée par les gouvernements pratiquant des politiques keynésiennes. Le contexte particulier de l'époque était celui où l'URSS faisait figure d'épouvantail durant la guerre froide Dans nombre de pays, la situation sociale de l'après-guerre était quasi-insurrectionnelle. Dans les années 50-60, un certain nombre de gouvernements recherchant la cohésion sociale rêvait d'imiter le compromis obtenu dans le modèle suédois à son apogée, où les syndicats s'accordaient avec le patronat, sous l'égide de l'État, sur une norme de progression des salaires indexés sur l'inflation et les gains de productivité du secteur exposé. [...]
[...] Tout déplacement le long de la courbe de Phillips est la conséquence des variations de la demande effective, entraînant des tensions sur le marché du travail. Il en conclut qu'une demande compatible avec une inflation stable devrait cibler un taux de chômage de pour des gains de productivité de La courbe de Samuelson et Solow Dans le prolongement des travaux de Phillips, Samuelson et Solow (1960) tentaient de préciser les termes de ce débat quant à la nature de l'inflation et des relations qu'elle est susceptible d'entretenir avec le chômage. [...]
[...] L'inflation dépend des variations du salaire nominal. Celles-ci sont elles- mêmes liées aux variations du taux de chômage, conformément à l'interprétation de Phillips. Samuelson et Solow veulent représenter à la fois l'inflation structurelle par les coûts et l'inflation par la demande. À court terme, l'arbitrage inflation-chômage est possible le long de la courbe de Phillips. À long terme, celle-ci est susceptible d'être déplacée vers la gauche par des mesures institutionnelles qui soient de nature à neutraliser l'inflation par les coûts (les auteurs mentionnent la loi anti- trust, le contrôle des prix et des revenus . [...]
[...] infra) avait augmenté sous l'effet de la détérioration des facteurs d'offre. Le courant monétariste réhabilita l'idée quantitativiste selon laquelle l'inflation serait d'origine monétaire et non pas structurelle, comme pour mieux condamner le dialogue social avec des syndicats dont on chercherait désormais à casser le pouvoir de monopole sur l'offre de travail. La contre-révolution néolibérale fut inaugurée par le Thatchérisme en Grande-Bretagne et la Reaganomie aux États-Unis. Bibliographie indicative Rigidité des prix, nouvelle courbe de Phillips, politique monétaire Le Bihan, Hervé / 2005 La courbe de Phillips: des prix rigides à l'information rigide Kamber, Güneş / 2004 La relation de Phillips: stabilité ou instabilité ? [...]
[...] À partir de 1983, la désindexation des salaires sur les prix mettra un terme à cette convention de régulation sociale. Néo-corporatisme versus monétarisme Lorsque les tensions inflationnistes apparurent, au tournant des années 1970, une corrélation pouvait être observée entre les performances macroéconomiques des différents pays et le degré de corporatisme de leur système de relations industrielles, synonyme de consensus social. Les performances macroéconomiques pouvaient être mesurées par l'indicateur d'Okun, somme des taux d'inflation et de chômage. Cet indicateur est une évaluation synchronique (à un moment donné) de la position des courbes de Phillips des différents pays. [...]
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