Dissertation sur le PS et la construction européenne, qui examine en particulier les différends au sein du parti avant le référendum sur la Constitution européenne.
La dissertation montre que cette tradition de division sur l'Europe est en partie informée par la division du parti en courants, mais se définit aussi en fonction de l'identité du Parti socialiste.
[...] Beaucoup a été écrit à propos du résultat du vote de décembre : la victoire du oui représenterait un Bad Gobesberg pour le parti socialiste, une conversion à la culture de gouvernement Pour Michel Rocard, le résultat a été doublement surprenant, d'une part par l'ampleur de la victoire du oui, alors que la campagne avait donné l'impression d'un résultat très serré, et d'autre part par l'ampleur de la participation, qui atteint 78 pour cent, alors qu'un tiers des militants sont d'ordinaire peu actifs. Pour l'ancien Premier ministre, c'est un vote d'adhésion au projet européen et un vote de la France profonde[53]. Pour Pascal Terrasse, au contraire, très peu de militants ont répondu à la question posée lors du référendum interne, la majorité répondant à la question de l'unité du parti et à celle de la candidature de Laurent Fabius à l'élection présidentielle de 2007[54]. Une analyse locale des résultats révèle des aspects intéressants[55]. [...]
[...] 37-47 Morgan Larhant, Constitutional referendum in France : a mid-term assessment (Notre Europe, 2005), disponible à www.notre- europe.asso.fr/IMG/pdf/projetepin.pdf Geneviève Lemaire-Prosche, Le PS et l'Europe (Editions universitaires, 1990) Gary Marks, Carole Wilson, National parties and the contestation of Europe in Thomas Banchoff, Mitchell Smith (dir.), Legitimacy and the European Union, the contested polity (Routledge, 1999), pp. 113-133 Susan Milner, For an alternative Europe: euroscepticism and the French left since the Maastricht Treaty European Studies 2004), pp. 59- 81 Andrew Moravcsik, The choice for Europe: social purpose and state power from Messina to Maastricht (Cornell University Press, 1998) Pascal Perrineau, L'enjeu européen, révélateur de la mutation des clivages politiques dans les années 1990 in François d'Arcy, Luc Rouban (dir.), De la Ve République à l'Europe (Presses de Sciences-Po, 1996), pp. [...]
[...] L'exemple du gouvernement Jospin, parfois isolé dans une Europe majoritairement gouvernée par la gauche, n'a-t-il pas démontré que les socialistes français avaient par trop idéalisé la construction européenne ? Comme on l'a vu plus haut, l'acceptation par les socialistes, sous la direction de Guy Mollet, des traités de Rome se double d'un sentiment de malaise d'être associés avec une construction européenne capitaliste et libérale, ainsi que d'une détermination à préserver l'espace politique national comme espace de référence du parti[42]. D'emblée, l'Europe est idéalisée et la SFIO ferme les yeux sur son caractère néo-capitaliste[43] en faisant de la Communauté l'espace pertinent pour l'édification du socialisme. [...]
[...] De même, la division du parti en courants, où la question européenne est un signe de différenciation parmi d'autres, continuera à structurer le débat européen du parti. Ainsi, au congrès de Rennes de 1990 qui voit un affrontement sans merci entre les différentes factions, on peut distinguer cinq grands courants. Le premier en termes de suffrages auprès des militants, celui de Laurent Fabius tout en affirmant la nécessité de la construction européenne, fait le constat de l'incompatibilité entre les objectifs des socialistes français et un processus d'intégration influencé par des régimes conservateurs et les puissances du marché. [...]
[...] Héritées de l'histoire du parti, ces caractéristiques contribuent en partie à la structuration du débat européen en son sein. Ainsi, selon Gary Marks et Carole Wilson, la variété des positions sur l'Europe parmi les partis sociaux-démocrates d'Europe s'explique par des degrés différents de lien syndical et d'attachement à un niveau élevé de protection sociale : les partis sociaux-démocrates qui ont un niveau faible ou moyen de lien avec le mouvement syndical, et qui défendent un niveau faible ou moyen de dépenses sociales se distinguent par leur très fort soutien à l'intégration européenne, à l'instar du PS de 1984 à 1996[4]. [...]
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