Le premier avril 2006, le pape Jean-Paul II décède. S'en suit en France une circulaire ministérielle demandant de mettre les drapeaux en berne au fronton des établissements et notamment des écoles qui provoque une levée de boucliers de la part des thuriféraires de la laïcité de l'Etat français. En effet, si la Constitution du 04 octobre 1958 dispose dans son article 2 que la France est une « République laïque », la laïcité reste cependant un sujet qui ne cesse de susciter les polémiques, notamment quand ses plus fervents défenseurs l'estiment menacée. C'est ainsi que, récemment, l'introduction ou non d'une référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule du Traité constitutionnel européen a fait l'objet de vifs débats. Certaines anecdotes politiques plus anciennes sont également révélatrices du rapport de l'Etat français à sa laïcité : tout comme Clemenceau se refusait, en tant que Président d'une République où la laïcité est un principe majeur, à assister à une cérémonie religieuse, l'attitude du Général de Gaulle, pourtant catholique, fut de refuser, pendant tout le temps où il fut aux affaires, à communier lorsqu'il assistait à une messe en tant que chef de l'exécutif. Ces exemples constituent quelques illustrations, et elles sont nombreuses, de l'attachement de la France à son modèle laïque.
[...] Cela explique qu'au sortir de la guerre, l'opinion publique ne croit plus vraiment au danger que constituerait le clééricalisme pour la Réépublique. L'iréénisme relatif de la guerre se trouve ensuite entretenu par les cééréémonies laïïco-religieuses autour des monuments aux morts. Mais la nouvelle majoritéé politique d'aprèès-guerres a conscience que rien ne pourra êêtre durablement réégléé sans un accord avec Rome. Par consééquent, la France et le Vatican renouent des relations diplomatiques et engagent des néégociations. Un compromis aux associations cultuelles est trouvéé en 1921 qui aboutit en 1923 et 1924 àà un modus vivendi. [...]
[...] Les adversaires du monopole scolaire estiment que l'éécole laïïque doit d'abord se consacrer àà amééliorer son fonctionnement : respect et prolongation de l'obligation et déémocratisation doivent primer. L'Union sacréée et l'apaisement d'aprèès-guerre La situation au déébut de l'annéée 1914 est plutôôt paisible : la jurisprudence, en confirmant le caractèère libééral de la loi de 1905, a permis une rééelle pacification religieuse. En effet, le Conseil d'ÉÉtat admet le caractèère hiéérarchique de l'institution eccléésiale catholique : il n'y a pas d'autre autoritéé léégitime et donc d'autre interlocuteur pour la puissance publique que l'éévêêque en communication avec le Saint-Sièège. [...]
[...] Cela ne signifie pas l'oubli des divisions, mais simplement le report de celles-ci àà la fin de la guerre. Face àà l'ennemi, les Franççais se retrouvent unis par le patriotisme. C'est cette unanimitéé qui inspire au Préésident Poincaréé la céélèèbre formule d' Union sacréée La cohéésion des Franççais dans l'éépreuve montre que l'unitéé nationale n'est pas menacéée par leurs difféérences religieuses. Le gouvernement suspend les lois laïïques notamment celles qui concernent les congréégations. Les catholiques et les socialistes rejoignent les officiels pour participer àà l'effort de guerre. [...]
[...] Nééanmoins, une chose remarquable est que le réégime de Vichy, malgréé sa déénonciation de l'œœuvre laïïque de la Réépublique, n'envisage pas, dans ses projets constitutionnels, de mettre en cause la Sééparation. Il faut souligner ici que les lois de Vichy relatives aux congréégations ne sont pas abrogéées àà la Libéération. Seules les subventions furent suppriméées par la majoritéé laïïque qui s'affirme àà l'assembléée consultative en 1945. Dèès lors, la question de l'éécole va êêtre l'une des pommes de discorde de la IVèème Réépublique. L'acceptation de la laïïcitéé de l'ÉÉtat-Nation a pour consééquence un dééplacement du déébat dans l'institution scolaire. [...]
[...] Cet éépisode constitue la dernièère grande querelle de l'éécole. Depuis les tensions se sont apaiséées, la question du statut de l'éécole libre et de son financement n'est plus un problèème politique de premièère grandeur. Comme la loi de Sééparation l'avait fait àà long terme, la loi Debréé a finalement rapprochéé les deux enseignements. Cela a éétéé possible, car elle ne contrevient pas ouvertement aux principes fondamentaux de la laïïcitéé : libertéé de conscience, pluralitéé des religions reconnues, neutralitéé de l'ÉÉtat. [...]
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