Libye, immigration en Europe, Afrique, circuit migratoire, Maghreb, CNT Conseil National de Transition, Kadhafi, enjeux géopolitiques
La Libye est un pays dont la structure sociale et économique est largement marquée par le phénomène migratoire. En effet, elle se situe sur les trajectoires de nombreuses migrations du fait de son espace ouvert sur la Méditerranée, sur l'Europe et sur la région du Sahel. Par ailleurs, elle est historiquement une destination privilégiée des Maghrébins, frontaliers et autres travailleurs venant de pays plus au sud puisque son économie offre plus d'opportunités que ses voisins. Cet « eldorado pétrolier » est l'un des rares de sa région à ne pas avoir une main-d'oeuvre suffisante à son activité économique, ce qui attire des milliers de migrants désireux de venir s'installer en Libye. Ces derniers représentent une majorité des immigrés présents sur le sol libyen, mais le pays reste cependant l'origine d'une forte immigration vers l'Europe qu'il peine à absorber.
Si le territoire a toujours été un lieu de passage pour de nombreux migrants d'Afrique et du Moyen-Orient vers l'Europe, ils sont aujourd'hui rejoints par une partie de la population libyenne qui fuit l'instabilité et l'insécurité du pays. Le phénomène est difficile à quantifier en raison de l'absence de données principalement liée à la situation politique actuelle du pays. Du temps de Kadhafi, le régime imposait des normes strictes d'accès aux données et des limitations d'entrée sur le territoire pour les journalistes . Aujourd'hui, la situation institutionnelle et la fragmentation du pays entre deux gouvernements, se revendiquant chacun comme légitimes, complexifient l'accès à des documents officiels fiables. Cependant, la Libye reste un espace intéressant à étudier sous le prisme du phénomène migratoire compte tenu de son ampleur et de l'enjeu auquel il renvoie au niveau national. La situation libyenne ne peut être appréhendée sans cette donnée.
[...] Une terre d'émigration au nord de l'Afrique Il faut néanmoins rappeler que cette immigration de transit ne correspond pas à la situation de la plupart des migrants en Libye. En effet, le pays est une destination très courante de l'immigration dans la région du nord de l'Afrique : on estime que les immigrés représentent environ 25% de la population et il y aurait 1,5 à 2,5 millions les travailleurs d'origine étrangère. Cette migration des travailleurs étrangers est donc d'une ampleur considérable et s'explique par l'offre de travail que propose la Libye. [...]
[...] En 2017, l'Italie rencontre des tribus du sud de la Libye et les encourage à conclure un accord de paix afin de créer des groupes de protection des frontières dans les zones au sud du pays, hors de contrôle des gouvernements actuels. Les représentants italiens vont aussi à la rencontre de plusieurs villages sous l'autorité de milices locales pour leur proposer une coopération dans la lutte contre le trafic de migrants. Ces initiatives italiennes sont saluées par les autres pays européens, même s'ils n'y prennent pas réellement part. En novembre 2015, l'Union européenne et certains états africains adoptent le Plan d'Action de la Valette qui a pour but de mettre en place une coopération dans le domaine de la migration. [...]
[...] La Libye tire donc profit de l'immigration en bénéficiant d'une sorte de rente de protection de la part des pays européens : sa position géographique est une ressource qu'elle tente de valoriser dans ses rapports à l'Europe. Les conséquences économiques et sociales de l'immigration en Libye Un grand racisme envers les immigrés s'est développé sous la présidence de Kadhafi, au moment même où l'immigration explosait. Vingt ans plus tard, le nombre d'immigrés en Libye s'était multiplié par 5 et ils représentaient plus de la moitié de la population active dans le pays. [...]
[...] Au delà de l'aspect national, les trajectoires migratoires sont également le miroir des flux internationaux : elles reflètent les conflits en Afrique de l'ouest ou au Moyen-Orient avec des ressortissants qui viennent trouver refuge dans des pays plus accueillants. C'est le cas des syriens qui ont fuit leur pays en 2011 au début de la crise politique et dont on estime qu'ils sont plus de aujourd'hui en Libye. On distingue aussi une immigration asiatique (venant des philippines ou du Bangladesh) qui vient travailler en Libye. [...]
[...] Des milliers de migrants fuient massivement le pays et une minorité choisit de partir vers l'Europe. Les pays européens refusent alors de prendre en charge ces populations : le Royaume-Uni offre trois places et la France une seule pour les 2500 réfugiés installés dans le camps de Choucha par le HCR. Ils se déresponsabilisent donc du sort de ces individus en s'en remettant aux méthodes des autorité libyennes qui ont permis de baisser de près de 80% le nombre d'arrivés sur le continent en 2017, bien qu'elle soient, selon les termes de Zeid Ra'ad Al Hussein, « inhumaines ». [...]
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