Nous nous interrogerons ici sur les processus qui ont conduit une conception politique comme celle du suffrage universel à transformer les comportements individuels des électeurs, mais aussi en retour comment l'avènement de ces nouveaux électeurs a remodelé les pratiques politiques de la société française dans son ensemble. L'étude préalable du long cheminement vers le suffrage universel en France et de son appropriation nous obligera ensuite à souligner les bouleversements occasionnés par l'avènement du suffrage universel.
[...] L'étude de la politisation nécessite de prendre en compte les phénomènes d'acculturation politique. Une telle approche refuse de considérer que les cultures de réceptions restent passives face au processus de politisation. On se demande alors ce que les électeurs peuvent bien faire de leur vote qui est tout sauf un instrument extérieur à ceux qui s'en servent (O.Ihl). L'idéal d'un vote individuel fût longtemps rejeté par certaines populations. On a alors à faire à des usages différenciés et rebelles du bulletin de vote qui peuvent devenir une force de résistance. [...]
[...] Cette politisation dépend donc avant tout du degré d'intérêt que l'on va porter à la politique au travers de l'acquisition d'une compétence politique. Gaxie dit que ce degré de politisation dépend d'abord de la capacité des individus à donner un sens à leur participation des activités politiquement orientées Cela va donc être parce que certains électeurs vont être socialement aptes à accumuler des savoirs politiques, qu'ils vont être en retour légitimés dans leurs droits à se prononcer sur les problèmes politiques. [...]
[...] Certains révolutionnaires comme Robespierre sont cependant attachés au suffrage universel (masculin), sa proclamation dans la constitution du 24 juin 1793 restera un vœu pieux, ladite constitution ayant pour condition d'application la paix civile et militaire. Suffrage censitaire et souveraineté : Suffrage censitaire et suffrage universel correspondent à deux conceptions différentes de la souveraineté. Le suffrage censitaire est héritier de la définition de la souveraineté de Sieyès. La souveraineté n'appartient pas au peuple, mais à la nation qui est une personne morale distincte des individus qui la composent. La nation s'exprime ici à travers ses représentants. [...]
[...] Les entrepreneurs politiques vont alors être les plus aptes à représenter des électeurs en attirant davantage les voix par leurs idées que par leurs personnes. Ces entrepreneurs vivent de la politique, ce qui va leur valoir des indemnités, mises en place depuis 1970. Les entrepreneurs politiques vont donc devoir faire face à une population titulaire du droit de vote de plus en plus hétérogène et ayant des attentes différentes, les électeurs étant tous socialement différents, avec une meilleure instruction. Il va donc être nécessaire pour les entrepreneurs politiques, de mener des campagnes électorales qui mobilisent de nouvelles compétences. [...]
[...] L'évolution du droit de vote et du suffrage universel en France (2006) Introduction Aujourd'hui, le droit de vote tend, dans les représentations communes, à se confondre avec la citoyenneté. Pourtant, le suffrage universel n'a pas toujours été considéré comme une condition nécessaire à l'existence de la démocratie, cette association du vote, de la citoyenneté et de la démocratie que nous connaissons aujourd'hui est en fait le fruit d'une longue construction historique. D.Chagnollaud définit le suffrage universel comme la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyens d'une nation, sans distinction de condition sociale, d'origine, de race ou de sexe L'auteur poursuit : Le suffrage est [ ] non seulement universel, mais aussi égal, secret et sincère Toutes ces conditions font du Suffrage universel une création fort récente comme nous le verrons. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture