Comment se forment les opinions ? Les controverses autour de la compétence politique

Thèmes abordés

Politique, démocratie, opinion, compétence politique, Bourdieu

Résumé du document

Les citoyens sont-ils suffisamment intéressés et informés pour produire des jugements politiques ? Quel est leur degré d''information ? C'est est une question centrale pour la science politique. David Ricci cette question renvoie à la tragédie de la science politique contemporaine pour des chercheurs qui sont des démocrates : ils croient en la démocratie, mais en sapent les fondements par leur recherches et montrent que les citoyens n'atteignent pas les niveaux de compétence requis pour que la démocratie fonctionne.

Extraits

[...] Certains courants vont chercher jusque dans la génétique. Il y aurait deux procédés psychiques qui permettraient de faire des économies d'information. La Heuristic renvoie au fait que souvent, les individus jugent moins ce que disent les acteurs politiques que celui qui parle. → Ils économisent le fait d'écouter et font parler les sentiments qu'ils ont pour celui qui parle. Ils vont s'intéresser aussi aux catégories auxquelles sont destinées les mesures proposées, plus qu'à la mesure elle-même. Ca renvoie à des affects, des stéréotypes, qui deviennent des signaux qui permettent de produire de l'opinion. [...]

[...] Ils parlent de formes buissonnières de compétence politique. Gaxie, dans ses travaux les plus récents, qui se fondent sur des enquêtes qualitatives, va infléchir son point de vu et mettre en évidence des « ethno-méthodes », des stratégies profanes pour penser le politique et que l'expérience, la trajectoire individuelle, la socialisation politique, l'héritage, les émotions jouent un rôle important dans ces formes de politisation. Ces travaux relativisent l'importance de compétences savantes, techniques, du politique et insistent sur les détours ou les formes de composition que mobilisent les individus pour produire du sens. [...]

[...] Des individus peu très faiblement prédisposés socialement à s'intéresser à la politique ou à s'exprimer politiquement peuvent y trouver un point d'appui et des instruments qui leur permettent de surmonter leurs handicaps. Mais le déclin de ces structures d'encadrement et le déclin du contexte de la sociabilité populaire, qui permettait cette compensation, remet en cause leur théorie. C'est une analyse relativement datée. IV. Nouvelles directions de la recherche sur la compétition politique 1. Aux USA De nouveau travaux sont venus renouveler le débat à partir des 90's, avec plusieurs apports conceptuels. Il y a celui de la théorie du choix rationnel, avec la notion d'indifférence rationnelle (A. [...]

[...] Il faut être savant en politique. Cette compétence pose également des problèmes de mesure. La question de l'auto évaluation est très subjective. Il y a une forte sensibilité à l'instrument de mesure de la mesure de la compétence. C'est ce que montrent les travaux du sociologue Robert LANE au début des 60's. Il a mené des entretiens longs avec des ouvriers américains, à forte connotation biographique. Il a pu repéré des capacités, des connaissances que vraisemblablement un sondage avec des questions fermées sur les institutions ne lui aurait pas permis de saisir. [...]

[...] Il y donc un tien très fort entre l'exclusion politique et le statut social. D'où le titre : le cens caché est un mélange d'auto-exclusion et de mise à distance. Il prolonge cette analyse dans d'autres travaux, en renvoyant à l'absence de représentativité des élites politiques, phénomène qui s'inscrit dans la même logique que le cens caché. D'un point de vu plus normatif, les conclusions de ce travail sont très déstabilisantes pour les représentations ordinaires de la démocratie, qui se refuse, au nom de l'égalité des citoyens, à accepter ces inégalités et à reconnaitre cette exclusion Critiques des thèses des Bourdieu et Gaxie Certains ont dit qu'il n'y a pas de fatalité de l'exclusion. [...]