Dans les années 1960, Stein Rokkan et Seymour Lipset exposent l'idée selon laquelle les partis politiques seraient nés à la suite d'une série de fractures, de clivages qui constituent le tissu de l'histoire économique, sociale et culturelle des pays européens. Les clivages socio-politiques sont généralement définis « comme des principes de division durables structurant les comportements politiques et la compétition électorale, dont la nature dépend de la structure sociale et des règles du jeu politiques propres à un système politique à un moment donné » .
Parmi ces « divisions durables », les politistes s'accordent tous à reconnaître le clivage Eglise/Etat. Celui-ci a donné naissance aux partis de défense religieuse au XIXème siècle, qui tendent à protéger les privilèges historiques et les intérêts matériels de l'Eglise et de la communauté catholiques menacés par l'action de l'Etat ou par la mobilisation des anticléricaux. Les plus importants d'entre eux sont les partis démocrates chrétiens.
Ceux-ci sont ou ont été présents dans la plupart des pays européens : le MRP en France, la Démocratie chrétienne en Italie, le Parti social chrétien en Belgique, l'ancien Zentrum de la République de Weimar en Allemagne, ou encore l'ÖVP en Autriche. Tous ces partis ont cependant été touchés par la crise de l'Eglise et le phénomène de sécularisation, qui ont conduit à affaiblir le poids de la démocratie chrétienne dans le champ politique dès l'après guerre.
[...] Les partis démocrates-chrétiens sont d'abord des formations interclassistes. Les études électorales convergent pour constater que l'attraction de la démocratie chrétienne transcende les barrières des classes sociales. Ils disposent d'un électorat interclassiste, qui rassemble à la fois une droite intégriste, un centre-libéral et une gauche progressiste Ceci découle du projet même des partis démocrates-chrétiens, qui cherchent à harmoniser les revendications de toutes les catégories sociales et entendent former l'unité des catholiques. La structure du vote démocrate chrétien reflète ainsi la stratification sociale de l'électorat catholique. [...]
[...] Une situation analogue se retrouve dans les cantons urbains de Suisse, culturellement protestants mais comprenant des minorités catholiques considérables : Genève, Vaud et Zurich notamment. Les partis démocrates- chrétiens qui y subsistent assument le double héritage des chrétiens sociaux et des conservateurs bourgeois. En Autriche, l'ÖVP hérita d'une double tradition : celle d'une part du catholicisme traditionaliste, conservateur et attaché à l'Empire, mais également celle, d'autre part, du christianisme social ouvrier et populaire. Dans ce contexte, l'ÖVP procéda à un réalignement inspiré par la CDU-CSU. Il constitue à présent un parti indirect fédérant formation ouvrière, patronale et paysanne. [...]
[...] Le programme de Düsseldorf du 15 juillet 1949, rédigé sous l'influence du Dr Ludwig Erhard, très favorable au libéralisme économique, confirme ce changement d'orientation de la CDU. Sous la direction de M.Rainer Barzel la CDU se replie ainsi sur des positions plus exclusivement conservatrices, à l'intérieur retour à la stabilité économique et financière ; défense de la loi, de l'ordre et des mœurs comme à l'extérieur (opposition à l'Ostpolitik). Elle entend incarner la résistance contre le mouvement représenté par la coalition SPD-FDP, le conservatisme contre l'innovation. [...]
[...] En 1953, la CDU affirmait dans son programme de Hambourg : la CDU essaie de faire vivre le peuple allemand tout entier dans une communauté fondée sur le christianisme En 1971, le programme de Düsseldorf se limite à dire que la CDU s'inspire de la foi et de la pensée chrétienne Désormais, la CDU tend à se définir moins comme un parti chrétien que comme un parti d'inspiration chrétienne seulement La CDU parti conservateur libéral Durant la phase liminaire de la CDU (1945-1947), une tendance chrétienne sociale acquise à un socialisme économique reposant sur des bases démocratiques s'y est affirmée et a caractérisé à l'époque le programme de la CDU dans la zone d'occupation britannique. Les premiers programmes, réformistes et personnalistes, inspirés par le MRP, s'inscrivaient dans la plus pure tradition de la reconstruction démocrate chrétienne de l'après-guerre. La même démarche s'effectuait en Bavière au profit de la CSU. [...]
[...] Les plus importants d'entre eux sont les partis démocrates- chrétiens. Ceux-ci sont ou ont été présents dans la plupart des pays européens : le MRP en France, la Démocratie chrétienne en Italie, le Parti social chrétien en Belgique, l'ancien Zentrum de la République de Weimar en Allemagne, ou encore l'ÖVP en Autriche. Tous ces partis ont cependant été touchés par la crise de l'Eglise et le phénomène de sécularisation, qui ont conduit à affaiblir le poids de la démocratie chrétienne dans le champ politique dès l'après-guerre. [...]
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