A la fin des années quatre-vingt est apparu en Israël un groupe de chercheurs, que l'on a appelé les « Nouveaux historiens ». Ils ont proposé une Histoire de l'Etat d'Israël épurée de ses mythes, bien différente de l'Histoire officielle telle qu'elle était véhiculée par l'école, par les médias, par l'armée. Il s'agissait entre autres de soumettre une autre version des évènements de la guerre de 1948, de l'origine du problème des réfugiés palestiniens, etc.
L'émergence de ces thèses au-delà de la sphère académique a suscité de nombreux débats, provoquant ainsi la « controverse des historiens ». Il apparaît finalement que les Nouveaux historiens ont joué un certain rôle sur la scène israélienne au niveau des mentalités, mais leurs idées restent aujourd'hui encore marginales au sein de la société.
L'Histoire joue un rôle prépondérant dans chaque société. Elle forge les représentations communes, fournit la légitimité et le ciment du « vivre
ensemble ». Elle se transmet par l'enseignement, dès le plus jeune âge, mais aussi par les discours, les émissions de radio et de télévision, qui véhiculent toutes ces images de façon plus ou moins volontaire. Souvent, plusieurs histoires se confrontent et se superposent, mémoire collective et histoire officielle se trouvent parfois en concurrence.
Israël, par son histoire particulière et très récente, n'échappe pas à ces constats. Comme tous les autres récits nationalistes de l'histoire, la version sioniste était sélective, simpliste et orientée. D'autant plus que cet Etat et sa légitimation se sont bâtis précisément sur le lien historique à la terre de Palestine. Quand les pionniers sont arrivés sur cette terre, il a fallu mettre en valeur chaque lien, chaque preuve de l'attachement des Juifs à la Palestine.
L'objectif était aussi de susciter la compassion et le soutien des autres pays à l'égard de ce tout nouvel Etat. Bâtir une mémoire commune à des individus venant de pays différent, créer une histoire collective, à laquelle chacun pouvait se rattacher, n'a pas été chose facile. Les grands historiens des années cinquante s'y sont attelés avec brio. Les mythes fondateurs de l'Etat sont encore aujourd'hui véhiculés à travers de multiples vecteurs, et on les retrouve dans les manuels scolaires, les encyclopédies… C'est cette version officielle donnée de l'histoire du pays qui a conduit les Israéliens à voir en leur passé l'incarnation de l'équité et de la justice.
[...] Le gouvernement israélien était à cette époque plus préoccupé par la gestion de nombreux immigrés et les difficultés économiques, et l'armistice lui assurait une certaine stabilité. Quant à une résolution, du moins partielle du problème des réfugiés, Benny Morris comme d'autres prouve la mauvaise volonté d'Israël. En 1949 se tint la Conférence de Lausanne sous l'impulsion des Nations Unies. Pendant des mois, l'Organisation, épaulée par les Etats-Unis, ont poussé Tel-Aviv à accepter une concession : accepter le retour de à réfugiés. Les Etats arabes auraient été persuadés ensuite d'accepter le reste. [...]
[...] Il s'agissait ainsi pour lui d'un espace civil envahit par des troupes Les conséquences de cette appellation sont lourdes, puisque cela signifie que les motivations des combats étaient d'ordre idéologique de colonisation et de nettoyage (il fallait judaïser des zones entières), dont une des formes était les massacres (ces derniers ne seraient donc pas des exceptions), même si le chercheur précise que dans la plupart des cas il s'est seulement agit d'expulsions Ce sont les expulsions et non les massacres qui sont l'essence de la doctrine de purification ethnique Les massacres étaient MORRIS Benny. Victimes . op. cit. p230. Pour le résumé de la liste, voir VIDAL Dominique. [...]
[...] Il fallait donner une mémoire, des souvenirs, une histoire à un peuple, qui avait été éloigné pendant des siècles. C'est par cet objectif que les évènements de l'histoire juive ancienne ont été réinterprétés, pour donner une logique avec le présent. Glorifier ce passé, rendre évident le retour des Juifs après tant d'années, ont ainsi été effectués par les anciens historiens. Les anciens historiens ont donc été à la recherche des racines juives en Eretz-Israël. On a ainsi reconstruit ou réinventé des mythes pour étayer ces racines, comme l'épisode de Massada, l'épopée des Maccabées ou la révolte de Bar-Kochba. [...]
[...] Ce modèle provient de l'image idéalisée des Juifs du temps de l'Antiquité. Les Hébreux anciens formaient une nation fière, solidement ancrée dans la terre de ses pères. Ils en cultivaient le sol, en connaissait la nature, ils étaient prêts à se battre pour leur liberté et si nécessaire à mourir pour elle. C'est une belle image romantique, source d'inspiration pour les temps nouveaux, une image du pionnier-kibboutz-soldat-sans-peur-sans-reproches. La plupart des gens n'avaient jamais touché une arme, c'était des gens qui venaient des camps de concentration. [...]
[...] Les démons de la Nakbah Paris : La Fabrique Editions 122p. p Idem plutôt l'œuvre de revanches, mais pas de stratégies planifiées. La définition du terme de nettoyage ethnique est essentielle pour comprendre l'état d'esprit dans lequel l'armée a agi. Ilan Pappé cite notamment celle du Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme, qui fait le lien entre la volonté d'imposer une domination ethnique au sein d'un territoire mixte, et les actes d'expulsion et autres moyens violents. Ce terme a été utilisé pour qualifier les évènements lors de la guerre des Balkans dans les années quatre vingt-dix, comme l'expulsion des Musulmans de Croatie après les accords de Dayton en 1996.81 Mais la seule plongée dans les archives ne suffit pas d'après Ilan Pappé à comprendre cette notion de nettoyage ethnique, puisque dès le départ les autorités ont très tôt voulu dissimuler les preuves. [...]
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