Phénomène historique et social, la Guerre est un processus par lequel une entité sociale va contraindre physiquement (par le biais de la force physique, militaire) ou symboliquement (par le biais de la force symbolique : économique, diplomatique etc…) une autre entité, afin de faire en sorte qu'elle serve – ou du moins ne contrevienne pas à – ses intérêts. Ainsi définie, la Guerre est un processus qui peut être mobilisé dans le cadre de la défense ou de l'accroissement d'intérêts multiples : politiques, économiques, territoriaux, religieux etc… De même, la guerre est un processus protéiforme qui va de la guerre physique : luttes armées ; à la guerre symbolique : luttes économiques, diplomatiques, financières, culturelles, sportives... La particularité de notre monde contemporain, c'est ce que c'est un monde moralisé (morale internationale) un monde ordonné (ordre international) et par conséquent, un monde qui tend à discréditer et fuir le « mode physique » d'affrontement pour privilégier celui symbolique. Dans ce mode symbolique d'affrontement, on note une certaine prévalence des luttes destinées à servir ou maintenir des intérêts économiques… « Guerre » et « Economie » sont par conséquent deux éléments qui semblent étroitement liés. Le but de notre étude est justement d'éprouver ce lien fascinant qui unit la « Guerre » à « l'Economie ». Auparavant, pour prouver l'existence du lien qui s'établit entre « le stratégique » et « l'économique », on peut partir d'un constat assez simple : la guerre produit des richesses. En effet, comme le soulignent DAGUZAN ET LOROT, l'influence directe de l'économie sur la guerre peut se classer en trois grandes catégories : « La guerre en tant que vol à main armée » : du chef d'état conquérant (Alexandre le Grand, Napoléon) aux puissances coloniales (Grande-Bretagne, France) en passant par l'état totalitaire (le Reich) ; la guerre et la conquête sont conçues comme un moyen important pour acquérir et accumuler des richesses. « La guerre pour le commerce » : Dans ce cas précis, un pays donné utilise ses forces armées pour ouvrir des marchés ou les conserver. « L'exploitation de la guerre : la reconstruction » : Dans ce dernier cas, la guerre ou l'usage de la force armée produit de la « valeur ajoutée » dans le mesure où elle s'efforce de proposer une aide à la reconstruction des zones détruites par la guerre (exemple des interventions des armées occidentales destinées à améliorer la situation en Ex- Yougoslavie, Bosnie, Kosovo…). La Guerre et l'Economie entretiennent une relation extrêmement complexe dans la mesure où elles sont tantôt « fin » tantôt « moyen » l'une de l'autre : Tantôt on utilise la Guerre à des fins économiques, tantôt on utilise l'Economie à des fins guerrières… Par ailleurs, l'Economie et la Guerre sont aussi toutes deux les moyens du Politique… On l'aura compris, tout ça est très complexe est c'est ce qui fait le nœud problématique de notre étude. Dès lors, la question qui s'impose est la suivante : Quels rapports entretiennent l'Economie et la Guerre ? Est-ce que la Guerre est toujours un bienfait pour l'économie ? Est-ce que « Guerre » et « Economie » peuvent toujours « marcher ensemble », « aller de paire » ? Est-ce que la guerre est un fardeau pour l'Economie ou lui permet au contraire de s'épanouir ? On s'efforcera tout d'abord de faire un « état des lieux » sur la question en brossant à grands traits un tableau des différentes approches théoriques jusqu'alors recensées (I). Puis, on poussera plus loin encore la réflexion conceptuelle et économique en s'interrogeant sur la possibilité de penser ensemble l'économie et la guerre (II).
[...] Cette idée- combattue d'ailleurs à juste titre par Krugman dans son article, a country is not a company a permis aux Etats-Unis de se doter d'un appareil administratif important pour agir sur les relations économiques et stratégiques. L'intelligence économique est encouragée et favorisée par l'établissement d'un cabinet de guerre ou war room destinée à mener à bien la guerre économique. Actuellement, de nombreuses théories contradictoires sont formulées sur le sujet est ce que la globalisation conduit nécessairement à la paix ? Dans son ouvrage, the end of the nation-state K. [...]
[...] L'URSS a appliqué l'arme économique à l'encontre des pays du bloc de l'Est qui ne suivaient pas le dogme imposé par Moscou comme la Yougoslavie, l'Albanie ou la Chine de Mao. Les nations unies ont également utilisé l'arme économique à l'encontre de la Rhodésie, de l'Afrique du Sud, de l'Irak ou de la Serbie. Ces mesures ont cependant obtenu des résultats mitigés. En effet si les mesures de l'URSS ont limité le développement industriel des pays cibles, elles n'ont pas réussi à déstabiliser les régimes en place et les a même plutôt renforcé. De plus, il ne faut pas négliger les coûts économiques et politiques, souvent élevés, de telles mesures. [...]
[...] Est-ce que la Guerre est toujours un bienfait pour l'économie ? Est-ce que Guerre et Economie peuvent toujours marcher ensemble aller de paire ? Est-ce que la guerre est un fardeau pour l'Economie ou lui permet au contraire de s'épanouir ? On s'efforcera tout d'abord de faire un état des lieux sur la question en brossant à grands traits un tableau des différentes approches théoriques jusqu'alors recensées Puis, on poussera plus loin encore la réflexion conceptuelle et économique en s'interrogeant sur la possibilité de penser ensemble l'économie et la guerre (II). [...]
[...] Cet avis ne semble pas partagé par tous les auteurs, il suffit de considérer l'avis de Christian Schmidt ou de Luttwak sur la question pour s'en convaincre ! 2 Economique et Stratégique : deux logiques différentes Efficacité militaire et efficacité économique : deux efficacités bien différentes. Dans De la Guerre Clausewitz introduit une réflexion sur l'économie des forces. L'économie des forces vise une gestion économique des troupes et l'efficacité militaire. Cependant peut-on affirmer qu'efficacité militaire et efficacité économique vont de paire ? [...]
[...] Le COCOM mis en place par le Pentagone de 1949 à 1994, qui contrôlait l'exportation de produits stratégiques, technologies de pointe militaires ou non, en direction de l'URSS, se serait révélé être très coûteux pour les Etats-Unis et aurait plus profité aux entreprises européennes qu'américaines Guerre et Economie : deux instruments différents du Politique. Aujourd'hui, de nombreux auteurs interprètent les relations économiques internationales sous l'angle stratégique, comme résultat du jeu complexe des rapports de force internationaux. Les relations économiques internationales comme l'aide extérieure, les flux de capitaux ou les négociations commerciales, constituent un instrument de pression politique. Dans International Economics T. Schelling souligne ainsi que la politique économique extérieure : protectionnisme, sanctions économiques ou autres, est avant tout au service des objectifs politiques d'une nation. [...]
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