Le lobbying a mauvaise presse en France. La victoire de la candidature londonienne pour les Jeux olympiques de 2012, aux dépens de la candidature parisienne, a ravivé les pires fantasmes sur la collusion, les accords occultes et l'influence excessive d'intérêts matériels. Ils renvoient à l'image d'un monde politique où les véritables décisions sont prises derrière les portes fermées et où, pour reprendre les mots du maire de Paris, « on franchit la ligne jaune ». Pourtant, la ville de Paris s'était assuré les services de l'agence de communication Weber-Shandwick qui propose, entre autres, des services d'affaires publiques et décrit ainsi ses activités : « aider à changer des agendas globaux, modifier les attitudes, forger des images et étendre l'influence d'organisations et d'idées » c'est-à-dire du lobbying. Cet exemple montre l'attitude paradoxale de la France vis-à-vis du lobbying considéré comme néfaste et attentatoire à la démocratie ; ainsi Florence AUTRET publiait en 2003 Les manipulateurs, le pouvoir des lobbies articulé autour des agissements de grandes entreprises. Néanmoins le lobbying touche tous les secteurs de la société, mais souffre d'une connotation négative qui masque une définition imprécise.
Terme commun au monde académique et au langage courant, la notion de lobbying désigne des situations très diverses, et la polysémie de l'expression est encore renforcée par l'utilisation de termes proches voire synonymes comme « groupe d'intérêt » ou « groupe de pression ». De manière générale, un groupe de pression (lobby) est défini comme une entité organisée qui cherche à influencer les pouvoirs publics et les processus politiques dans un sens favorable à ses intérêts sans pour autant participer à la compétition électorale, ce qui le distingue du parti. Le terme de lobbying est issu du mot anglais lobby qui désigne littéralement un couloir, un corridor ou une salle d'attente. Il prend un sens politique à la fin du 19e siècle, il est lié alors à une pratique courante qui consiste à intercepter les parlementaires dans les corridors de la Chambre des Communes pour les entretenir des décisions politiques en cours. Ce terme a été utilisé progressivement dans un sens plus large, pour désigner toute action d'influence visant les pouvoirs publics. Enfin, le terme de lobbyists qui désigne ceux qui font du lobbying s'applique aussi bien aux professionnels indépendants mandatés (consultants au sein de cabinets de lobbying) qu'aux professionnels salariés au sein de lobbies (entreprises, organisations professionnelles, associations, etc.).
[...] Cela rappelle la thèse de la main invisible d'Adam SMITH, qui démontrait que l'intérêt collectif se fait naturellement, puisque chaque individu cherche à employer son intérêt personnel, et ce faisant, il travaille pour tous, ce qui semble légitimer le lobby, et l'inscrire comme un vecteur positif dans une démocratie. - 22 - Mais l'on ne peut envisager l'influence des lobbies dans le champ politique et la vie publique sans étudier la thèse de MANDEVILLE. Ce médecin hollandais né en 1870 et immigré à Londres, est dans la lignée de HOBBES. [...]
[...] L'action de marins ayant occupé le château de Thierry DESMARETS, PDG de total, a engendré un procès qui leur a servi de tribune pour dénoncer la responsabilité de Total dans le naufrage de l'Erika et dans l'explosion de l'usine AZF. La justice, le cyberlobbying et les actions de blocage sont les moyens privilégiés des petits groupes de pression qui peuvent alors obtenir par les médias un fort retentissement de leurs actions. Cet aperçu du cas français met en lumière les nombreuses questions que posent le lobbying dont la principale concerne l'intérêt général, nous disposons de la vision française mais celle-ci est parcellaire dans les analyses des lobbies et de la démocratie dont quelques unes vont être présentées et qui trouvent des applications concrètes pour améliorer le fonctionnement démocratique. [...]
[...] D'après la polyarchie le pouvoir est pluraliste. Selon la nature des problèmes, des groupes divers détiennent la puissance Cela l'oppose à la thèse contractualiste, pour qui l'intérêt général renvoie à la volonté générale qui est strictement supérieure à la somme des intérêts particuliers. Le premier cas de figure est le cas de figure contemporain et plus particulièrement celui des Etats-Unis, et le second cas de figure est la situation du XVIIIe siècle, spécialement en France. Ainsi l'analyse de la polyarchie légitime le lobbying. [...]
[...] Il convient dorénavant d'analyser plus en profondeur la légitimité du lobbying une fois ces deux postulats énoncés. LE LOBBYING : UNE COMPOSANTE INCONTOURNABLE DE LA DEMOCRATIE L'analyse de James MADISON dans son ouvrage Une République représentative et étendue prévient le despotisme des factions explique que dans une démocratie il y a de façon incontournable une multitude d'intérêts divergents. Cela se caractérise par des factions qui sont des citoyens formant la majorité où la minorité, unis et dirigés par un sentiment commun de passion ou d'intérêt, contraire au droit des autres citoyens ou aux intérêts permanents et généraux de la communauté. [...]
[...] Ainsi la France change, les lobbies se développent mais se pose également un autre problème: celui de leur représentativité. Enfin l'attention sera portée sur les moyens utilisés par les lobbies qui mettent en lumière les risques que ceux-ci peuvent faire porter sur les institutions et la démocratie. Dans une deuxième partie, l'on analysera la légitimité du lobbying dans le cadre d'une République démocratique, puis l'on s'intéressera à la crise de la représentation dans la démocratie française et les dérives du lobbying. Ce qui nous amènera à envisager l'Europe comme source d'inspiration possible dans l'optique d'une réglementation. [...]
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