libéralisme, justice, liberté d'échanges, paiement, égalité
Au 17ème siècle, l'essor des activités marchandes poussent les philosophes à s'interroger sur le système économique, qui considèrent ces activités comme la base du lien social.
Un des résultats involontaire de l'interaction des individus est que la société civile se déploie en un ordre spontané et autorégulé, : Adam Smith, un des précurseurs de la pensée libérale, explique que ce phénomène s'apparente à une « main invisible ». Ce libéralism politik, qui renvoie au marché, ne peut être assimilé au libéralisme politique, qui fait référence aux droits de l'homme. Ce libéralisme engendre nécessairement des conséquences politiques puisqu'il relève d'un humanisme universel.
[...] C'est une rationalité purement instrumentale. On l'observe dans la perte de l'extériorité dans les échanges entre les hommes, réduits à des échanges purement quantifiables, mesurables, dont le libéralisme est la quintessence (puisque en tant que système libre, il ne conçoit aucune extériorité : c'est un échange purement mécanique de biens que l'on peut d'ailleurs traduire en équations voir les conséquences récentes dans la crise financière ! dans lequel les relations intersubjectives sont totalement occultées). Certains argumentent que la régulation du marché pourrait remplacer cette extériorité : c'est la main invisible du marché qui représenterait cette auto transcendance Mais il semble bien que cela n'a pas vraiment apporté les appuis nécessaires pour que s'instaurent égalité et justice. [...]
[...] Pour tâcher de répondre à ces questions il faut d'abord revenir aux fondements de la société et aux principes de l'échange qui crée le lien social. Lorsque je vends un bien j'attends en retour un paiement. Cet échange est, au départ fondé sur la confiance : le bien est justement évalué et le paiement correspond bien à cette valeur. Si cet échange ne concerne que le vendeur et l'acheteur, sans intervention d'un tiers (l'Etat ou un autre régulateur) on peut parler d'échange libre : ce serait la définition théorique parfaite du libéralisme. Mais le lien social créé par cet échange est plus que l'échange lui-même. [...]
[...] L'évolution du libéralisme jusqu'à ses excès récents semblerait confirmer cette thèse. L'échange est perverti par la spéculation : si le futur acheteur ne doit pas être informé de la sous évaluation du bien lorsque je l'ai acheté il doit par contre en connaître la valeur réelle lorsque je lui vends. Il y a donc tout un jeu subtil de circulation de l'information, mais c'est un jeu de dupes et on ne peut plus parler d'égalité bien sûr ni même de justice puisque l'échange là repose sur l'existence d'un perdant et d'un gagnant (qui peuvent l'être à tour de rôle). [...]
[...] Hannah Arendt remarque que l'intérêt (inter-esse : être entre) c'est ce qui se tient entre les être pour en même temps que les rassembler, les empêcher pour ainsi dire de tomber les uns sur les autres. L'exemple d'une table entre des convives illustre bien cette idée. De plus, comment faire de la société civile une force politique ? En conclusion, sans porter de jugement sur les capacités purement économiques du libéralisme, on peut dire que l'espoir de justice qu'il porte ne saurait être obtenu s'il ne prend pas en considération une dimension extérieure à lui-même. Le libéralisme en quelque sorte ne saurait être que libre. [...]
[...] On ne pourra plus parler d'égalité ni de justice. Si je désire ce qui est désirable pour l'autre et si le libéralisme me permet de vendre plus cher et non pas à sa vraie valeur un bien qui me permettrait d'acquérir l'objet de mon désir (grâce à cette plus value) alors les rapports marchands seront progressivement faussés. Le sentiment d'injustice vécu par le perdant de l'échange entraînera du ressentiment et pourra mettre en péril la cohésion sociale. A partir de là on pourrait dire que la modernité le mouvement de désacralisation du monde inauguré au XVIIe siècle avec Galilée et Descartes a eu des conséquences importantes sur les concepts d'égalité et de justice. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture