Dans son ouvrage paru en 1992, Francis Fukuyama s'inquiète. Le monde est arrivé au bout de son évolution, la progression de l'Histoire s'est achevée avec l'avènement de la démocratie libérale en Occident. Dès lors, soit l'histoire s'arrête dans cet état, soit elle continue, et nécessairement vers le déclin. La fin de l'Histoire donc ? Une civilisation occidentale qui, arrivée à son achèvement, pourrait sortir du temps ? Pour autant, tout le monde ne voit pas dans la démocratie libérale l'étape finale du progrès. Ils sont même nombreux ceux qui semblent voir aujourd'hui les marques d'un déclin de la civilisation occidentale. L'économiste Nicolas Baverez avec La France qui tombe, ou Alain Duhamel avec Le Désarroi Français, entre autres, ont relevé dans la sphère nationale les signes cliniques d'une régression qu'aujourd'hui beaucoup s'accordent à constater. Mais comment appréhender ce déclin à plus grande échelle ?
A la lumière du passé, deux historiens du XXe siècle ont étudié l'histoire des civilisations et y ont vu une logique, un schéma éternel qui les conduisait. Appliquant ce schéma cyclique à la civilisation occidentale, ils ont vu émerger les marques de cette évolution, comparable à l'évolution biologique des êtres vivants. La dernière de cette étape étant le déclin que connaîtrait aujourd'hui l'Occident.
A la question de savoir si l'Occident peut sortir du déclin, ils offrent chacun une réponse différente.
C'est ce que nous allons étudier ici, en nous interrogeant tout d'abord sur l'analyse historique qui permet à ces deux penseurs de considérer l'Occident comme une civilisation sur le déclin. Nous chercherons ensuite à savoir si ce déclin est irrémédiable. L'ensemble de notre travail s'appuyant sur une confrontation de la pensée des deux auteurs présentés plus haut : Oswald Spengler et Arnold J. Toynbee.
[...] Tazerout, Gallimard, Paris p L'homme arrive donc logiquement au bout de ses possibilités et son action conduit alors les civilisations au déclin. Dans le cadre de l'Occident, qui est la raison de son travail, Spengler estime que le spectre du déclin se profile parce que l'Occident s'est coupé de ses valeurs, et c'est pourquoi il a épuisé les possibilités de son développement. Il faut bien se rappeler que pour Spengler le déclin est avant tout la non continuité de l'histoire, c'est-à-dire un principe historique opposé au principe d'éternité. [...]
[...] A. TOYNBEE, A Study of History (L'histoire), trad. Caplan, Payot, Paris p Op. cit. p Op. cit. p Op. cit. p du déclin des civilisations, et qui fait dire à Toynbee que les civilisations meurent par suicide, et non pas par meurtre. Civilizations die from suicide, not by murder. En effet, si les civilisations semblent toujours décliner de la même façon, c'est que les hommes sont toujours enclins aux mêmes comportements, il n'appartient qu'à eux d'en changer. [...]
[...] Vision biologique ou vision volontariste: Oswald Spengler vs. Arnold Toynbee Sommaire Introduction Le déclin de l'Occident A. La vie des civilisations Qu'est-ce que l'Occident ? Qu'est-ce qu'une civilisation ? Les civilisations B. Le déclin des civilisations La marche des civilisations Le déclin de l'Occident Le déclin est-il irrémédiable ? A. L'homme dans le cycle de l'histoire Une vision biologique de l'histoire L'homme impuissant à sortir l'occident du déclin B. L'homme qui agit sur le temps Pourquoi les civilisations déclinent-elles ? [...]
[...] C'est seulement alors qu'ont lieu les coups d'Etat (ce que Spengler nomme révolution et napoléonisme et qui signifient la victoire de la ville sur la campagne, celle du peuple sur les privilégiés, de l'intelligence sur la tradition, de l'argent sur la 7 En reconstruisant l'histoire, Spengler reconstruit aussi les termes, donnant à des mots existants un sens nouveau. C'est ici le cas par exemple avec la période gothique, ça l'est aussi avec bien d'autres termes historiques employés par Spengler. politique. Pour l'Antiquité il faut considérer ici les tyrans du IVe siècle et l'avènement d'Alexandre le Grand. [...]
[...] On arrive ici à la conséquence ultime des divergences conceptuelles entre Spengler et Toynbee. La vision historique de Toynbee légitime tout à fait l'action humaine, et vient se placer en opposition avec toute marque inexorable d'un déclin. L'homme peut déterminer le nombre d'actes de sa pièce, c'est-à-dire qu'il n'appartient qu'à lui de différer le déclin de sa civilisation, loin du déterminisme spenglerien. Ainsi, les civilisations sont le terrain commun des domaines respectifs d'activité d'un grand nombre d'êtres humains individuels, dont les énergies, prises une à une, sont les forces vitales qui contribuent à élaborer l'histoire d'une société, y compris sa durée. [...]
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