Corruption - Typologie
Le terme même de « corruption » est étrange. Simplement défini dans le dictionnaire comme étant l'« emploi de moyens condamnables pour faire agir quelqu'un contre son devoir, sa conscience », la réalité est bien plus complexe. La corruption est un phénomène fugitif. On la devine parfois, mais ne la voit pas généralement ; tente d'y mettre fin, mais elle demeure toujours d'une certaine manière ou d'une autre.
Cela est dû en grande partie au fait qu'elle est difficilement repérable, clairement identifiable. La corruption est la manifestation d'une action déviante, à un plus ou moins fort degré. Sous ce terme, on regroupe donc toute une suite de comportements qui vont du simple népotisme au détournement de fonds, en passant par l'ingérence et la concussion .
Aussi, l'entreprise d'en tirer une typologie paraît à première vue comme tout simplement irréalisable. En effet, comment parvenir à identifier des variables communes à un tel phénomène ? Une notion regroupant tout un ensemble de pratiques, qui n'ont parfois que peu en commun ? Un concept qui se traduit différemment selon le contexte dans lequel il s'épanouit ?
Sans aucun doute nulle typologie de la corruption ne pourra voir le jour sans une réflexion poussée et approfondie du fait corruptif.
[...] Tout est une question de modération. Le phénomène de corruption, nous l'avons vu, peut dans certains cas proposer des solutions et des alternatives aux troubles institutionnels. C'est ce que Jacques MENY cherche du moins à dire lorsqu'il affirme que : La corruption est l'huile qui permettrait de faire tourner des rouages autrement bloqués et rouillés Un problème apparaît lorsque la corruption se généralise au point où elle en devient dangereuse. C'est notamment le cas lorsqu'elle parvient à se développer avec trop d'ampleur dans des secteurs vitaux de la vie sociale. [...]
[...] Des tentatives typologiques Il existe de nombreux essais pour tenter de classifier les types de corruption. On a déjà distingué la corruption active de la corruption passive, mais une différenciation entre grande corruption et petite corruption a aussi été formulée. Par la première, on veut regrouper tous les actes de corruption qui sont le fait des décideurs politiques, qui se servent de leur pouvoir et position pour améliorer leur condition ; alors que la seconde se contente des actes de la bureaucratie du pouvoir public. [...]
[...] Les Anciens n'entendaient pas le terme corruption dans l'acception que les Modernes lui ont attribué. Lorsque par exemple ARISTOTE emploie le mot, il veut désigner par cela : La dénaturation des principes sur lesquels se fonde un système politique C'est véritablement à MONTESQUIEU, MACHIAVEL et accessoirement ROUSSEAU, que nous devons une évolution dans la signification de la corruption. Leurs définitions se rapprochent de celle que l'on donne aujourd'hui du phénomène, c'est-à-dire : Entrainer par des promesses, des dons, une personne chargée de responsabilités à agir contre son devoir L'auteur de L'esprit des lois remarque plus particulièrement pour sa part qu' il y a deux genres de corruption. [...]
[...] Il est toutefois néanmoins essentiel de s'y intéresser, si l'on veut comprendre les évolutions du phénomène corruptif. Depuis plus d'un demi- siècle maintenant, les interférences entre domaine de la vie public et domaine de la vie privée se font de plus en plus nombreuses. Cela est principalement dû à l'osmose qui existe entre les secteurs de la vie politique et les secteurs de la vie économique. Comme le dit dans son article Jacques CARTIER-BRESSON : Les liens personnels (les arrangements) se sont substitués au procédures officielles pour de plus ou moins bonnes causes En effet, cette attitude n'est que la conséquence d'un choix conscient et réfléchi de la part des Etats. [...]
[...] Si je ne le vois pas, c'est que ça n'existe pas : certes, peut-être Mais dans le cadre de la corruption, le secret étant la condition essentielle, il semble logique de ne pas voir. Simple aveuglement, légère condescendance ou véritable question d'orgueil, la raison derrière cette position de la doctrine reste mystérieuse, et peu sont ceux qui osent la remettre en question. La politique de l'autruche Il n'est pas question de réfuter ici l'existence de la corruption dans les pays développés. Ce serait un argument tout simplement indéfendable. [...]
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