Les cartes du conflit israélo-palestinien ont changé. Le président Bush s'est désormais rallié à la recherche d'une solution politique au conflit : en acceptant d'une part de publier la feuille de route du quartette et en reprenant à son compte l'objectif de deux Etats indépendants et sûrs dans des frontières reconnues. Les difficultés rencontrées par les troupes américaines en Irak (absence d'armes de destruction massive, difficile pacification des territoires…) jouent sans aucun doute un rôle majeur dans ce nouvel engagement à l'égard du processus de paix.
Si les européens demeurent profondément divisés sur la politique américaine à l'égard de l'Irak, leur position qui inspire désormais les principes énoncés par le quartette pour régler le conflit doit être l'occasion de reprendre l'initiative.
L'Union devrait ainsi s'engager davantage dans la feuille de route, dont le contenu et l'esprit sont d'autant plus équilibrés qu'elle fut négociée dans un cadre multilatéral à son initiative.
« L'heure de l'Europe est-elle (donc) enfin venue au Proche Orient ? ». Pour reprendre le titre d'un article paru dans le Monde du 28 février 2005 de monsieur Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'institut français des relations internationales, il est donc possible de s'interroger sur le fait de savoir si l'Europe va enfin prendre toute sa place dans la gestion du conflit israélo-palestinien mais aussi dans l'apaisement de l'ensemble de la zone.
L'histoire mouvementée de cette partie du monde recommande la plus grande prudence, mais il faut néanmoins reconnaître qu'au-delà de l'implication américaine consécutive à la deuxième guerre d'Irak, la conjonction de plusieurs facteurs et événements ouvre de nouvelles perspectives.
L'annonce en décembre 2003 par le premier ministre israélien d'un projet de désengagement unilatéral de la bande de Gaza, la disparition du président Arafat en novembre 2004 et l'élection le 9 janvier 2005 du nouveau président de l'autorité palestinienne, M Mahmoud Abbas, ont en effet ouvert une nouvelle page du processus de paix. La création d'un nouveau parti centriste (Kadima) ainsi que les élections à venir en Israël, comme l'intrusion du Hamas sur la scène politique à l'occasion des dernières élections côté palestinien, sont autant d'éléments qui alimentent cette nouvelle donne.
Le sommet de Charm El-Cheikh qui s'est tenu le 8 février 2005 sous l'égide de l'Egypte en présence de la Jordanie, pourrait en être une première illustration. Cette rencontre entre le président de l'Autorité Palestinienne et le premier ministre israélien a en effet marqué la reprise du dialogue israélo-palestinien au plus haut niveau.
La situation demeure néanmoins précaire, tant elle est suspendue au contexte politique intérieur israélien et palestinien, qui sont profondément instables notamment avec l'irruption du Hamas et la disparition de M. Sharon de la scène politique. L'engagement de la communauté internationale dans le processus de paix est donc indispensable pour parvenir à une solution viable, équitable et durable. Et si les Etats-Unis ont la puissance nécessaire pour peser sur les protagonistes du conflit, ils ne peuvent, en raison de leur proximité avec Israël, prétendre exercer à eux seuls la fonction d'arbitre entre les parties.
Dans ces conditions, quel rôle l'Union européenne peut-elle jouer dans cette nouvelle phase cruciale pour le règlement du conflit israélo-palestinien ?
Cette question se pose avec d'autant plus d'acuité que l'Union se trouve elle-même aujourd'hui confrontée à un véritable tournant de son histoire du fait de l'élargissement à dix nouveaux membres, de ses tentatives de réforme de son cadre institutionnel et des difficultés à consolider un projet commun.
Il ne s'agit pas ici de revendiquer pour l'Union un rôle uniquement en termes de puissance mais plutôt comme un auxiliaire incontournable du processus de paix. Cette implication se justifie car l'Europe est un partenaire privilégié naturel d'Israël et de la Palestine et parce qu'elle a un intérêt direct à voir la paix s'instaurer durablement entre ses deux peuples.
Cette zone constitue donc sans aucun doute l'enjeu de la diplomatie européenne et pour la juger objectivement, il convient de rappeler sa difficile genèse ainsi que les actions concrètes qui l'ont ponctuée (première partie).
Cette étude conduit à un bilan mitigé, reflet des hésitations d'une Europe politique incertaine, et amène à s'interroger sur le rôle possible à l'avenir de l'Union dans cette zone (deuxième partie).
[...] Les pays arabes pour leur part comptent utiliser ce dialogue pour obtenir des avancées politiques, notamment sur le dossier palestinien. Ces avancées auront lieu avec le Conseil européen de Venise des 12 et 13 juin 1980, qui fixe pour la première fois de manière claire la position européenne sur le conflit israélo-palestinien et fait part de l'attachement des neuf au dialogue euro arabe sur tous les plans et la nécessité d'en développer la dimension politique Par cette décision, la Communauté reconnaît le droit à l'existence et à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël, et de la justice pour tous les peuples, ce qui implique la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien. [...]
[...] Le soutien économique et financier : levier principal de la politique européenne 122. La recherche de solutions multilatérales au travers du quartette 123. L'assistance à la construction d'un Etat palestinien II. BILAN ET PERSPECTIVES DE LA POLITIQUE EUROPEENNE DANS LE CONFLIT 21. Bilan de ces vingt années de politique européenne 211. Avancées, réalisations 212. Limites 22. [...]
[...] L'Union s'est contentée de suivre une politique déclaratoire qui n'a pas eu de conséquences pratiques, selon les critiques. Un véritable fossé sépare la position de principe de l'Union européenne sur le conflit israélo- palestinien qui parait équilibrée et son action réelle. Ainsi, dés les années 1990, l'Union avait défini une vision très claire de la résolution du conflit fondée sur l'existence de deux Etats et une solution négociée et non unilatérale. Mais, en raison de l'escalade de la violence, elle a été incapable de soutenir cette approche politique audacieuse. [...]
[...] Ces projets conjoints n'ont pas conduit au rapprochement ou à la réconciliation entre les populations. Ils ont peut-être influencé les attitudes et le comportement des participants à titre individuel. Le problème fondamental est qu'un rapprochement authentique et une coopération réelle ne sont tout simplement pas possibles tant que subsistera le rapport occupants/occupés qui continue de dominer la vie quotidienne .2: La recherche de solutions multilatérales au travers du quartette Comme médiateur, l'Union européenne a concentré ses efforts sur la stabilisation régionale et la recherche de solutions multilatérales. [...]
[...] Et si les Etats- Unis ont la puissance nécessaire pour peser sur les protagonistes du conflit, ils ne peuvent, en raison de leur proximité avec Israël, prétendre exercer à eux seuls la fonction d'arbitre entre les parties. Dans ces conditions, quel rôle l'Union européenne peut-elle jouer dans cette nouvelle phase cruciale pour le règlement du conflit israélo- palestinien ? Cette question se pose avec d'autant plus d'acuité que l'Union se trouve elle-même aujourd'hui confrontée à un véritable tournant de son histoire du fait de l'élargissement à dix nouveaux membres, de ses tentatives de réforme de son cadre institutionnel et des difficultés à consolider un projet commun. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture