De plus en plus d'acteurs participent directement ou indirectement au processus de définition des problèmes et des réformes à mener. Il s'agit dès lors d'analyser les rapports de force, les influences extérieures, les jeux des différents acteurs nationaux et internationaux, afin de rendre compte des tenants et des aboutissants des réformes entreprises dans le cadre de la lutte contre la corruption dans le Caucase méridional. Cette remise en
contexte doit être menée en conservant à l'esprit que plus on intervient en amont dans ce processus, plus l'influence quant au contenu final de la politique réformatrice est déterminante.
Ainsi il s'agit de savoir quels acteurs ont su mobiliser des ressources argumentaires afin de créer et légitimer une volonté réformatrice. Quels ont été les ressorts d'identification du phénomène de corruption comme un enjeu fondamental du développement des pays du Caucase méridional ? Quelles influences théoriques ont déterminé la définition des réformes à mener pour endiguer ce phénomène ? Quelles ont été les ressources mobilisées afin de réaliser la transcription de la phase d'identification et de définition de la lutte contre la corruption comme un phénomène à endiguer, à la phase de mise en œuvre d'un ensemble de réformes s'apparentant à une véritable politique publique menée par les acteurs étatiques ?
[...] Dès son arrivée au pouvoir, ce dernier pose la lutte contre la corruption comme une priorité politique et sur ce fondement il engage une stratégie d'éviction du pouvoir de l'ensemble des proches de son prédécesseur. On peut ici mentionner les poursuites judiciaires engagées contre, le chef des chemins de fer, l'ancien ministre de l'énergie, ou le beau fils de Chevardnadze »31. De même, la mesure la plus visible et certainement la plus justifiée politiquement par le niveau de corruption sévissant au sein de cette institution, réside dans la réforme de la police. [...]
[...] Cet argument apparaît en finalité davantage axiologique que scientifique, en effet, il permet essentiellement de venir rejeter l'analyse de la corruption comme un héritage du régime soviétique et de la transition. De plus, cet argument ne parvient pas à expliquer, à moins de conférer au partage de valeurs communes, un déterminisme intangible CHAMPEYRACHE, Clotilde, L'infiltration mafieuse dans l'économie légale, L'Harmattan, Paris p.117 CHAMPEYRACHE, Clotilde, Sociétés du crime. Un tour du monde des mafias, CNRS éditions, Paris p dans un processus de convergences entre des stratégies individuelles d'acteurs et de recomposition politico-économique de la puissance hégémonique du bloc de l'Est. [...]
[...] Toutefois, un véritable discours politique sur la nécessité politique de lutter contre la corruption était tenu en direction des bailleurs de fonds internationaux. Le tableau récapitulatif mentionné est présenté en annexes KOSTANYAN, Amalia, La corruption dans le Sud-Caucase, Le Courrier des Pays de l'Est 2003/2, p La stratégie d'Hong-Kong en matière de lutte contre la corruption repose sur une force d'investigation et de contrôle généreusement dotée en moyens humains et matériels, comme le rappelle Irène Hors Mikhaïl Saakachvili, alors ministre de la justice sous la présidence d'Edouard Chevardnadze, a contribué, en accusant différents ministres de corruption, à la prise de conscience collective de la corruption de la classe politique. [...]
[...] L'impact de l'allocation de fonds par la Banque Mondiale permet ici l'émergence d'un discours politique au niveau national, appréhendant la lutte contre la corruption comme une problématique majeure de la gestion de l'Etat. Même si elle ne se traduit seulement par des effets d'annonce, sans réelle traduction réformatrice, cette phase joue un rôle crucial dans les représentations collectives que se font les géorgiens du phénomène de corruption. L'Union Européenne, y compris en dehors du cadre des organes spécifiquement chargés de promouvoir la lutte contre la corruption, incite les Etats étudiés à entreprendre une politique publique anti-corruption. [...]
[...] Le Caucase méridional, composé de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et de la Géorgie, constitue un même espace géographique délimité par des frontières naturelles »11. Cet élément induit une certaine cohérence dans le traitement de la lutte contre la corruption notamment en ce qui concerne la contrebande. D'autant plus que cet aspect revêt une importance particulière en ce sens que les populations semblent faire de la corruption aux frontières, lors du contrôle du franchissement de ces dernières par les équipes douanières, la traduction concrète du phénomène de la corruption. [...]
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