Principe de I'Accélérateur : relation entre la variation de la demande d'un bien et celle des capacités de produc-tion qui permettent de la satisfaire. Il y a « accélération » dans la mesure où la mise en oeuvre de capacités de production nouvelles entraîne généralement des dépenses (en machines et en équipements de tout ordre) bien plus importantes que celles qui accom¬pagnent la production supplémentaire néces¬saire pour satisfaire une demande accrue.
L'effet accélérateur est un des facteurs qui permet d'expliquer l'existence des fluc-tuations économiques (ou des cycles) ;
L'effet accélérateur permet d'expliquer comment un « choc » qui affecte passagèrement la demande peut se transmettre au reste de l'économie, en ayant un impact important et durable sur elle ; il a donc un rôle essentiel¬lement déstabilisateur (ce qui n'est pas forcément négatif, surtout si la « stabilité » signifie la dépression).
L'accélérateur met en relation des quantités (variation de la production) avec d'autres quantités (le capital installé), sans faire intervenir les prix ; ce n'est donc pas un concept WALRASIEN (il est incompatible avec la CONCURRENCE PARFAITE).
L'intensité de l'effet accélérateur dépend du taux d'utilisation des capacités de production ; ainsi, il est nul si celles-ci sont « largement excédentaires », et il est maximal si elles sont pleinement utilisées. Dans ce dernier cas, l'effet accélérateur est mesuré par le coefficient de capital, c'est-à-dire par le rapport entre la valeur des moyens de production et celle de la produc¬tion elle-même.
La présence de capacités de production plus ou moins excédentaires dépend des investissements faits « dans le passé », et donc des anticipations de ceux qui ont effectué ces investissements. C'est pourquoi il existe deux façons de traiter de l'accélérateur : la version « de base », où les anticipations ne sont pas prises en compte, et la version « élaborée » dite « de l'accélé¬rateur flexible », où elles le sont.
[...] Si l'on appelle le revenu (national) à l'instant alors la variation de la demande en t est donnée par , de sorte que l'accélérateur est caractérisé par la relation : , où k est le coefficient de capital (rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en oeuvre), qui est supposé constant. Si l'on suppose que l'investissement se décompose en un investissement de remplacement et un investissement net , alors l'effet accélérateur ne concerne que ce dernier, de sorte que l'équation s'écrit . Le capital en t + 1 est donc égal au capital en t auquel s'ajoutent l'investissement de remplacement et l'investissement net ; soit : . [...]
[...] À propos des fondements microéconomiques de l'accélérateur À l'origine de l'accélérateur, il y a une constatation d'ordre technique (que traduit le coefficient de capital), à laquelle se greffent des considérations économiques sur la plus ou moins grande utilisation des capacités de production. En fait, le phénomène décrit par l'accélérateur est par essence hors équilibre, les capacités de production s'adaptant de façon plus ou moins brutale aux variations de la demande. Le recours à des anticipations adaptatives, qui comportent des erreurs systématiques, est significatif de ce point de vue. Pour qu'il y ait équilibre, il faudrait donc supposer des PRÉVISIONS PARFAITES ce qui est pratiquement la même chose, des ANTICIPATIONS RATIONNELLES). [...]
[...] Et comment peuvent-elles connaître la demande qui s'adresse à elles ? Cette hypothèse pourrait être justifiée dans le cadre d'une économie planifiée, où le centre fixe parmi les objectifs des entreprises celui de satisfaire la demande, mais on est alors dans un modèle très différent. Enfin, l'approche d'équilibre fondée sur la fonction de production néo- classique, avec adaptations instantanées et en douceur des capacités de production, fait perdre au modèle de l'accélérateur ce qui en est l'originalité, l' effet accélérateur lui-même, avec les saccades qu'il suppose. [...]
[...] La formule donne donc l'évolution dans le temps du capital, compte tenu des variations de la demande. Cette évolution peut être extrêmement saccadée pour peu que le coefficient k soit élevé, en général, on estime qu'il est de l'ordre de 2. Toutefois, ce coefficient est plus ou moins variable, en raison, d'une part, de l'intensité de l'utilisation des équipements (par exemple, les chaînes de production peuvent tourner plus ou moins vite) et, d'autre part, de leur durée d'utilisation, qui dépend du temps de travail (heures supplémentaires ou pas) et de sa forme d'organisation (équipes de jour et de nuit, ou 3 x par exemple). [...]
[...] Mais alors . il n'y a plus d'effet accélérateur, puisque l'évolution future de la demande est parfaitement connue, de sorte que l'offre peut s'adapter en permanence et en douceur dans une logique de CHOIX INTERTEMPOREL. Malgré cela, les théoriciens néo-classiques cherchent à donner un FONDEMENT MICRO-ÉCONOMIQUE à l'accélérateur en recourant à la FONCTION DE PRODUCTION NÉO-CLASSIQUE et à leur cadre de référence préféré, celui de la concurrence parfaite. Toutefois, cette façon de faire pose problème dès le départ, puisque dans le modèle de l'accélérateur la décision d'investissement ne dépend pas des prix, mais des variations de la demande, c'est-à-dire de quantités, contrairement au principe même de la concurrence parfaite (où, par hypothèse, les choix sont faits sur la base du seul signal-prix Un problème similaire apparaît d'ailleurs lorsqu'on tente de donner un fondement microéconomique à la fonction de consommation la décision de consommer dépendant du revenu, et non des seuls prix (présents et futurs). [...]
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