Le texte qui est ici l'objet de notre étude est un article d'Immanuel Wallerstein publié dans la Revue internationale et stratégique pendant l'hiver 2002-2003. Immanuel Wallerstein est un sociologue américain, né en 1930, et est actuellement professeur à l'Université de Yale et dirige le centre Fernand Braudel pour l'étude de l'économie, des systèmes historiques et des civilisations. Ses réflexions prennent en effet appui sur la pensée de Fernand Braudel, particulièrement en ce qui concerne la compréhension des phénomènes sur des temps longs, mais également sur la pensée de Karl Marx. Il théorise ainsi une analyse de ce qu'il appelle les « systèmes-monde ».
Cette approche, qualifiée de structuraliste, a émergé dans les années 1970 et consiste dans un premier temps à se défaire de l'État national comme unité d'analyse, puis à se questionner sur les temporalités et enfin à tenter de comprendre les phénomènes par une approche pluridisciplinaire. Ce concept de « système-monde » dérive de celui « d'économie-monde » présent dans les travaux de Fernand Braudel. Ce système ou cette économie constituent donc un monde qui possède une unité de par une base commune et par des échanges, mais qui ne correspond pas forcément au monde dans son intégralité. Plus précisément, l'économie-monde représente « une importante zone géographique au sein de laquelle il existe une division du travail » . Wallerstein adopte donc une posture pluridisciplinaire dans ses recherches et souligne de manière générale, tout comme l'a fait Fernand Braudel, l'importance du facteur économique dans les phénomènes internationaux, car il donne au « système-monde moderne » la forme d'une « économie-monde ».
L'article que nous allons étudier traite de l'hégémonie américaine sur le reste du monde, de son avènement au déclin annoncé.
[...] En effet, les phénomènes économiques font, selon lui, partie intégrante des phénomènes politiques. C'est ainsi qu'il situe la naissance du processus d'« ascension des Etats-Unis comme puissance hégémonique suite à la récession mondiale de 1873. Wallerstein pense que le système-monde moderne trouve ses origines au XVIe siècle et qu'il a toujours eu la forme d'une économie-monde capitaliste En ce sens, la part de plus en plus importante des Etats- Unis dans l'économie mondiale lui a permis d'occuper une place prépondérante dans le système-monde. [...]
[...] Pour en terminer, nous pouvons nous demander si la crise financière éclose en 2008 témoigne de la fin de l'hégémonie américaine ou de celle du système-monde moderne. Bibliographie Ouvrages BLIN Arnaud, Le désarroi de la puissance, Les Etats-Unis vers la guerre permanente? Paris, Lignes de repères DUROSELLE Jean-Baptiste, Tout empire périra, Théorie des Relations internationales, Paris, Armand Colin KENNEDY Paul, Naissance et déclin des grandes puissances, Paris, Payot, 3e éd KEOHANE Robert O., After hegemony, Cooperation and discord in the world political economy, Princeton, Princeton University Press, rééd WALLERSTEIN Immanuel, Comprendre le monde, Introduction à l'analyse des systèmes-monde, Paris, La Découverte, 3e éd Articles GOLUB Philip S., De la mondialisation au militarisme : la crise de l'hégémonie américaine A contrario 2004/2, Vol pp. [...]
[...] La fin annoncée de l'hégémonie américaine Il nous faut tout d'abord rappeler que la question de la reconnaissance implicite des autres Etats d'une hégémonie, en l'occurrence celle des Etats-Unis, revêt une importance primordiale pour l'auteur dans la capacité de celle-ci à conserver son statut. En ce sens, les Etats-Unis doivent conserver une légitimité certaine. Les politiques menées par les faucons ne vont cependant pas dans ce sens, ce qui amène Wallerstein a considéré qu'elles ne vont pas redresser l' aigle américain mais bien accélérer sa chute. [...]
[...] Les Etats-Unis n'étaient donc plus assez puissants militairement et économiquement pour défendre leurs intérêts, comme l'a démontré la guerre du Vietnam. Cependant, selon Wallerstein, dès lors que le gouvernement américain disposait de peu de moyens pour renverser cette tendance du déclin de l'hégémonie américaine, il préféra simplement l'ignorer Ainsi, le système qui semblait en crise a continué à fonctionner normalement, ce qui a accéléré, selon l'auteur, le déclin de l'hégémonie américaine. Alors qu'elle aurait dû projeter les Etats-Unis dans le meilleur des mondes possibles Wallerstein voit dans l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 1990 un nouveau coup porté aux Etats-Unis en tant que puissance hégémonique au sein du système-monde, car la disparition du rival de la Guerre froide ôtait à l'hégémonie américaine son unique justification idéologique D'autre part, l'intervention des Etats-Unis contre Saddam Hussein s'est soldée par un retour au statu quo ante bellum qui montre une fois encore le manque de réelle puissance des Etats-Unis. [...]
[...] Le recours à la force apparaît donc comme un signe de faiblesse et fait perdre aux Etats-Unis le crédit idéologique considérable qu'ils avaient accumulé depuis deux siècles. Ainsi, si les Etats-Unis semblent encore avoir un certain pouvoir, ils n'ont plus d'autorité. De manière générale, et comme nous l'avons vu en introduction, Immanuel Wallerstein pense que l'hégémonie a un pouvoir autodestructeur. En effet, pour se maintenir, le pouvoir hégémonique doit être capable d'être présent sur tous les fronts, économique, politique, et militaire, pour répondre à son expansion. [...]
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