Ce mémoire de recherche est un mémoire d'épistémologie en sciences sociales et politiques. Il porte sur l'utilisation du terme "populisme" comme objet scientifiquement valable. Ainsi, il montre que le "populisme" est une catégorie d'analyse, certes relativement large, mais opérationelle. D'autre part, il tend à souligner le particularité du populisme latino-américain, un des populismes fondateurs.
[...] Pourquoi le sens commun s'est-il approprié l'objet populisme ? Pourquoi porte-t-il un jugement sur celui-ci ? Comment construit-il son discours autour de cet objet ? Pour éclairer ces questionnements, l'approche psychologique, en plus de celle en terme de structure, nous paraît la mieux adaptée car elle permet d'analyser l'impact des comportements individuels sur la construction de l'objet populisme tant au niveau du leader populiste qu'au niveau de ses opposants ou de ses fidèles partisans. L'analyse en terme de psychologie permet donc tout autant de mesurer la perception que le peuple a du populisme, comment et pour quelles raisons il y adhère, pourquoi il y en Amérique Latine, cette image récurrente de l'« homme providentiel qui atteint presque le rang de mythe dans l'imaginaire collectif, que de s'intéresser aux qualités propre du leader populiste qui parvient á galvaniser ces foules. [...]
[...] En réalité, ce qui importe pour PASSERON, c'est que ces théories soient construites dans l'espace logique des sciences sociales, selon une méthode bien définie et scientifique _avec les précautions que nous avons déjà décrites mais contrairement à l'approche de Karl POPPER, celles-ci ne peuvent pas être hiérarchisées car la vérité dépend de sa construction à partir d'un contexte déterminé à un temps t et qui peut varier à l'infini, ce qui nous semble être le cas pour l'objet populisme C'est à partir de ces hypothèses, qui nous paraissent les plus appropriées pour notre analyse, que nous pouvons construire notre objet de recherche populisme latino-américain En effet, le contexte dans le lequel se construit le paradigme apparaît essentiel dans cette approche, ce que nous soutenons puisque le contexte du Cône Sud diffère sur bien des aspects du contexte européen et nord américain auquel appartiennent les deux populismes classiques Ainsi, il nous apparaît que le chercheur doive tenir compte de la variation des contextes et ne pas se limiter à une définition unique du populisme qui conduirait à occulter une partie de ses formes spécifiques, notamment en Amérique Latine. De plus, cette approche justifierait la vision des historiens et des politologues latino-américains qui posent, tout comme le dit clairement Alexandre DORNA, le péronisme (dans sa durée limitée de 1945 à 1955) comme paradigme pour le populisme latino-américain. Singularité du populisme latino- américain Nous venons donc de montrer que la méthode constructiviste nous paraissait plus à même de justifier l'intérêt de proposer une approche singulière du populisme latino-américain dans lequel s'inscrit le chavisme. [...]
[...] Ces questions montrent combien le populisme est aussi victime d'un flou sémantique une fois qu'il est porté au débat public, ce qui nuit à sa crédibilité dans le champ scientifique. La preuve en est faite par la perception que le sens commun a du populisme, lui associant une connotation nettement péjorative. Ce jugement contribue notamment à accentuer la confusion entre extrême droite et populisme comme le montre A. DEZE. En effet, lorsque les médias insistent sur le caractère populiste d'un parti politique ou d'un mouvement, ils renvoient à une situation crise de la démocratie à une menace qu'il faut à tout prix écarter. [...]
[...] C'est pourquoi il nous apparaît intéressant d'analyser le cas particulier du Venezuela à partir de 1998, date à laquelle Hugo CHÁVEZ FRÍAS est élu démocratiquement président de la République bolivarienne du Venezuela suite à son coup d'Etat. En effet, cela nous permettra de mettre en exergue l'importance du cadre structurel dans lequel vient s'inscrire le populisme. On l'aura donc compris, le populisme en tant que catégorie d'analyse est sujet à controverses et ne parvient pas à dépasser les contradictions des différentes expériences qualifiées de populistes dans le monde. Un débat taxinomique s'ouvre alors. Doit-on systématiquement accoler au terme populisme un adjectif qui le qualifierait selon les époques, les mouvements, les ères géographiques ? [...]
[...] Puis, si l'on voulait tenter malgré tout de définir d'une façon large le populisme, nous pourrions dire, comme le précise Michael L. CONNIFF, que ce qui émerge des diverses discussions sur les origines, les caractéristiques, et l'impact des mouvements populistes est la compréhension de la manière dont les leaders populistes essaient de donner aux masses politiques et économiques des bénéfices sans changer fondamentalement la société En fait, les populistes promettent plus qu'ils ne donnent et c'est cet élément du rêve de la psychologie _qui fait que le leader populiste s'impose et se maintient au pouvoir qui a retenue notre attention. [...]
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