« La fin de la Politique sera le bien proprement humain ». Tels sont les mots d'Aristote dans sa fameuse Éthique à Nicomaque pour définir le but de la politique. Mais par quels moyens et dans quelles conditions atteindre ce but suprême ? Aristote est le premier philosophe à avoir fait de l'éthos un concept philosophique à part entière, fondant ainsi une étude spécifique de la vertu « éthique ». L'éthique est traditionnellement définie comme une discipline philosophique pratique et normative, regroupant des actions et des règles. Elle a pour but de mettre en valeur la façon la plus « respectueuse » d'agir et d'être. L'éthique vise à répondre à la question « comment agir au mieux. » L'éthos peut signifier le tempérament naturel d'un individu, et son pluriel êthê désigne les mœurs d'un individu, d'un peuple ou d'une Cité. Nous pouvons également définir l'Éthique comme « les règles de bonne conduite que nous devons suivre pour vivre conformément au Bien » (Éric Cobast, Petites Leçons de Culture Générale). D'emblée, l'Éthique apparaît au service de la Politique et de la Cité, afin de parvenir au « Bien Suprême ». La notion de Politique intervient donc dans toute étude de l'Éthique. Elle peut être définie comme un ensemble d'individus qui s'affrontent pour le pouvoir, mais qui recherchent en même temps l'intégration de chacun dans la Cité. Synonyme étymologiquement d'organisation de la Cité, elle regroupe dès lors 3 sens : le cadre général d'une société organisée qui a pour but le Bonheur général, la structure et le fonctionnement de la société qui est régie par une constitution et enfin la pratique du pouvoir, la lutte pour celui-ci.
[...] Quoi qu'il en soit, le souverain doit se soumettre à une Ethique, plus ou moins respectueuse de ses concitoyens, pour bien administrer. Sans Ethique, il n'y aurait ni Justice ni Morale et nous nous trouverions face à une situation d'Anarchie. L'Ethique demeure dans tous les cas associée à la Sécurité, au Bonheur, à la Vertu, à la Liberté, suivant les conceptions. Les règles de bonne conduite que nous devons suivre pour vivre conformément au Bien Telle est la définition de l'Ethique. [...]
[...] Elle serait à proprement parler une Politique, autant que la Politique est une Ethique. Pour Aristote donc, il n'existe pas de spécificité de l'Ethique politique par rapport à l'éthique générale, dans la mesure où les notions de Politique et d'Ethique sont intimement liées. En effet, nous remarquons chez Aristote, l'idée que sa pensée du politique est indissociable de sa cosmologie. Dans les premiers chapitres de l'Ethique à Nicomaque, nous constatons que bien vivre est identifié avec bien se conduire Toutefois, nous ne devons pas en déduire que l'Ethique peut se confondre avec la Politique, mais seulement qu'il ne peut y avoir d'Ethique bien fondée que sur la Politique. [...]
[...] La question de la politique et l'éthique est fortement liée chez Aristote à la notion de Bien. Nous l'avons vu en introduction, il affirme que le Bien est ce que désirent tous les êtres. Il avance même, dans Les Politiques, qu'il y aurait une hiérarchie des Biens : c'est en fait par le Bien que sont désirées toutes les autres fins –annexes– de la Cité. Mais s'il fallait que chaque acte eût spécifiquement une fin, Aristote indique que le désir serait creux et vain Ainsi, il faut pour fin ce qu'il y a de meilleur Si nous nous attachons à comprendre quelle science peut être placée au dessus de tout et quelle autorité pourrait atteindre le Bien Suprême, nous nous rendons vite compte qu'il s'agit de la Politique. [...]
[...] Les liens entre l'Ethique et la Politique sont donc indéniables : L'étude de l'Ethique repose sur l'analyse des passions, des dispositions humaines, du Bonheur, du Bien et du Mal, mais traite également des questions d'ordre politique. Toutefois, l'Ethique ne concerne pas que la Politique. Elle régit également d'autres domaines, telle que les sciences, les arts, ou tout simplement la vie en société. Pouvons-nous affirmer la spécificité d'une Ethique politique ? En quoi cette Ethique politique diffère-t-elle d'une Ethique générale ? [...]
[...] Nous nous trouvons donc dans un cas d'Ethique générale totalement inséparable de la Cité et ne pouvant recouvrir en aucun cas une spécificité politique. Toutefois, l'existence de cette Ethique Générale, applicable à la Politique, n'empêche d'aucune façon la mise en œuvre d'un bon fonctionnement de la société et selon Platon, cette Cité Idéale serait tout à fait capable d'atteindre le Bonheur et la plénitude avec cette Ethique qui n'est pas spécifique à la Politique. Le philosophe grec reconnaît néanmoins que seuls quelques-uns peuvent atteindre la connaissance de la Justice et du Bien, car seuls eux possèdent la connaissance requise : Dans l'Etat Juste et Idéal, seule une élite serait assez sage pour être totalement juste. [...]
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