L'analyse économique se fonde sur des modèles, qu'elle cherche toujours à améliorer, à rapprocher de la réalité des marchés, afin d'en rendre l'usage plus efficace. Cette volonté d'efficacité entraîne ainsi un développement de l'analyse économique et l'apparition de nouvelles théories.
Ces évolutions doivent être prises en compte par les autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle qui ont toutes deux pour objectifs de promouvoir un régime concurrentiel. Cependant, il ne faut pas omettre les quelques différences notables entre ces deux autorités de la politique de la concurrence. D'une part, les autorités de la concurrence agissent de façon transversale, en luttant contre les ententes, les abus de position dominante, et tout ce qui pourrait favoriser leur apparition, comme les concentrations et les aides d'état. Elles agissent ex post, pour vérifier que les règles du jeu ont bien été respectées. Les autorités de la régulation sectorielle, quant à elles, s'intéressent à des secteurs précis (par exemple, régulation des communications électroniques et des postes, régulation de l'énergie, etc.) et ont une action plutôt ex ante, de façon à guider le marché vers une concurrence plus accrue.
Se demander en quoi les récents développements de l'analyse économique ont-ils influencé les décisions des autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle, c'est d'abord chercher à comprendre quelles sont les nouvelles théories développées par l'analyse économique, mais aussi s'interroger sur l'usage que vont en faire les autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle, et ainsi sur la pertinence et l'efficacité de ces théories. En quoi modifient-elles les réglementations déjà en vigueur ? En ajoutent-elles ? En suppriment-elles ?
Si les nouvelles théories économiques ont entraîné une réglementation et une intervention plus importante des autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle concernant les relations entre entreprises (I) et au sein des entreprises (II), il apparaît qu'elles ont aussi, pour certaines, poussé ces autorités à, au contraire, réduire ces réglementations pour laisser le marché s'autoréguler (III).
[...] Ainsi, sur un marché contestable, où il y aurait peu d'entreprises ou même une seule entreprise en situation de monopole, toutes les firmes fixeraient un prix égal à leur coût marginal, ou au coût moyen dans le cas du monopole. Le marché présente bien dans ce cas les mêmes caractéristiques qu'un marché de concurrence pure et parfaite. On redéfinit donc la concurrence : elle n'est plus favorisée par le plus grand nombre possible d'entreprises présentes sur le marché, mais par la contestabilité du marché. [...]
[...] Dès lors, on parle d'équilibre lorsque chaque joueur a adopté la meilleure stratégie par rapport à celle des autres. C'est l'équilibre de Nash. Cet équilibre peut être trouvé grâce à la coopération (on parle de jeux coopératifs l'intérêt commun différant de l'intérêt particulier (ainsi, les entreprises réaliseront un profit plus important si elles s'accordent et produisent peu que si elles espèrent maximiser leur profit en produisant toutes deux davantage). L'intérêt de la coopération entre producteurs rend la collusion rationnelle de leur point de vue. [...]
[...] Ce n'est pas très original : les coopératives de production pratiquent par exemple de longue date ce système. La théorie des contrats optimaux, et la théorie dont elle est issue, la théorie de l'agence, peuvent dès lors influencer les décisions des autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle. Pour limiter ces coûts d'agence et les harmoniser entre les différentes entreprises, les autorités de la régulation sectorielle vont tenter de favoriser la naissance de contrats optimaux qui concilient les intérêts des propriétaires et des gestionnaires. [...]
[...] Avec British Airways, la Lufthansa, et Air France, l'Europe compte alors trois méga compagnies, qui représentent près de 30 millions de passagers par an. Conclusion Les récents développements de l'analyse économique ont donc incontestablement influencé les décisions des autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle. Mais cette influence est pour le moins paradoxale. La théorie des jeux et la théorie de l'agence ont plaidé chacune pour une forte sévérité et une intervention plus marquée des autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle, respectivement au sujet des ententes entre entreprises et au sujet de l'organisation interne de l'entreprise. [...]
[...] La théorie des jeux mettant en exergue la forte probabilité de leur existence en l'absence d'intervention de l'Etat, les autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle vont mener une politique dissuasive en continuant à interdire et sanctionner les ententes, dans le droit fil des politiques antitrust qui apparaissent dès la fin du XIXe siècle aux Etats- Unis. Face à l'ampleur du phénomène suggérée par la théorie des jeux, les autorités de la concurrence et de la régulation sectorielle vont adopter des politiques novatrices pour repérer plus facilement les collusions. Ainsi, elles vont mettre en place une politique de clémence, censée permettre l'accélération du démantèlement des ententes. Elle offre aux firmes qui dénoncent une collusion, une réduction d‘amende, totale ou partielle. De telles politiques sont apparues dès 1978 aux USA, l'UE les a adoptées en 1996. [...]
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