Dans l'histoire récente de la gauche, il y a désormais deux dates : le 10 mai 1981 et le 21 avril 2002, une victoire et une défaite. La « génération 21 avril » succède à la « génération Mitterrand ». Les classes d'âge trouvent leur identité collective autour de tel ou tel accident de l'Histoire, avec pour point commun des attitudes concertées, des évènements marquants. Il y eut la génération de la guerre d'Algérie, celle de mai 68.
Ensuite, durant les années Mitterrand, « la génération morale » a protesté contre la montée imprévue du racisme et de l'extrême droite. Elle manifesta en masse avant de jouer un rôle décisif dans la réélection de François Mitterrand en 1988, sans toutefois influer réellement sur le cours du gouvernement. Mais elle impulsa de nouveaux engagements, allant des concerts antiracistes à la lutte antisida, et marqua l'esprit public à la fois d'une tolérance et d'une intransigeance démocratique qui se révèleront précieuses.
Le « séisme » du 21 avril a provoqué une réaction de même nature. Dès le 22, et durant deux semaines, les jeunes, les premiers, descendent dans la rue. Non pas l'ensemble de la jeunesse, mais une grande partie de la jeunesse étudiante et lycéenne. Sursaut tardif diront certains, puisque ce sont aussi les jeunes qui se sont massivement abstenus, et qui ont voté pour le candidat frontiste au premier tour.
Sursaut sans lendemain diront d'autres, puisque l'élan du 5 mai est très vite retombé dès les élections législatives du mois de juin suivant, la crise de confiance et de reconnaissance entravant leur relation au monde politique depuis quelques années ayant repris le dessus. Les enfants de la génération Mitterrand sont aussi la génération de l'alternance politique et de la cohabitation, marquée par des repères politiques en partie brouillés que ceux des générations plus anciennes.
Cependant, durant cette période, les organisations de jeunesse marquées à gauche ont connu un afflux sans précédent de jeunes désireux d'agir, rapidement, sous quelque forme que ce soit, répondant à un remord de l'élection où les voix se sont éparpillées. Les organisations de jeunesse politiques, syndicales, associatives, n'étaient pas préparées à une telle demande et ont été dépassées dès les premiers jours.
Ces organisations, dans leur forme actuelle, ont su s'émanciper des organisations de tutelle, à des degrés divers, dans les années 1990, à la faveur des mouvements sociaux, notamment contre le CIP, et antiracistes. Elles sont néanmoins restées dans un certain anonymat, se cantonnant dans l'espace public à un simple rôle de témoignage ou de protestation pure et simple.
Si les jeunes se sont éloignés des formes institutionnelles de l'engagement, notamment du vote, une partie de la jeunesse se sent concernée par les questions politiques dans leur ensemble. Les organisations de jeunesse se veulent être les relais des préoccupations et revendications de la jeunesse, dans leur champ d'action respectif. Leur mode de fonctionnement et l'image qu'elles renvoient, associée à un certain « embrigadement », rebutent les jeunes, davantage désireux de s'engager dans des associations au sein desquelles les résultats de leurs efforts sont plus immédiats.
Cependant, lors de la campagne concernant le Traité constitutionnel européen, elles ont pleinement participé aux débats, et ont occupé un large espace au sein des organisations « adultes », quel que soit leur positionnement vis-à-vis du TCE. En 2006, lorsque Dominique de Villepin a annoncé sa volonté de créer le Contrat première embauche (CPE), les organisations de jeunesse marquées à gauche ont immédiatement lancé un appel à la mobilisation, et ont été à l'origine du mouvement créé à cette occasion.
Si les mobilisations ont rassemblé une grande partie de la jeunesse étudiante et lycéenne et ont permis d'aboutir aux revendications, les organisations de jeunesse n'existent pas vraiment au sein de l'espace politique et médiatique indépendamment les unes des autres, de par leur diversité, leur manque d'organisation et d'autonomie. La plupart d'entre elles portent toutes les marques de l'adolescence et parviennent difficilement à exister hors des mobilisations protestataires et à faire entendre leurs propositions.
Dans ce contexte, il convient de se demander quel est leur degré de représentativité, d'influence et d'autonomie, et de s'interroger sur ce qui les rassemble et ce qui peut les diviser.
[...] Car refonder la gauche, ce n'est pas seulement combattre l'injustice et la résignation, c'est transformer la colère sociale en espérance politique car si cette colère ne trouve pas de débouché politique dans le projet de la gauche, elle ira immanquablement renforcer les thèses des démagogues et des populistes. Voilà pourquoi avant d'être raisonnables nous voulons inventer. Voilà pourquoi avant d'être diplomates nous voulons revendiquer. Voilà pourquoi nous n'avons pas renoncés à transformer la société . Jeunes, engagés à gauche . Les conditions de vies futures de notre génération se jouent justement dans notre capacité à rénover et faire aboutir un nouveau projet politique à gauche. Les jeunes, méprisés ou ignorés, ont toujours été des victimes de choix de la politique de droite. [...]
[...] Mais si elle veut renaître, la gauche doit reconstruire un authentique projet de transformation sociale. Elle doit redécouvrir le parfum des utopies concrètes et retrouver une ambition politique. Changer notre rapport au travail . L'économie crée de plus en plus de richesses avec de moins en moins d'emplois. Ce phénomène est durable et tend à s'amplifier. Le retour à la croissance seul n'y changera pas grand chose. Paradoxalement, il faut prélever de plus en plus de cotisations sur de moins en moins de salariés pour redistribuer à un nombre croissant d'inactifs. [...]
[...] Le ministère de la Fonction publique estime à le taux de grévistes dans la fonction publique d'Etat, contre le 7 février. La mobilisation réussie pour les initiateurs du mouvement commence à prendre de l'ampleur, de même que la grève avec blocage. A partir de ce moment, le collectif des organisations de jeunesse lance un appel aux syndicats de salariés afin d'organiser une journée de grève interprofessionnelle. L'appel a été entendu, et une large intersyndicale de salariés et d'étudiants se créée, rassemblant la CFDT, la CGT, FO, la CFTC, la CGC, la FSU, l'UNSA, Solidaires, la Confédération étudiante, l'UNEF, l'UNL et la FIDL. [...]
[...] La défaite du PS lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2002 accéléra une certaine radicalisation des positions politiques et entraîna la rupture avec la tendance majoritaire au sein du PS. NG, par l'intermédiaire de Benoît Hamon participa à la 1 Cf le Manifeste de NG La FIDL est un syndicat lycéen crée en 1987, au lendemain de la mobilisation de la jeunesse contre le projet de loi Devaquet . Il a été crée par des militants de SOS Racisme, et de la Gauche Socialiste. [...]
[...] Cependant, après le 29 mai, l'organisation n'a pas su peser, les organisations politiques ayant repris le dessus. L'organisation, ayant bâti sa réussite sur le fait d'être non institutionnalisée n'a pas pu occuper un espace au sein du jeu politique traditionnel. Lors de la mobilisation contre le CPE, les organisations de jeunesse les plus structurées et hiérarchisées ont lancé le mouvement. Les groupes plus autonomes ne se sont installés qu'après la structuration du mouvement, au sein des collectifs locaux. Les organisations de jeunesse, qu'elles soient politiques syndicales ou associatives tenaient leur rôle en fonction de leur nature. [...]
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