Il est des lieux presque totalement identifiés, à tort ou à raison, à des populations. Qu'il s'agisse d'une classification par une classe sociale, par une appartenance ou une origine nationale, religieuse, il suffit de les nommer pour faire surgir un ensemble de représentation qui dessinent le profil sociologique, culturel et économique du quartier, comme si l'espace existait essentiellement par la composition démographique qui lui confère son identité. Le « triangle de Choisy » c'est ainsi que l'on désigne parfois le quartier chinois le plus connu de Paris, situé dans le XIIIème arrondissement, entre les avenues d'Ivry, de Choisy et le boulevard Masséna est un exemple de cette coïncidence entre un lieu et une population désignée par une nationalité d'origine. Ce quartier s'est formé à partir de 1975, avec l'arrivée massive de réfugiés en provenance des anciens pays de l'Indochine française : Vietnamiens, Laotiens et Cambodgiens. Auparavant occupé par les dépôts et ateliers des usines Panhard, ce quartier avait fait l'objet d'une vaste rénovation. Les réfugiés affluèrent dans les tours résidentielles, mises en location au début des années 1970 mais boudées par les Parisiens. Ces apports de population en font un quartier à la fois cosmopolite dans ses modes de vie et relativement bien intégrés dans la vie de la capitale. La notion géographique de diaspora nomme les communautés nationales migrantes en interaction entre elles et avec le pays d'origine. Cette définition met ainsi l'accent sur la territorialité particulière de cette forme d'organisation sociale qu'est la diaspora. Dans cette perspective, la diaspora renvoie à la « multipolarité » de la migration et à l'« interpolarité » des relations. Enfin, la diaspora se caractérise fondamentalement par l'existence de réseaux. De nos jours, la mondialisation de l'économie et celle des nouvelles technologies de l'informatique et de la communication (NTIC) sont grandement propices à la formation et à la consolidation des réseaux ainsi qu'à l'émergence de nouvelles formes de diasporas. Avant d'être un quartier « asiatique » ses caractéristiques premières sont d'être l'arrondissement le plus jeune de Paris et un lieu urbain en constante reconstruction depuis les années 1960.
Comment cette immigration chinoise arrivée en vagues successives durant le XXème siècle a modifié la vie économique et culturelle du XIIIème arrondissement, et par conséquent celle des Franciliens ?
Nous nous intéresserons donc tout d'abord, à la création du quartier chinois par l'arrivée massive d'immigrés asiatique, pour montrer ensuite, que cette diaspora s'est relativement bien intégrée à Paris tant au niveau économique que culturel.
[...] Les trafics occultes auraient envahi le 13ème. Les représentations qui ont le plus d'impact sur l'opinion française sont celles qui tournent autour de l'expression Chinatown »avec ses connotations mafieuses. Le vocable Chinatown évoque des images menaçantes : ghetto, drogues, racket, prostitution, jeux, tripots. La part la plus exacte est évidemment celle de l'emploi illégal de main d'œuvres et du non respect de la réglementation du travail. C'est une économie parfois bâtie sur un monde sans pitié, où quelques hommes de main, dans un réseau hiérarchisé, font régner un ordre cloisonné et secret. [...]
[...] Le directeur général de la société Tang Frères, Bounmy Rattanavan, évoque les problèmes et les malentendus qui, pourtant, se sont accumulés au moment de la création et du démarrage de la société : les difficultés d'installation par le problème de la maîtrise de la langue et celui de l'initiation aux formalités administratives compliquées et aux pesanteurs des règlements. L'installation des Asiatiques aurait contribué à la diminution de la délinquance et redonné un dynamisme économique au 13ème arrondissement, dont l'industrie et une partie de l'artisanat avaient disparu. L'engouement pour la restauration venue d'Asie est autant gastronomique qu'économique, celle-ci ayant rapidement diversifié la palette des goûts et des saveurs. [...]
[...] A l'heure actuelle, la présence en France de la diaspora Chinoise, dans un concept "d'appartenance culturelle", est évaluée à personnes en Ile-de-France et environ 30000 résidents asiatiques dans le XIIIème arrondissement. Depuis 1978 et l'ouverture de Deng Xiaoping, puis la libéralisation économique récente de la Chine populaire initiée par les nouveaux dirigeants chinois, de nouveaux migrants économiques arrivent toujours en Europe et en France en provenance de régions côtières du Sud-Est. D'après les chiffres officiels, un peu plus de 110000 réfugiés asiatiques se sont installés en France de 1975 à habitant la région parisienne, et près de 6000, soit moins de 30% de la population étrangère, dans le XIIIème arrondissement. [...]
[...] Taoïsme : Religion populaire de la Chine, amalgame du culte des esprits de la nature et des insectes, des doctrines de Lao-tseu et de croyances diverses. [...]
[...] Chez les Chinois du Sud-est asiatique, l'esprit d'entreprise est une tradition. La création d'entreprise chez les Chinois de France n'est pas un phénomène nouveau. Elle date du début de l'immigration chinoise, dès les premières années du XXe siècle. De 1900 à 1975, les Chinois ont principalement pratiqué six types de commerces : celui des objets chinois, dits chinoiseries la restauration, la pédicurie le commerce ambulant, la maroquinerie et l'ébénisterie. Ils ont exercé des métiers indépendants et vendu des produits requérant un savoir faire spécifique. [...]
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